Chris Cowan, Natasha Todorovic, Fabien & Patricia Chabreuil interviewés par Jack Labanauskas (Traduction par Fabien Chabreuil)
[Note de l'éditeur : La conversation ci-dessous
s'est déroulée en plusieurs fois, sur une période
de quelques mois, au cours de plusieurs échanges entre Christopher
Cowan et Natasha Todorovic, auteurs et enseignants de Spiral Dynamics,
Fabien et Patricia Chabreuil, enseignants et coauteurs de plusieurs livres en français à propos
de l'Ennéagramme et d'un à propos de la Spirale Dynamique, et Jack Labanauskas.
Quand Fabien et Patricia ont appris Spiral Dynamics,
ils ont immédiatement perçu comment le système à la
fois différait de l'Ennéagramme et le complétait.
Pendant deux ans, ils ont vérifié les implications pratiques
de ce constat en observant et en interrogeant leurs étudiants,
et ils ont trouvé les résultats utiles et encourageants.]
Jack Labanauskas : Fabien et Patricia,
parlez-nous de vos recherches actuelles sur les liens entre l'Ennéagramme
et la Spirale Dynamique. En quoi est-il important de faire ce lien ?
Comment avez-vous découvert la Spirale Dynamique et pouvez-vous
présenter ce modèle à nos lecteurs ?Fabien Chabreuil : Il m'est arrivé une chose étrange. En 2002, au cours d'une formation, je me suis retrouvé assis à côté d'un participant nommé Michael. Après que nous nous sommes présentés, il m'a dit : "Ah ! Vous enseignez l'Ennéagramme. J'ai un peu étudié le modèle autrefois, mais il ne m'a jamais vraiment intéressé." Ça, c'est une surprise ! Comment peut-on ne pas être intéressé par l'Ennéagramme ? Aussi, lui ai-je demandé : "N'avez-vous pas réussi à trouver votre type ?" "Si, m'a-t-il répondu, je suis très clairement un 1. La colère et le perfectionnisme sont les moteurs de ma personnalité, mais je ne suis pas centré en BLEU."
Jack : Centré en BLEU ? Cela demande une explication.
Fabien : C'est aussi ce que j'ai pensé. En fait BLEU est issu du modèle appelé Spirale Dynamique (Spiral Dynamics). La Spirale Dynamique décrit aussi le fonctionnement de la personnalité humaine, mais là où l'Ennéagramme la considère comme fixe, un type pour la vie, la Spirale Dynamique la considère comme évoluant en une série de niveaux, plusieurs pouvant coexister à un moment donné.
Patricia Chabreuil : Nous sommes toujours attentifs aux gens qui n'apprécient pas l'Ennéagramme. Ils sont souvent l'occasion d'améliorer notre connaissance des profils ou notre pédagogie ; parfois ils permettent d'affiner le modèle et de le rendre plus précis. C'est ainsi que nous avons découvert le Modèle Unifié de l'Ennéagramme [EM novembre 1998] ou les contrepassions [EM octobre 2002].
Fabien : Ce qu'il y avait de nouveau avec Michael, c'est qu'il se reconnaissait dans le modèle de l'Ennéagramme tout en considérant que celui-ci ne le décrivait que de manière très imprécise. En gros, les mécanismes de base des types, passion et fixation notamment, étaient pertinents, mais la plupart de ce que les livres d'Ennéagramme disaient sur son fonctionnement lui semblait étranger.
Jack : C'est étonnant. Généralement, ce sont les mécanismes de base qui sont les plus difficiles à reconnaître. Accepter que sa vie est pilotée par sa passion et sa fixation est douloureux. Le reste coule de source.
Patricia : Vous avez raison. Michael fonctionnait à l'envers de ce que nous entendons le plus souvent. Il était suffisamment lucide pour se savoir dirigé par les mécanismes du 1. Ses doutes sur le modèle en étaient d'autant plus pertinents.
Fabien : C'est là que la Spirale Dynamique intervient, mais, comme le dit un proverbe français, il vaut mieux s'adresser au Bon Dieu qu'à ses saints. La Spirale Dynamique est la version popularisée d'un modèle élaboré par un chercheur américain nommé Clare W. Graves [Professeur Émérite, Union College, Schenectady, NY], puis simplifié et appliqué par Christopher Cowan et Don Edward Beck dont il fut le mentor. Christopher Cowan et Natasha Todorovic, qui est son associée et dont les propres apports sont passionnants, ont accepté de présenter eux-mêmes le modèle.
Jack : OK ! Alors qu'est-ce que la Spirale Dynamique ?
Christopher Cowan : En premier lieu, nous partageons avec l'Ennéagramme l'idée que les gens pensent différemment les uns des autres, que des gens appartenant à une même famille, une même entreprise, un même pays ont des modèles du monde totalement différents. Comme l'Ennéagramme aussi, la Spirale Dynamique met un peu d'ordre dans ce chaos apparent de la psyché humaine. Il fournit un cadre décrivant l'évolution de ces modèles du monde au sein des individus et des sociétés.
