VIDÉO - Face à l'avalanche de critiques sur le séminaire gouvernemental de rentrée, Hollande et Ayrault ont tenté de déminer.
Depuis que plusieurs contributions de ministres ont fuité dans la presse la semaine dernière, les critiques sont allées crescendo sur l'angélisme dont certains faisaient preuve. À tour de rôle, la droite, le FN, le PCF et le Medef ont raillé l'exercice. «Un séminaire d'une demi-journée, en entreprise, cela nous fait rigoler», a ironisé sur BFMTV Thibault Lanxade, responsable du pôle entrepreneuriat au Medef.
Même le président du MoDem François Bayrou, soutien affiché de François Hollande dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, y est allé de son couplet. «On rêve éveillé, c'est fait pour ceux qui aiment rêver, sans avoir d'ancrage dans la réalité.»
Un ancrage dans la réalité?
Cet ancrage dans la réalité, les participants ont tenté de l'avoir. Sur le «vivre-ensemble», le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a eu ce commentaire: «Nous ne pourrons pas faire l'économie d'une réflexion sur l'immigration, son rôle, son apport, sa place.» Et la ministre déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay, a réaffirmé la nécessité de se préoccuper de la «silver économie» et de la nécessité de réfléchir au rôle et à la place des âgés «si on ne veut pas arriver à une guerre entre générations». Tous les ministres ont pris la parole, à l'exception de trois dont la garde des Sceaux Christiane Taubira. «Sur les sujets à l'ordre du jour, elle n'avait pas de raison particulière d'intervenir», observait un ministre.Les attaques ont toutefois contraint l'exécutif à réagir. La polémique s'est même invitée dans la salle des fêtes de l'Élysée où se tenait le séminaire. François Hollande a minimisé les flèches de l'opposition. «Il y aura toujours des railleries», a lancé le président aux ministres. Puis, il a ajouté: «Pendant un an, on m'a dit que je n'avais pas de cap et maintenant on m'explique qu'il faut s'occuper du quotidien.» Le président semble bien décidé à s'occuper tant du «quotidien» que de l'avenir. Il a d'ailleurs rappelé que la rentrée du gouvernement «est placée autour de trois grandes questions: la préparation du budget (…), la réalité de la reprise économique (…), la sauvegarde de notre système de retraites par répartition».
«Cela ne sera pas un exercice en chambre»
Assis en face du président, Jean-Marc Ayrault y est aussi allé de sa petite phrase sur la manière de contrer les attaques. «Il nous a dit qu'il était très important de montrer que, cette perspective à dix ans, nous ne la découvrions pas», rapporte un participant. Dans la cour de l'Élysée, avant le déjeuner, le Premier ministre tentait encore de justifier l'exercice dans sa déclaration à la presse. «Certains pourraient dire: vous parlez de l'avenir mais vous ne parlez pas assez du présent. Mais si, mercredi prochain nous avons un Conseil des ministres», a-t-il plaidé en évoquant à son tour ce Conseil de rentrée qui «adoptera le calendrier parlementaire». «Cela ne sera pas un exercice en chambre, je vous le dis tout de suite», a-t-il encore promis en parlant de «cette stratégie» pour la France qui «a manqué dans la décennie qui vient de s'écouler». Visant autant Jacques Chirac que Nicolas Sarkozy, François Hollande a, lui, parlé d'une «décennie perdue» depuis 2002.Face à une opposition prête à en découdre et à la veille d'arbitrages difficiles sur le budget 2014 et les retraites, les membres de l'exécutif ont eu à cœur d'apparaître unis. Y compris Valls et Taubira dont les désaccords sur la réforme pénale s'étalent au grand jour. Sous l'œil des objectifs et des caméras, les deux ministres ont ostensiblement mis en scène leurs retrouvailles. Trop beau pour être vrai.
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