mardi 16 avril 2013

La magie grise des évangéliques

Nous connaissons  tous la magie noire, certains s’en moquent, ils ont tort. La magie blanche n’est d’ailleurs pas moins nuisible et néfaste que son pendant. Mais la magie grise, on n’en connaît pas trop le concept, ni les contours. Normal, je viens d’en inventer l’expression.
Permettez-moi en quelques lignes, de vous la présenter.
La magie grise est très répandue dans le monde évangélique. Comme tout ce qui est qualifié de gris, il s’agit d’une notion mutante, qui généralement ne dit pas son nom. Avant de la décrire, j’ai remarqué que de plus en plus, le christianisme aime l’enchantement, le magique, le mystérieux. En regardant dernièrement la nomination du Pape François, bon nombre de commentaires de journalistes présents place Saint-Pierre à Rome, faisaient allusion à cette dimension magique. Et il est vrai que le catholicisme a entretenu et entretient encore cet aspect des choses.
Chez nous, serait-ce un héritage de plus de ce bon vieux catholicisme romain ? Possible, en effet. La magie grise consiste à croire aux pouvoirs, que je qualifierai de magiques, du jeûne et de la prière par exemple, au détriment des règles établies par Jésus dans l’Évangile.
Je m’explique : on vit n’importe comment, on fait n’importe quoi, on parle mal des autres, on les juge, on les critique et les humilie… Les conflits sont entretenus, parfois alimentés par le mensonge et la jalousie, mais lorsque notre péché nous rattrape, on organise un jeûne et prière pour en sortir, et on passe à autre chose, comme par magie !
Ce serait presque drôle, si ce n’était pas aussi dramatique pour nous, pour l’Église et pour la société malade.
Comment alors régler nos problèmes ? Le jeûne et la prière par exemple, sont un excellent moyen de les régler, lorsque nous ne venons pas là pour forcer la main de Dieu à faire ce qu’il n’a absolument pas l’intention de faire. Lui veut, pendant ce moment de jeûne et prière, agir dans notre cœur pour nous amener à la prise de conscience de ce qui ne va pas et de ce qui doit être réglé, changé ! Au lieu de cela, on en profite pour en rajouter une couche, si vous voulez bien me passer l’expression, en priant et jeûnant contre les gens avec qui nous avons des conflits.
La magie grise, c’est croire que Dieu exauce la prière – ce qui est vrai, mais pas dans n’importe quelle condition, la grâce a ses limites évangéliques – sans jamais nous accorder avec notre prochain et tout en continuant à entretenir des conflits.
Nous faisons tous des erreurs, des fautes. Nous avons tous participé à des conversations indignes. Nous avons tous, plus ou moins, véhiculé des informations inexactes sur telle ou telle personne, qu’au fond nous n’aimions pas trop. Le pire dans ce registre, serait de ne jamais le reconnaître et de prétendre que c’est faux.  C’est dur d’assumer, lorsqu’on est pris la main dans le pot de confiture, mais c’est une démarche qui plaît à Dieu.
Dans de telles conditions, sans changement, nous en serons réduits à pratiquer la prière comme un acte de magie, sanctifié par des croyances «évangéliques» qui ne sont plus la foi Évangélique.
Oui, Dieu est bon, mais il n’est pas bête.
Oui, Dieu répond à la prière, mais pas dans n’importe quelles conditions.
Oui, Dieu est juste, mais il n’aime toujours pas nos injustices entretenues.
Oui, Dieu est grand et voilà pourquoi nous ne devrions pas chercher à tromper sa bonté, par des postures magiques  - la prière, les cris, les larmes, le jeûne etc. – qui ne l’impressionnent absolument pas. Lui, ce qui l’impressionne, c’est un cœur brisé, contrit et désireux de changer, de réparer, de se réconcilier.
Samuel Foucart

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