Natasha Todorovic : La principale différence est que la Spirale Dynamique ne définit pas un ensemble de types. C'est un processus dynamique qui se déploie et décrit comment les individus et les sociétés évoluent ou stagnent. Chacun de ces systèmes émerge si la personne a les capacités correspondantes et si ses conditions de vie le nécessitent. Clare W. Graves, le génie à l'origine des recherches et du modèle, disait qu'il s'agissait de systèmes bio-psycho-sociaux émergents.
Jack : Et concrètement, pouvez-vous nous décrire ces systèmes ?
Chris : Pour des raisons pédagogiques et de simplification, nous avons affecté à chaque système une couleur, là où à l'origine Clare W. Graves utilisait une paire de lettres. Le premier niveau est BEIGE. À l'âge de Pierre, BEIGE représentait le fin du fin du développement. Sa seule préoccupation est pourtant la satisfaction des besoins physiologiques instinctifs, comme la recherche de nourriture ou la reproduction.
Natasha : L'évolution des êtres humains est suivie rapidement d'une évolution correspondante des sociétés. Un nourrisson commence son existence par une période BEIGE. Plus tard, ces préoccupations existent toujours bien entendu, mais elles ne sont plus prioritaires dans l'existence, sauf problèmes graves. Par exemple, certaines maladies, comme celle d'Alzheimer, amènent des personnes à se comporter et à réagir au niveau BEIGE.
Jack : Il me semble que BEIGE correspond dans le modèle de l'Ennéagramme à ce que nous appelons l'instinct de conservation. Et après BEIGE ?
Chris : Après BEIGE, vient le monde VIOLET. La pensée est animiste. L'individu, bien qu'il n'y ait pas encore de sens réel du soi, se sacrifie aux désirs des anciens, aux ordres des ancêtres et des esprits. L'appartenance à une tribu est un moyen d'assurer sa sécurité dans un monde effrayant et rempli de pouvoirs mystérieux.
Natasha : Actuellement, c'est le monde de l'anthropologie et de l'enfance. Pourtant, les traces sont encore bien visibles aujourd'hui dans les superstitions, l'importance de la réciprocité dans les contacts, les rituels, l'importance des liens du sang. L'impact de ce niveau est bien souvent sous-estimé, notamment dans le contexte de la mondialisation et des relations internationales. Le niveau suivant…
Jack : Permettez-moi de vous interrompre. Quand et pourquoi passe-t-on d'un niveau à un autre ?
Chris : Chaque système émerge en fonction des conditions de vie auxquelles l'être humain est confronté. Il est activé pour résoudre les principaux problèmes que posent ces conditions de vie. Mais en conséquence, il les modifie. Certains de ces changements sont positifs. D'autres sont négatifs, créent de nouveaux problèmes et quand ceux-ci s'accumulent, le besoin d'un nouveau système se fait sentir.
Fabien : Ennéatype 7 oblige, j'aime bien expliquer cela par une métaphore. Vous êtes dans une pièce. Les conditions de vie sont telles qu'il fait froid. Vous introduisez un radiateur. Ce radiateur modifie comme prévu les conditions de vie en rendant la température plus agréable. Mais en même temps, il dessèche l'atmosphère et quelque temps plus tard, sans vraiment faire le lien, vous développez des allergies. Votre radiateur, qui devait résoudre tous vos problèmes, en a créé de nouveaux et sous l'effet du changement que vous croyiez positif, vos conditions de vie redeviennent exagérément inconfortables. Vous aspirez alors à une nouvelle modification. Vous provoquez alors un changement en prenant quotidiennement des antihistaminiques. Formidable, vous respirez à nouveau. Le problème semble enfin définitivement résolu. Pourtant, quelque temps plus tard, sous l'effet de la vague somnolence créée par ces médicaments, vous commettez nombre d'erreurs dans vos activités personnelles et professionnelles. Un nouveau changement s'impose. Etc.
Chris : Pour résumer, chaque niveau de la Spirale résout les problèmes posés par le niveau précédent et crée les problèmes que résoudra le niveau suivant.
Jack : Jusqu'à ce que… ?
Natasha : Le système n'a pas de fin. Aujourd'hui, huit niveaux ont émergé. Quand l'être humain aura pris conscience que le huitième niveau pose à son tour son lot de problèmes, comme le disait Graves, " il se mettra en route pour la quête du neuvième niveau. À chaque niveau de sa quête, il croit avoir trouvé la réponse aux problèmes de l'existence. Pourtant, à sa grande surprise, il est consterné de découvrir que la solution n'est pas celle qu'il avait trouvée. Chaque niveau le laisse déconcerté et perplexe. C'est tout simplement qu'à chaque fois qu'il a résolu un groupe de problèmes, il en trouve un nouveau à la place. Sa quête est sans fin." La Spirale Dynamique est un système ouvert, et n'envisage pas un état final de perfection.
Chris : Parmi les problèmes posés à chaque niveau, il y a la dialectique individu-collectivité. Un niveau privilégie l'expression du soi et le suivant au contraire sacrifie le soi aux besoins de la communauté. Trop d'individualisme pose des problèmes que l'être humain cherche à résoudre en s'intégrant dans un groupe. Au bout de quelque temps, cela crée une frustration et des difficultés, et le balancier repart dans un niveau individualiste.
