Le CAC 40 a perdu 5,25 %, jeudi, et deux des grandes banques françaises ont connu des chutes supérieures à 9 %
Les inquiétudes sur l'économie américaine et sur la santé des banques européennes ont fait plonger les marchés jeudi, sur fond de cacophonie des dirigeants de la planète sur les priorités à suivre, entre soutien à la croissance et réduction de la dette pour endiguer la crise en zone euro. Après une ouverture en nette baisse, les Bourses européennes accentuaient leurs pertes en milieu d'après-midi. La Bourse de Paris clôturait ainsi en cédant 5,25 %, Francfort 4,96 %, Londres 4,67 %, Milan 4,52 %, Lisbonne 5,22 % et Madrid 4,62 %. Peu après 18h00 GMT, le Dow Jones perdait plus de 4% à 10.666 points. Le S&P 500 perdait 4% après avoir un moment franchi à la baisse le seuil clé de 1.120 points et enfin le Nasdaq Composite reculait de 4%. .
L'euro était lui aussi affecté, tombant à son plus bas niveau depuis huit mois face au billet vert, et depuis dix ans face au yen, sous la barre de 1,34 dollar. Six pays membres du G20 (l'Australie, le Canada, la Corée du Sud, l'Indonésie, le Mexique et le Royaume-Uni) ont appelé la zone euro à agir "rapidement" contre la dette, dans une lettre commune de leurs dirigeants rendue publique par le gouvernement britannique. "Les gouvernements et les institutions de la zone euro doivent agir rapidement pour résoudre la crise de l'euro et toutes les économies européennes doivent affronter le problème de la dette pour empêcher une contagion à l'économie mondiale", mettent-ils en garde.
Pour les États-Unis, l'urgence, c'est la croissance
Mais pour le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, la lenteur de la croissance économique est un défi "plus grand" que celui de la dette. Le ministre, qui doit retrouver jeudi soir ses pairs du G20, le groupe des pays riches et émergents, pour un dîner de travail à Washington, a exprimé sa crainte que les États européens sacrifient la croissance au rééquilibrage de leurs comptes publics. Le ralentissement de l'économie "n'est pas une excuse pour cesser de mettre de l'ordre dans nos finances publiques", a estimé pour sa part le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, prenant le contrepied de Timothy Geithner.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff avait auparavant appelé les États-Unis et les pays de la zone euro à "donner des signes clairs de cohésion politique et de coordination macro-économique", dans une tribune dans le Financial Times. "Il n'y aura pas de retour à la confiance ou à la croissance sans une plus grande coordination dans le cadre du G20", a-t-elle déclaré. Le Brésil et ses partenaires du Brics (Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) doivent discuter à Washington des moyens pour eux de venir en aide à la zone euro.
G20 et FMI très attendus
Les places financières attendaient fébrilement les réunions du G20 et l'assemblée d'automne du Fonds monétaire international (FMI) à Washington. "Les principaux thèmes dominant les marchés aujourd'hui sont la faiblesse de l'économie américaine et la menace sur le secteur bancaire mondial", notamment français, italien et américain, a résumé Kathleen Brooks, analyste du site Forex.com. Les valeurs bancaires, notamment françaises, étaient les premières victimes de ce nouvel accès de fièvre, chutant lourdement : -9,57 % pour la Société générale à la fermeture, -3,88 % pour la BNP et -9,49% pour le Crédit agricole.
Les marchés n'ont pas été rassurés par les mesures de la Réserve fédérale des États-Unis mercredi et son pessimisme sur l'économie américaine, évoquant la "faiblesse persistante" du marché de l'emploi et des "risques importants", liés aux "tensions sur les marchés financiers mondiaux". Ils s'inquiètent également des risques dans la zone euro, où l'activité du secteur privé s'est contractée en septembre pour la première fois depuis plus de deux ans, faisant peser une menace de stagflation sur l'Allemagne et la France.
L'Italie toujours plus fragile
L'Italie a révisé en forte baisse ses prévisions de croissance, mais a assuré que le plan d'austérité adopté la semaine dernière devrait être suffisant pour atteindre l'équilibre budgétaire dès 2013. Sur le marché obligataire, les titres italiens affichaient un écart de taux record face aux titres allemands, valeurs refuges sur lesquelles les investisseurs se sont rués. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est ainsi tombé à un plus bas jamais observé de 1,665 %.
Le débat se poursuit en Europe sur la recapitalisation des banques, au lendemain de l'appel du FMI à utiliser le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour recapitaliser les banques le plus exposées à la crise de la dette. Le FMI estime les pertes potentielles du secteur à 200 milliards d'euros et le commissaire européen aux Services financiers Michel Barnier a estimé que 25 d'entre elles devront être décapitalisées. En Grèce, la grogne sociale gagne du terrain avec une grève générale des transports à Athènes face au nouveau train de mesures d'austérité du gouvernement grec pour 2011 et 2012.
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