lundi 2 avril 2012

Sarkozy s'en prend à la CFDT

Dans un entretien accordé à l'Est Républicain, le Républicain Lorrain et Vosges Matin, le président-candidat Nicolas Sarkozy a critiqué des "permanents de la CFDT" qui ont "trahi la confiance des salariés" à Florange.

Interrogé par les trois quotidiens de la presse régionale sur "
la colère qui monte à Florange", Nicolas Sarkozy a répondu: "Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui j'ai obtenu 17 millions d'euros d'investissement et les permanents de la CGT ou de la CFDT". Nicolas Sarkozy détaille ensuite ces investissements : deux millions d'euros de travaux réalisés sur la phase liquide, 7 pour la cokerie, 8 millions pour l'usine de fabrication de produits pour l'automobile. Il affirme que "si ces travaux n'avaient pas été engagés, c'était la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas".

"Les salariés d'Arcelor, je ne laisserai pas tomber"


"Quant aux permanents de la CFDT" a-t-il ajouté, "ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m'insulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés d'Arcelor-Mittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l'intérêt des salariés".


Mi-mars, quelque 200 métallurgistes de l'aciérie de Florange étaient venus à Paris avec l'intention de se rendre devant le QG de campagne de Nicolas Sarkozy où un important dispositif policier avait été déployé. De brèves échauffourées avaient alors éclaté avec les forces de l'ordre.

STRASBOURG (Reuters)

Nicolas Sarkozy dénonce l'attitude de la CFDT d'ArcelorMittal à Florange (Moselle) qui, selon lui, "fait de la politique", au lieu de défendre les intérêts des salariés.

Le président sortant, qui doit tenir un meeting dans la soirée à Nancy dans le cadre de la campagne présidentielle, affirme avoir tenu ses promesses vis-à-vis de la sidérurgie dans une interview publiée lundi par trois journaux lorrains.

"Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m'insulter et essayer de casser mon siège de campagne", déclare-t-il.

Quelque 150 salariés de l'usine de Florange, menés par la CFDT -majoritaire à Florange- mais aussi par la CGT et Force ouvrière, étaient venus manifester le 15 mars à Paris devant le siège de campagne de Nicolas Sarkozy dont la police les avait délogés avec des gaz lacrymogènes.

"Ne confondons pas les salariés d'ArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l'intérêt des salariés", ajoute Nicolas Sarkozy.

Le chef de file de la CFDT à Florange, Edouard Martin, a dit sur RTL ne pas être étonné des propos du chef de l'Etat qui "plusieurs fois s'est fait fesser par M. Mittal".

"Ça ne m'étonne pas, depuis 2008, depuis l'épisode Gandrange, il est extrêmement vexé avec le dossier ArcelorMittal puisque plusieurs fois il s'est fait fesser par M. Mittal", a-t-il déclaré.

"OUI, ON FAIT DE LA POLITIQUE"

"A chaque fois, il nous a promis qu'il ferait des miracles et aujourd'hui, le miracle on l'attend encore", a-t-il ajouté, estimant que le président ne maîtrisait "absolument pas" le dossier.

"Si, pour lui, que des ouvriers essaient de défendre leur usine qui est menacée de fermeture c'est faire de la politique, alors là je lui réponds, 'oui, on fait de la politique'", a-t-il conclu.

Les syndicalistes de Florange, dont une vingtaine effectuent en ce moment une marche vers Paris qu'ils atteindront le 6 avril, veulent obtenir une décision de redémarrage de leurs hauts-fourneaux éteints depuis juillet 2011 pour l'un, octobre 2011 pour le second.

Le président de la République rappelle avoir "obtenu" 17 millions d'investissements pour le site, des sommes pour la plupart déjà prévues, selon les syndicats.

Interrogé sur ses promesses passées concernant l'usine ArcelorMittal voisine de Gandrange, qu'il s'était engagé à sauver en 2008, il assure que "tout a été respecté".

"Toutes les personnes ont été reclassées. Une école de formation a été créée", dit-il.

Venu sur le site le 4 avril 2008, Nicolas Sarkozy s'était engagé à faire "tout son possible" pour empêcher la fermeture de l'aciérie et du train à billettes. "Avec ou sans Mittal, l'Etat investira dans Gandrange", avait-il précisé.

Les installations avaient néanmoins fermé, ce qui avait entraîné la suppression de 575 des 1.100 postes de travail.

Gilbert Reilhac, édité par Sophie Louet


François Chérèque et Bernard Thibault réunis lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 6 novembre 2010.

François Chérèque et Bernard Thibault réunis lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 6 novembre 2010. | LP/MATTHIEU DE MARTIGNAC


Les «corps intermédiaires» sont en colère contre . Le -candidat accuse les , plus particulièrement la CGT, de «confisquer la parole des Français». Bernard Chérèque, patron de la CFDT, a donné de la voix vendredi, dénonçant une «manipulation de l'opinion.