Jack : Cela implique qu'après VIOLET, nous allons trouver un niveau privilégiant le soi ?
Chris : Exact ! Après chaque couleur froide où le soi est sacrifié, vient une couleur chaude où il est exprimé. La couleur qui suit VIOLET est ROUGE.
Natasha : ROUGE, c'est le monde de l'égocentrisme impulsif, du pouvoir et de la domination. La manière naturelle de faire face à un monde imprévisible où vous découvrez pour la première fois un sens du soi et où vous êtes submergé par des émotions est d'être le plus fort et le plus solide, et d'avoir la réputation de l'être. Ceux qui sont centrés dans ce système ne ressentent pas de culpabilité, parce qu'ils n'ont pas encore développé les circuits neuronaux correspondants. Ils ne pensent pas aux conséquences et n'ont pas de vision à long terme. C'est un système qui n'est pas sensible aux punitions et qui pourtant en est presque systématiquement l'objet dans notre société. Les punitions ne font que leur confirmer l'exactitude de leur modèle du monde.
Jack : Mais dites donc, dans le développement de l'être humain, cela ressemble étrangement aux "deux années terribles" !
Natasha : Je serais prudente à propos de la comparaison avec le développement de l'enfant, car il s'agit après tout d'un modèle décrivant le fonctionnement des adultes et non pas un développement chronologique. Cependant, globalement, vous avez raison. C'est cette période où l'enfant ne sait que dire non, période effectivement terrible pour les parents. Il y a aussi bien souvent le même problème aux alentours de la puberté. C'est un système très important pour comprendre les jeunes à risques et une part de la criminalité urbaine. ROUGE peut aussi être incroyablement créatif et penser en dehors du cadre. Quand ils pensent à ROUGE, beaucoup de gens l'associent à la violence. Mais la violence existe dans beaucoup de systèmes. Si nous utilisons bien le modèle, nous nous demandons quelles conditions ont conduit à la violence — pourquoi ? Si la violence était un acte impulsif et incontrôlable, alors elle pouvait venir de ce système ; mais si elle était étudiée et planifiée, alors elle pouvait tout aussi bien venir d'un autre système. Hélas, ROUGE est la réalité de la vie qui prévaut dans certains quartiers et dans certains pays. Le film Monster en est une excellente illustration.
Chris : Même si notre culture qui se veut civilisée a tendance à rejeter ROUGE, il est important de considérer que ce niveau, comme tous les autres, est une étape indispensable du développement humain. C'est avec ROUGE qu'apparaît réellement un sens du soi soutenu par une grande puissance à agir sans contraintes.
Jack : Que se passe-t-il quand cet égocentrisme devient excessif ?
Chris : Si les capacités nécessaires sont présentes, BLEU émerge.
Jack : D'un coup ?
Chris : Non, et c'est là un point important. Les travaux de Graves définissent des sous-systèmes entre deux niveaux. Le passage entre deux niveaux peut être vu comme une transition continue, mais pour que le modèle reste opérationnel, il est plus simple de parler de grandes étapes. Par exemple, ROUGE est suivi de ROUGE/bleu, puis de rouge/BLEU, avant d'arriver à BLEU proprement dit. Ces subtilités sont indispensables pour comprendre véritablement le système, mais certainement trop complexes pour une première approche comme celle d'aujourd'hui.
Natasha : Avec BLEU émergent la prise de conscience d'un temps linéaire, des préoccupations à propos de la mort, et en conséquence le besoin de donner un sens à la vie, et l'apparition de la culpabilité plutôt que seulement la honte qui était présente en ROUGE. Il y a une bonne manière, voulue par une Vérité Supérieure, de faire les choses, d'organiser le monde et la société. Cette Vérité Absolue transcendante punit et récompense. Un ordre social se crée auquel l'individu se soumet dans l'espoir d'une récompense future.
Jack : Peut-on dire que les religions chrétiennes ou le communisme sont en BLEU ?
Chris : Un niveau de la Spirale se manifeste rarement seul, mais plutôt en combinaisons. Mais vous avez raison, ces systèmes expriment fortement BLEU. C'est l'occasion peut-être d'introduire un autre aspect du modèle. Les différents niveaux décrivent des systèmes de valeurs. Mais nous faisons la distinction notamment entre les valeurs de surface et les valeurs cachées entre les idéaux affichés et les idéologies sous-jacentes. La Spirale Dynamique décrit des systèmes de valeurs cachées, plus ou moins inconscientes. Chacun de ces systèmes peut s'exprimer par une multitude de systèmes de valeurs de surface apparemment très différents. Ainsi deux systèmes antagonistes comme le catholicisme et le communisme peuvent appartenir au même niveau de la Spirale. Un même conteneur BLEU peut accueillir des contenus différents.
Fabien : Cela est un point commun supplémentaire entre la Spirale Dynamique et l'Ennéagramme. Un type de l'Ennéagramme consiste aussi en un ensemble de mécanismes plus ou moins inconscients, chacun d'entre eux pouvant s'incarner en une multitude de personnalités extrêmement différentes. Par exemple, le sens du beau est un axe de la vie des ennéatypes 4, mais j'en ai connu certains qui l'exprimaient en faisant du chant grégorien, et d'autres qui se consacraient à la carrosserie automobile. Ou bien nous savons que tous les ennéatypes 1 ont une vie dirigée par des valeurs morales, mais cela ne nous dit rien sur la nature desdites valeurs.
