Nous sommes à un point de basculement dans la politique (au sens vie de la cité) planétaire.
1. Tout est potentiellement proche en terme d’espace-temps.
Nous avons la capacité de nous déplacer partout dans le monde en quelques heures.
Nous sommes informés de tout type d’événement dans le monde en direct.
La durée du voyage de l’homme ou de l’information est réduite à néant.
2. Pour le moment, les Etats-nations dans les pays occidentaux (cf wikipedia pour la définition), se sont constitués d’un joyeux mélange entre :
- quelques annexions plus ou moins violentes du voisin
- l’acceptation de règles de vie commune. Et pour cause : les pauvres habitants ne pouvaient pas savoir que dans telle autre région, le quotidien était *différent*.
==> Résultat, les Etats-nations sont des ghettos vis-à-vis du monde extérieur. Ils tentent de protéger leur population en érigeant des murs juridiques plus ou moins applicables.
Dans chacun de ses Etats…-ghettos, les lois sont sensées protéger la partie de la population qui accepte ces lois. L’autre partie, qui ne l’accepte pas, on la met en prison dans les pays totalitaires, on la met dehors dans les pays dits civilisés.
Ce fonctionnement en cercle fermé ne fonctionne que s’il y a une parfaite acceptation des règles.
Et il se dérègle quand un groupe de personne, après avoir vu ce qui existait à l’extérieur, souhaite proposer de nouvelles règles de vie.
Aujourd’hui, de ce que je lis, observe, constate, beaucoup de personnes se sentent à l’étroit.
Ceux avec la meilleure fortune arrivent à s’échapper, et filent vivre en banlieue, à la montagne, à Barcelone ou à Hanoï – chacun sa folie.
Mais pour tous, la grande nouveauté offerte par le web est la possibilité de savoir ce qu’il y a de l’autre côté du mur, et de pouvoir s’organiser pour faire le mur.
Dans certains pays, comme Cuba ou la Chine, internet est risqué pour l’internaute.
Dans des pays comme la France, internet est risqué pour les dirigeants en place, puisque sa population accède instantanément à une alternative. Et qu’elle peut, elle aussi, faire le mur.
En France, les dirigeants – politiques ou économiques (cf hadopi) – votent des lois afin de se protéger. De fait, ils mettent des barrières là où l’internaute – de plus en plus averti – ne veut pas aller.
Internet est une technologie, un outil, un truc numérique. S’arrêter à cette définition est une erreur évitable. Grâce à sa technologie, internet modifie profondément notre rapport à… ce qui fait un Etat-Nation justement.
Qui est mon voisin ? Celui qui partage le même palier ou celui qui partage mes passions le week-end ?
Qui est mon collègue de travail ? Celui qui partage mon bureau ou celui qui, à l’autre bout de la planète, va m’aider à résoudre un problème via un forum ou un échange de mail ?
Qui sont mes potes ? Ceux avec lesquels j’ai partagé des moments top à la crèche ? A la maternelle ? A l’adolescence ? Ou ceux avec lesquels je partage là maintenant tout de suite des moments top ?
Quelles sont mes lois ? Celles que m’imposent une personne ou celles que je choisis ?
Comme dit Fabrice, Houston, on a un problème.
Admettons qu’internet soit une planète.
On s’y retrouve non pas en fonction de son lieu de naissance, mais en fonction des règles que l’on décide de suivre. Cela remet totalement en cause la notion de Nation définit par une frontière physique et une population de même race.
Il se dit que les activistes pro-web sont un peu barrés et qu’ils feraient mieux de s’impliquer dans des choses plus concrètes. Ce à quoi je leur réponds qu’internet est fondamentalement concret, car il impacte – ou va impacter – de manière durable notre vie dans la cité. Ne pas le voir, notamment quand on est à un poste de direction, c’est ne pas comprendre le changement fondamental en cours.
Pour le moment, on a tenté de reproduire sur internet des systèmes qui fonctionnent « dans la vraie vie ».
La prochaine étape, c’est l’arrivée de logique purement internet dans la vraie vie. La première d’entre elle pourrait être que le citoyen appliquera les règles auxquelles il adhère par choix et non par déterminisme géographique.
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