Il prend, en revanche, ses distances avec le leader de la centrale, Bernard Thibault, qui a ouvertement pris position depuis plusieurs semaines contre le président sortant. Et a fait tirer un million d'exemplaires de tracts à destination des entreprises pour appeler à voter contre le chef de l'Etat le 22 avril. Ce dimanche, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a, elle, fustigé Thibault, qui perd à ses yeux toute «légitimité».

Un leitmotiv anti-CGT dans les derniers meetings de Sarkozy

Dans son premier meeting de campagne à Marseille le 19 février, Nicolas Sarkozy avait attaqué bille en tête : «Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes mais les corps intermédiaires qui n'aiment rien tant que l'immobilisme», avait-il déclaré. Depuis, la charge contre les syndicats est constante. La dernière vise «les permanents de la CGT» qui auraient, selon le candidat, «scandaleusement» empêché la diffusion d'«Ouest-France» pour avoir «commis un crime : prendre une interview que je leur ai donnée». «Honte sur les gens qui se comportent de cette nature», a-t-il lancé mardi devant les sympathisants et militants UMP à Nantes, réitérant ses accusations mercredi à Elancourt (Yvelines) et jeudi à Nîmes.

Assurant que la grève «n'avait rien à voir avec une volonté de boycotter» Nicolas Sarkozy, les élus CGT de «Ouest-France» se sont dits jeudi «scandalisés». Selon eux, le candidat UMP procède à une «récupération politique» pour «renforcer son discours anti-syndical».

Chérèque : «Le candidat de l'UMP a choisi de faire passer les syndicats dans le camp de l'opposition»

«Quand j'entends le président de la République qui tape sur les syndicats à bras raccourcis pour faire de la démagogie populiste, pour donner le sentiment que (ce sont ) les syndicats qui l'ont mis en difficulté, inévitablement, on voit bien que c'est un danger pour la démocratie sociale», a réagi François Chérèque vendredi sur BFM Business. Selon le secrétaire général de la CFDT, «le candidat de l'UMP a choisi de faire passer les syndicats dans le camp de l'opposition». «C'est une manipulation de l'opinion, c'est une démarche voulue, c'est dangereux pour la démocratie», estime-t-il.

La CFDT «ne s'engage pas de façon partisane pour faire battre tel ou tel candidat»

Au contraire de la CGT, qui a fait savoir par la voix de son président Bernard Thibault qu'elle ne souhaitait pas la reconduction de Nicolas Sarkozy, la CFDT «ne s'engage pas de façon partisane pour faire battre tel ou tel candidat», souligne encore François Chérèque. Prenant ses distances avec la CGT, le numéro un de la CFDT prévient : «Quel que soit le candidat élu, de droite ou de gauche, de toute façon il va falloir porter la voix des salariés»

La CGT, premier syndicat français, semble pourtant bien décidée à s'occuper de la présidentielle. Le 13 mars dernier, la direction de la centrale a ainsi adopté à l'unanimité le une déclaration appelant à un «changement de politique» et mettant en garde contre une réélection de Nicolas Sarkozy qui conduirait à de «nouveaux reculs sociaux». Elle vient aussi de tirer à un million d'exemplaires des tracts à destination des entreprises pour appeler à voter contre Nicolas Sarkozy le 22 avril.

«Pourquoi Sarkozy n'assume pas son compagnonnage avec la CGT ?»

En 2007, les rapports entre le président fraîchement élu et Bernard Thibault avaient cependant débuté sous de bons auspices, grâce notamment à l'entregent de Raymond Soubie, ex-conseiller de M. Sarkozy. Mais, la réforme des retraites de 2010, perçue par les syndicats comme un coup de force, a envenimé leurs relations. «L'agressivité» des rapports entre Nicolas Sarkozy et Bernard Thibault relève d'un «facteur psychologique, très personnalisé», estime Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. «Dans une difficulté il y a généralement des fautes des deux côtés», se borne à commenter François Chérèque.

Toutefois, l'attitude de Nicolas Sarkozy laisse le patron de la CFDT dubitatif. «Pourquoi il n'assume pas qu'il a eu besoin de la CGT, par exemple pour faire négocier la réforme des retraites chez les cheminots? Pourquoi il n'assume pas son compagnonnage régulier avec la CGT ? Pourquoi aujourd'hui il a honte de ce qu'il a fait ?», s'interroge-t-il. Et de souligner : «Moi, j'assume quand je me suis engagée sur une réforme des retraites avec Jean-Pierre Raffarin qui était un ministre de droite» en 2003.

LeParisien.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.