Jack : Je suppose qu'on a donc la même problématique que pour l'Ennéagramme. Se positionner sur un ou plusieurs niveaux de la Spirale n'est pas toujours évident et nécessite une introspection honnête et lucide.
Fabien : Vous avez raison. D'autant qu'un ensemble de valeurs de surface peut superficiellement ressembler à un des niveaux de la Spirale et pourtant correspondre en valeurs cachées à un autre niveau.
Jack : Vous auriez un exemple utilisant les niveaux que nous avons déjà abordés ?
Patricia : Le guru d'une secte peut avoir en surface un discours BLEU (sacrifions-nous aujourd'hui pour notre éveil spirituel futur), alors qu'en fait il ne cherche qu'à satisfaire immédiatement ses impulsions et obtenir pouvoir, gloire et fortune au détriment de ses disciples, ce qui est une expression de ROUGE et aussi sans doute d'autres niveaux que nous n'avons pas encore abordés. Bien évidemment, tous ne fonctionnent pas ainsi.
Jack : C'est clair. Donc après BLEU devrait revenir un système individualiste.
Natasha : Exact. Voici maintenant ORANGE, un niveau qui nous est familier puisqu'il domine actuellement la culture occidentale. En ORANGE, le monde est perçu comme plein de ressources et d'occasions d'atteindre le succès, d'obtenir des résultats, d'avoir de l'influence et d'atteindre l'autonomie. ORANGE recherche la productivité et prend des risques calculés. L'important est d'être un gagnant et de contrôler le changement.
Chris : On doit à ORANGE l'introduction de la rationalité, telle que nous la concevons depuis les philosophes des Lumières. Il y a plusieurs manières d'agir et d'être, mais une d'entre elles est meilleure et peut être trouvée par l'étude et la recherche. Par son fort individualisme, ORANGE apporte aussi, au moins sur le plan théorique, l'égalité des droits indépendamment de la race, de la culture ou du sexe… tant que vous êtes capable de fournir des résultats. ORANGE croit au progrès personnel et historique. De tous les niveaux identifiés à ce jour, ORANGE est de loin le plus matérialiste, et donc c'est dans ce domaine que son influence sur le monde a été la plus considérable, par exemple au niveau de notre confort quotidien, de l'agriculture, du transport, de la globalisation et de l'échange d'informations.
Jack : Individualisme et matérialisme, cela fait un monde un peu limité, non ?
Chris : C'est justement cette constatation qui provoque l'émergence du niveau suivant, VERT. En VERT, l'attention se porte vers ceux qui ont été exclus par ORANGE et aboutit à un retour du sens collectif. Il devient important de prendre en compte les besoins humains, d'appartenir à une ou des communautés, de vivre en harmonie et de rechercher le consensus.
Natasha : La pensée est relativiste et se focalise sur les gens, l'humain, les besoins environnementaux et l'interdépendance du vivant. Les idées sont étudiées dans leur contexte. Tous les membres du groupe sont écoutés, et leurs choix sont respectés, autant que cela est possible. Le fonctionnement devient plus intuitif. L'égalité et l'équilibre de la vie sont souvent des valeurs centrales. Une responsabilité collective sur le fonctionnement du monde commence à apparaître, ainsi que le doute et l'ambiguïté.
Jack : Il me semble que ce sont des valeurs qui jouent un rôle de plus en plus important.
Natasha : Oui, c'est actuellement le système émergent dans la culture occidentale et qui commence à avoir un impact non négligeable, notamment dans certaines parties des pays d'Europe du Nord : VERT est certainement plus présent au Danemark ou en Suède qu'aux États-Unis.
Chris : Bien que le plus souvent, VERT commence juste à apparaître, il existe deux autres systèmes, tous deux marginaux. On les trouve présents chez des individus, ou dans des petits groupes ou organisations, mais ils ne dominent encore la culture d'aucun pays. D'une certaine façon, ces deux systèmes semblent répéter les deux premiers systèmes de la Spirale, mais à un niveau plus élevé. Le premier, JAUNE, est caractérisé par une réduction notable de la compulsivité et de la peur qui étaient des moteurs des six premiers niveaux.
Jack : Pourriez-vous préciser ces peurs ? Il me semble qu'elles n'ont pas été mentionnées explicitement, et cela nous permettra de faire un bilan des six premiers niveaux.
Natasha : En BEIGE, la peur dominante est la peur naturelle et instinctive, comme la peur des bruits violents ou des hauteurs ; c'est un programme utile pour échapper aux tigres à dents de sabre et à toutes les créatures ayant des mâchoires et des crocs, et pour ne pas tomber d'une falaise. En VIOLET, les peurs dominantes sont celles des esprits diaboliques, des malédictions, de la colère des ancêtres et de la transgression des tabous. En ROUGE, la peur n'est pas reconnue, mais les personnes fortes sont respectées et la honte est redoutée. En BLEU, on peut avoir peur d'être victime de ROUGE, ou peur du chaos social. Des préoccupations concernant le péché et le mal, la mort et la punition deviennent prioritaires. ORANGE peut avoir peur de l'échec, de la ruine financière, de la dégradation de son image, de laisser passer des occasions ou de perdre le contrôle. VERT peut avoir peur d'être rejeté, de ne pas être aimé des autres, de perdre sa liberté ou d'être désapprouvé socialement pour avoir blessé les sentiments des autres.
