Mise à jour : 05/09/2011 16:23
- Auteur : Nelly Moussu
Une stratégie en matière de lutte informatique défensive a été
rendue publique en janvier 2011. En mai de la même année, une politique
interministérielle a été mise en place. Objectif : renforcer la
cyberdéfense française.
S’agissant de sa cyberdéfense, « en 2008, la France n’est ni bien préparée ni bien organisée ».
Tel est le constat du sénateur Romani, membre de la Commission des
Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, et auteur d’un
rapport intitulé Cyberdéfense, un nouvel enjeu de sécurité nationale. Depuis trois ans, le pays rattrape son retard. L’ Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, créée en 2009 et rattachée au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale,
assure aujourd’hui la mission d’autorité nationale en matière de
défense et de sécurité des systèmes d’information. Préparant le pays à
affronter les cyberattaques, elle a récemment publié une stratégie
française de cyberdéfense.
Une stratégie publique…
En cas d’attaque majeure contre la nation, « il y a nécessité d'une réaction immédiate et il ne faut pas de processus compliqué de concertation interministérielle »,
a souligné Francis Delon, le secrétaire général de la défense et de la
sécurité nationale, lors d’une conférence en février 2011. L’Anssi
homogénéise l’action des différents ministères, notamment à travers la stratégie de la France en
matière de défense et de sécurité des systèmes, publiée en janvier
2011. La stratégie consiste essentiellement à développer une capacité de
détection des cyberattaques et de créer un réseau de partenaires
permettant un partage d’information nécessaire pour anticiper les
vulnérabilités.
Plusieurs objectifs ont donc été définis. Le premier est de faire de la France « une puissance mondiale de cyberdéfense », coopérant avec ses alliés. Le deuxième est de « garantir la liberté de décision de la France par la protection de l’information de souveraineté ».
Une communication sûre entre les autorités gouvernementales doit être
garantie par des produits de sécurité maîtrisés (comme un chiffreur).
Développer ces produits implique d’investir dans la recherche afin de
suivre de A à Z leur réalisation.
La stratégie française prône également le renforcement de la cybersécurité des infrastructures vitales nationales, car « une
attaque réussie peut entraîner des conséquences humaines ou économiques
graves. Qu'il s'agisse des systèmes d'aiguillage des trains (…) ou du
pilotage des équipements médicaux dans les hôpitaux, les systèmes sont
de plus en plus informatisés », souligne Francis Delon.
Le dernier objectif est de sensibiliser les entreprises et les particuliers à l’ « hygiène informatique », c’est-à-dire aux bonnes pratiques (comme passer une clé USB dans une station dite « blanche » pour détecter les virus).
… et un plan d'action renforcé
En
mai 2011, le Gouvernement a également décidé de renforcer son action
pour la cybersécurité du pays. Cela implique notamment l’homogénéisation
des capacités de protection des systèmes d’information de chaque
ministère. Parmi les mesures prises, un « groupe d’intervention rapide
»doit être créé pour « traiter dans les meilleurs délais les attaques les plus graves » a annoncé le
premier ministre François Fillon. Il permettra de soutenir les
organismes publics et les opérateurs critiques (comme les sociétés de
transport ou les hôpitaux), « lorsque des indices laissent à penser
qu'ils ont été l'objet d'une attaque informatique susceptible de
présenter un danger pour la sécurité de leur activité, de menacer
l’intégrité de leur patrimoine informationnel, de déséquilibrer le
fonctionnement économique du pays ou de porter atteinte à la vie
quotidienne des Français ». Le renforcement de la cyberdéfense
passera également par la croissance de l’Anssi. D’ici fin 2012, l’agence
devrait atteindre un effectif de 290 personnes, et 360 en 2013.
La veille permanente
En cas d’attaques de grande ampleur, des mesures de sécurité des systèmes d’information ont été intégrées dans le plan Vigirate. Il met en place une posture permanente de sécurité pour
les systèmes d’informations, autrement dit une surveillance accrue des
réseaux. Un plan de réaction aux cyberattaques a également été élaboré.
Il s’agit du plan Piranet,
auquel participent tous les acteurs concernés par la cybersécurité. En
2010, la SGDSN et l’Anssi ont organisé un exercice pour tester ce plan
d’action et évaluer les répercussions d’une cyberattaque sur la société,
les entreprises et l’État.
La prise de conscience du Livre Blanc
« Dans
les 15 ans à venir, la multiplication des tentatives d’attaques menées
par des acteurs non étatiques, pirates informatiques, activistes ou
organisations criminelles, est une certitude ». La France a clairement exprimé dans le Livre blanc sur
la défense et la sécurité nationale, publié en juin 2008, des mesures à
prendre en matière de cyberdéfense. Par conséquent, « la France devra développer une capacité de lutte » dans
le cyberespace. Pour une stratégie de défense et de sécurité adaptée
aux menaces, le Livre blanc a décidé de créer l’Anssi pour « renforcer la cohérence et la capacité propre des moyens de l’Etat » en
matière de prévention, de détection et de réaction aux attaques
informatiques. Le Livre blanc a également prévu la création d’un centre
chargé de la surveillance permanente des réseaux sensibles et de la mise
en œuvre des mécanismes de défense adaptés. Il souhaitait enfin mettre
en place un réseau d’experts, avec une mission « de soutien en formation et en conseil aux administrations locales » et « de remontée des signaux précurseurs d’incidents ».
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