Jack : Et donc après VERT, la peur n'existe plus ?
Natasha : Si bien sûr ! Mais elle n'est plus le mécanisme fondamental de réaction au monde. L'attention se focalise sur des problèmes d'existence, plutôt que de survie. On peut être concerné par la peur, mais ce n'est plus un élément-clé invalidant.
Patricia : C'est un peu comme en Ennéagramme. Tout ego peut ressentir et ressent à un moment ou à un autre de l'envie. Mais pour l'ennéatype 4, cette émotion est au cœur de son fonctionnement ; elle est structurelle alors que pour tous les autres ennéatypes, elle est circonstancielle et donc secondaire. De la même manière, la peur est structurelle dans les six premiers niveaux de la Spirale, alors qu'elle est circonstancielle après.
Jack : Vous aviez parlé de deux caractéristiques des niveaux de la deuxième boucle qui commence après VERT.
Chris : Précisons bien que puisque nous ne connaissons à ce jour que deux niveaux après VERT, la deuxième boucle, la répétition des six premiers systèmes, n'est qu'une hypothèse, fascinante certes, mais une hypothèse. Ceci dit, la deuxième caractéristique qui semble commune est que peu à peu se met en place une conscience globale de l'apport des différents niveaux de la Spirale, du besoin de connecter les forces intérieures et extérieures, d'accepter simultanément l'ordre et le chaos. Graves disait qu'il s'agissait d'utiliser mieux le cerveau déjà présent.
Jack : Comment cela se manifeste-t-il ?
Natasha : Vient un temps où l'individualité, sacrifiée en VERT, fait son retour. Les valeurs collectives gardent leur sens, mais le groupe n'est plus une fin en soi. JAUNE apparaît et est aussi un système relativiste et prenant en compte les situations et leur interdépendance. En JAUNE, l'individu considère que le monde est en danger et que le changement, ou l'absence de changement, ne peut pas être considéré comme la norme. En conséquence, le chaos et l'incertitude sont inévitables, et l'ambiguïté est une façon de vivre parfaitement acceptable.
Chris : JAUNE aborde ce monde avec une pensée systémique. Il note les interdépendances et accepte avec flexibilité les différences et les flux. Plus importante que l'idée d'intégration est celle de différenciation. Il n'y a pas de besoin ou de compulsion à terminer ; comprendre est la clé. Ceux qui sont dans ce système privilégient le fait d'être fonctionnel et n'aiment pas ce qui ne l'est pas. Souvent, JAUNE n'aime pas non plus l'autoritarisme et la compétition, et quand il y est confronté, il quitte la scène s'il ne peut pas les changer.
Jack : L'alternance individu-collectivité continue-t-elle après JAUNE ?
Natasha : Il semble que oui. Après JAUNE vient TURQUOISE. Mais JAUNE est déjà très rare. Sans doute pas plus d'un pour cent de la population mondiale accède régulièrement à ce niveau. TURQUOISE est encore plus difficile à trouver. Graves pensait avoir quelques cas, et nous-mêmes n'en avons rencontré aucun au cours de nos recherches. La description actuelle de TURQUOISE est donc très imprécise et devra être affinée et complétée au fur et à mesure de l'émergence de ce niveau.
Chris : Nous avons là l'exemple d'un domaine où la différence entre valeurs de surface et valeurs cachées est fondamentale. Ce besoin de préserver toute vie va bien au-delà du discours sur le bien commun parfois tenu en ORANGE, ou de la notion de communauté élargie fréquente en VERT, voire des connexions aux éléments présentes en VIOLET. Nous en avons déjà parlé, mais j'insiste car c'est un des points essentiels pour comprendre vraiment le modèle.
Jack : Un des points ? Vous pouvez nous donner les autres ?
Chris : Il importe de comprendre qu'il n'y a pas de niveau meilleur que d'autre. Un niveau est bon s'il permet à la personne d'être adaptée à ses conditions de vie. C'est tout. Il n'y a aucune raison de vouloir changer de niveau pour le plaisir de changer. Ceci est une vision du monde ORANGE, centrée sur l'idée de progrès, et qui entre volontiers en compétition pour être au plus haut niveau possible de la Spirale. Notamment, il est certain qu'on n'est pas plus intelligent quand on accède à un niveau ou à un autre.
Fabien : Oui, j'ai lu dans une revue une personne, dont nous tairons charitablement le nom, décrivant trois niveaux après TURQUOISE, niveaux qu'elle incarnait bien évidemment. J'ai même lu un texte qui parlait de troisième boucle !
Natasha : Nous voyons cela tout le temps et cela ne fait que montrer à l'évidence que ces personnes n'ont pas fait le travail et les recherches nécessaires pour arriver à une compréhension claire du modèle. Il est très facile de lancer à propos du modèle des affirmations grandioses non prouvées par des faits et des données, et c'est bien souvent l'indicateur d'une hypertrophie d'ORANGE chez l'émetteur ! Beaucoup de ces gens croient qu'ils ont pour mission d'aider les autres à progresser. Il n'y a pourtant aucune raison de vouloir forcer les autres à changer. Graves aimait à répéter : "Nom de Dieu, les gens ont le droit d'être ce qu'ils sont !"
Jack : Un autre point ?
Natasha : Nous avons aussi déjà mentionné que la Spirale Dynamique n'est pas une typologie. Personne n'est JAUNE ou BLEU. Une personne, à un moment donné de sa vie, dans un contexte donné, manifeste un ou plusieurs niveaux. Ce sont cette dynamique et cette complexité qui font la richesse du modèle de Graves : des systèmes à l'intérieur des personnes, plutôt que des types de personnalité.
Fabien : C'est important aussi de notre point de vue à Patricia et à moi. N'étant pas une typologie, la Spirale Dynamique n'est pas « en concurrence » avec l'Ennéagramme. Il ne s'agit donc pas de faire de pont entre les deux modèles visant au même objectif, mais de comprendre comment ils se complètent mutuellement et comment ils s'enrichissent l'un l'autre.
Jack : Effectivement en écoutant la description des différents niveaux, il y a des fois où il était difficile de ne pas penser à certains types de l'Ennéagramme. ROUGE et 8, ou ORANGE et 3 par exemple. Alors comment mettre tout cela ensemble ?
Fabien : Nous observons et interrogeons les gens autour de nous depuis près de deux ans pour voir si et comment les deux systèmes cohabitent. Les conclusions de cette étude montrent la validité de chaque modèle et en respectent les spécificités. Chaque matin quand nous nous réveillons, nous avons la conviction d'être la même personne que la veille au soir, et aussi la même qu'il y a dix ans, et aussi la même que dans notre enfance. Et pourtant, cela peut sembler paradoxal, nous avons aussi l'impression d'avoir profondément changé.
Patricia : L'Ennéagramme décrit avec une finesse extraordinaire la partie constante de notre personnalité. C'est l'ennéatype que nous incarnons du début à la fin de notre vie. Cela n'empêche pas l'Ennéagramme d'être un modèle dynamique et d'inclure dans sa description un certain nombre de changements par le développement des ailes ou les processus de désintégration et d'intégration. Ces derniers représentent une évolution psychospirituelle majeure, qui n'a rien à voir avec les changements cartographiés par la Spirale Dynamique.
Fabien : La Spirale Dynamique décrit avec autant de subtilité que l'Ennéagramme un autre aspect de la personnalité, l'adaptation aux conditions de vie, et l'intégration dans une structure sociale. Une compréhension plus complète de notre fonctionnement ou de celui des autres nous semble nécessiter l'utilisation conjointe des deux approches. Nos observations montrent que les deux systèmes peuvent être utilisés dans leur intégralité.
Patricia : Tous les types de l'Ennéagramme peuvent accéder à tous les niveaux de la Spirale…
Fabien : … et tous les niveaux de la Spirale peuvent être vécus par tous les ennéatypes !
Jack : Là, vous me faites le coup du "tout est dans tout et réciproquement" ?
Fabien : Oui. Toutes les combinaisons sont possibles, mais elles ne sont pas toutes égales. Introduisons le concept d'affinité entre un ennéatype et un niveau de la Spirale. Un ennéatype donné peut se sentir à l'aise dans un niveau, simplement parce qu'il lui permet d'exprimer facilement sa personnalité, ou au contraire s'y sentir mal parce que ce niveau ne correspond pas à son fonctionnement naturel.
Patricia : C'est un peu comme quand on voyage. Dans certains pays, on se sent tout de suite confortable, la culture nous semble familière. Dans d'autres, les gens nous semblent plus étrangers et il nous faut un temps d'adaptation plus long.
Fabien : Au cours de son existence, par le simple fait de grandir, un être humain va passer par différents niveaux de la Spirale. Certains niveaux peuvent être tellement naturels et confortables que la personne risque d'avoir du mal à en sortir et à passer au niveau suivant alors que pourtant l'évolution de ses conditions de vie l'exigerait. Sa personnalité, au sens de l'ennéatype, peut créer une rigidité lui empêchant de s'adapter au monde qui l'entoure, ou au moins freinant cette adaptation.
Jack : Vous pourriez nous donner des exemples ?
Fabien : Bien sûr. Voici un tableau qui résume comment chaque ennéatype peut se sentir dans son élément ou non pour chaque niveau de la Spirale :
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
VIOLET |
++
|
++
|
--
|
++
|
++
|
-
|
+
|
++
|
|
ROUGE | - |
--
|
++
|
+(x)
|
--
|
+(cp)/--
|
++
|
++
|
--
|
BLEU |
++
|
+ |
++
|
--
|
--
|
++
|
--
|
+
|
|
ORANGE |
+(s)
|
++
|
+(x)
|
++
|
-
|
++
|
++
|
-
|
|
VERT |
--
|
--
|
--
|
--
|
++
|
||||
JAUNE |
--
|
--
|
+(m)
|
+
|
++(s)
|
+(a)
|
|||
TURQUOISE |
La
description de ce système est imprécise et incomplète,
les échantillons étant trop faibles.
|
cp = contre-phobique - s = sous-type social - x = sous-type sexuel
a = mental comme centre de support - m = instinctif comme centre de support
© Fabien & Patricia Chabreuil, Paris, 2004, 2006
La discussion complète de ce tableau nécessite une connaissance
approfondie de la Spirale Dynamique. Cependant, nous pouvons voir rapidement
les aspects principaux pour chaque ennéatype.a = mental comme centre de support - m = instinctif comme centre de support
© Fabien & Patricia Chabreuil, Paris, 2004, 2006
Patricia : L'ennéatype 1 est particulièrement à l'aise en BLEU. L'existence d'une Vérité absolue et de règles précises définissant la bonne façon de faire lui convient, et l'attitude négative, voire punitive, face aux comportements considérés comme déviants correspondent facilement au fonctionnement d'un 1 égotique. Le sacrifice du soi impliqué par ce niveau lui est aisé. Insistons bien, cela ne signifie pas que tous les 1 sont centrés en BLEU. Cela signifie qu'accéder à ce niveau de la Spirale leur est facile, qu'il leur est plus difficile qu'à d'autres de s'en éloigner pour développer ORANGE, et qu'ils ont tendance à utiliser préférentiellement ce niveau, y compris dans des situations où il n'est pas le plus adapté.
Fabien : L'ennéatype 2 n'aime guère ROUGE, dont l'impulsivité et la propension à exploser l'effraient. Il pourrait se sentir confortable en VERT qui est sensible et prend plus en compte les autres, mais le niveau se veut beaucoup trop égalitariste pour lui. Le 2 fait partie des ennéatypes qui n'ont pas encore rencontré un monde qui leur paraît fait pour eux.
Patricia : Par son extraordinaire faculté d'adaptation et sa passion de mensonge, l'ennéatype 3 est capable de se sentir à l'aise dans beaucoup de niveaux. Mais ORANGE, compétitif, opportuniste et individualiste, constitue son terrain de prédilection. Cela a créé une grande confusion entre 3 et ORANGE ; nous y reviendrons, si vous le voulez bien. VERT, égalitariste, et JAUNE, fonctionnant sur la base de principes, lui conviennent nettement moins bien.
Fabien : Comme le 2, l'ennéatype 4 n'a pas encore trouvé le monde adapté à son ego. Sensible et soucieux de la prise en compte respectueuse des êtres humains, le 4 pourrait grandement apprécier VERT, mais le sacrifice de soi que ce niveau implique lui est source de malaise.
Patricia : Rationalité et progrès scientifique sont la marque d'ORANGE et conviennent parfaitement à l'ennéatype 5. Il apprécie aussi VIOLET qui cherche à comprendre le monde, et JAUNE qui l'aborde par le mental et par la collecte d'informations. Par contre, l'existence d'une Vérité absolue et incontestable en BLEU lui est difficilement tolérable.
Fabien : Quant à l'ennéatype 6, il peut se sentir à l'aise dans des structures sociales fortes et donc sécurisantes : VIOLET avec ses traditions, ses références à une autorité et son désir de trouver une explication au monde ; BLEU avec là aussi l'autorité, les règles et l'appartenance. Mais, les manifestations contre-phobiques peuvent l'amener à rejeter les mêmes systèmes.
Patricia : L'individualisme particulièrement développé de l'ennéatype 7, centré sur l'évitement de sa propre souffrance et la satisfaction de ses impulsions, le connecte profondément au niveau ROUGE. ORANGE est un niveau dans lequel il se sent très à l'aise, car il partage avec lui le désir de la réussite matérielle, le côté optimiste et orienté vers le progrès, le goût du changement et de la technologie. S'il réussit à discipliner son mental, JAUNE, curieux et orienté compréhension, peut jouer un rôle important.
Fabien : Est-il besoin de dire que ROUGE, privilégiant la force, refusant d'être dominé, aimant se battre pour avoir le pouvoir et le contrôle est la grande tentation de l'ennéatype 8 qui y satisfait son goût pour l'action ? Par contre VERT, par la recherche de consensus et le rythme que cela implique, peut lui paraître d'une mollesse insupportable.
Patricia : L'ennéatype 9, enfin, est horrifié par la violence impulsive de ROUGE. Il est sécurisé par le traditionalisme de VIOLET et, dans une moindre mesure, de BLEU, mais VERT, avec la recherche de consensus au sein de la communauté et l'objectif d'appartenance, est l'incarnation de ses valeurs principales… mais aussi de ses défauts potentiels, flou, imprécision, indécision.
Jack : On retrouve bien cette idée fondamentale en Ennéagramme que notre force la plus grande est aussi notre plus grande faiblesse. Parce que nous savons comment fonctionner dans un niveau, nous pouvons avoir tendance à nous y engluer. À l'inverse, nous pouvons passer à côté d'éléments intéressants dans des niveaux qui nous rebutent spontanément. Pour un thérapeute ou un coach, ce rapprochement doit permettre de comprendre des points obscurs du fonctionnement de leurs clients.
Fabien : Pas seulement eux ! Les parents peuvent mieux aider leurs enfants à grandir. À titre personnel, nous pouvons comprendre certaines réticences, certaines difficultés. De plus, le rapprochement permet de prévoir des difficultés d'adaptation à des cultures ou des entreprises. Par exemple, si vous embauchez un 7 dans un service centré en BLEU, vous risquez d'avoir des problèmes.
Jack : Est-ce que cette mise en perspective des deux modèles a aussi un impact sur chacun d'eux ?
Fabien : Oui. Je crois que l'affinité entre un ennéatype et un niveau de la Spirale peut parfois fausser nos descriptions des types.
Patricia : C'est l'un de nos dadas. Un ennéatype, c'est un centre préféré, une utilisation intérieure et/ou extérieure de ce centre, une orientation, une compulsion, un couple passion-vertu, un couple fixation-idée supérieure, un mécanisme de défense principal. À la limite, c'est tout, et nous pourrions décrire complètement l'Ennéagramme sur une page recto verso. Mais pour être plus précis, pour faciliter l'identification, pour rendre l'utilisation du modèle plus efficace, la communauté de l'Ennéagramme a écrit des dizaines de milliers de pages ! Pour ce faire, nous avons observé et interrogé des gens de tous les ennéatypes.
Fabien : Maintenant supposons que statistiquement, la plupart des ennéatypes 1 aient arrêté leur développement en BLEU, ou soient allés au-delà mais en gardant une hypertrophie du BLEU. Dans ce cas, nos descriptions de l'ennéatype 1 risquent de comprendre un mélange de caractéristiques relevant directement du 1, et de caractéristiques dues à BLEU et indépendantes du 1. Vous vous souvenez de Michael, que j'avais rencontré en stage et dont je vous parlais tout à l'heure ? C'est ce qu'il nous reprochait : "Je suis très clairement un 1. La colère et le perfectionnisme sont les moteurs de ma personnalité, mais je ne suis pas centré en BLEU."
Patricia : Par exemple, telle personne éminemment respectée dans le monde de l'Ennéagramme, et à juste titre, écrit : "Si vous êtes un 1, […] vous vous sentez en sécurité dans une entreprise qui donne des directives claires et définit une démarcation stricte des responsabilités." La même écrit : "Ils doivent connaître les règles et savoir comment les suivre pour accomplir leur tâche." Un autre définit le 1 comme "piloté par des règles".
Fabien : Non, ceci n'est pas du 1. Ceci est du 1-BLEU. Quand Michael lit ces phrases, il ne peut se reconnaître totalement dans le modèle de l'Ennéagramme. Il le trouve inconsistant, décrivant avec exactitude une partie de sa personnalité, mais totalement inexact pour d'autres.
Patricia : Et que dire de nos descriptions du 8 bien souvent un peu trop ROUGE ?
Fabien : Sans compter celles du 3. Notre culture occidentale étant dominée par ORANGE, les 3 qui recherchent le succès social s'adaptent à ce niveau de la Spirale. Nos descriptions du 3, en dehors du mécanisme de base, sont terriblement marquées par ORANGE. Cela a été longtemps une source de perplexité pour nous. Nous pouvions voir une personne comprendre clairement qu'elle n'était pas 3, et pourtant lui voir manifester tant de caractéristiques traditionnellement attachées au 3. En fait ce que nous prenions pour du 3 n'était que de l'ORANGE.
Jack : Que suggérez-vous ?
Fabien : Deux choses. La première, c'est d'être encore plus vigilant dans la séparation entre les mécanismes caractérisant le type et ceux qui en sont les conséquences pour une personne donnée. Par exemple, dans les caractéristiques fondamentales du 1, rien n'évoque les règles !
Patricia : La deuxième, c'est d'accueillir les minorités ! Même si la majorité des 1 ont un accès fort et fréquent au niveau BLEU, essayons de définir les combinaisons 1-VERT, 1-JAUNE, etc. Et cela pour les neuf types.
Jack : C'est un chantier immense !
Fabien : À qui le dites-vous ! Espérons que cet article dans EM donnera envie à nombre de vos lecteurs d'approfondir la Spirale Dynamique et de participer à ce travail. Ils peuvent bien évidemment nous contacter. Toutes les bonnes volontés sont bienvenues.
Jack : Bien évidemment, c'est aussi un moyen de rendre l'Ennéagramme encore plus interculturel.
Patricia : Bien sûr. Même s'il y a des passionnés de l'Ennéagramme dans le monde entier, la majorité d'entre eux vient des pays occidentaux. Cela peut se comprendre par des raisons économiques, mais peut-être aussi parce que nos descriptions des types ne prennent pas encore assez en compte les spécificités culturelles des autres pays. Un moyen de le faire est de mieux cartographier les différentes combinaisons entre les ennéatypes et les niveaux de la Spirale Dynamique.
Fabien : Rendre l'Ennéagramme plus spécifique pour le rendre plus universel.
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