Nous connaissons tous la magie noire,
certains s’en moquent, ils ont tort. La magie blanche n’est d’ailleurs
pas moins nuisible et néfaste que son pendant. Mais la magie grise, on
n’en connaît pas trop le concept, ni les contours. Normal, je viens d’en
inventer l’expression.
Permettez-moi en quelques lignes, de vous la présenter.
La magie grise est très répandue dans le
monde évangélique. Comme tout ce qui est qualifié de gris, il s’agit
d’une notion mutante, qui généralement ne dit pas son nom. Avant de la
décrire, j’ai remarqué que de plus en plus, le christianisme aime
l’enchantement, le magique, le mystérieux. En regardant dernièrement la
nomination du Pape François, bon nombre de commentaires de journalistes
présents place Saint-Pierre à Rome, faisaient allusion à cette dimension
magique. Et il est vrai que le catholicisme a entretenu et entretient
encore cet aspect des choses.
Chez nous, serait-ce un héritage de plus
de ce bon vieux catholicisme romain ? Possible, en effet. La magie grise
consiste à croire aux pouvoirs, que je qualifierai de magiques, du
jeûne et de la prière par exemple, au détriment des règles établies par
Jésus dans l’Évangile.
Je m’explique : on vit n’importe comment,
on fait n’importe quoi, on parle mal des autres, on les juge, on les
critique et les humilie… Les conflits sont entretenus, parfois alimentés
par le mensonge et la jalousie, mais lorsque notre péché nous rattrape,
on organise un jeûne et prière pour en sortir, et on passe à autre
chose, comme par magie !
Ce serait presque drôle, si ce n’était pas aussi dramatique pour nous, pour l’Église et pour la société malade.
Comment alors régler nos problèmes ? Le
jeûne et la prière par exemple, sont un excellent moyen de les régler,
lorsque nous ne venons pas là pour forcer la main de Dieu à faire ce
qu’il n’a absolument pas l’intention de faire. Lui veut, pendant ce
moment de jeûne et prière, agir dans notre cœur pour nous amener à la
prise de conscience de ce qui ne va pas et de ce qui doit être réglé,
changé ! Au lieu de cela, on en profite pour en rajouter une couche, si
vous voulez bien me passer l’expression, en priant et jeûnant contre les
gens avec qui nous avons des conflits.
La magie grise, c’est croire que Dieu
exauce la prière – ce qui est vrai, mais pas dans n’importe quelle
condition, la grâce a ses limites évangéliques – sans jamais nous
accorder avec notre prochain et tout en continuant à entretenir des
conflits.
Nous faisons tous des erreurs, des
fautes. Nous avons tous participé à des conversations indignes. Nous
avons tous, plus ou moins, véhiculé des informations inexactes sur telle
ou telle personne, qu’au fond nous n’aimions pas trop. Le pire dans ce
registre, serait de ne jamais le reconnaître et de prétendre que c’est
faux. C’est dur d’assumer, lorsqu’on est pris la main dans le pot de
confiture, mais c’est une démarche qui plaît à Dieu.
Dans de telles conditions, sans
changement, nous en serons réduits à pratiquer la prière comme un acte
de magie, sanctifié par des croyances «évangéliques» qui ne sont plus la
foi Évangélique.
Oui, Dieu est bon, mais il n’est pas bête.
Oui, Dieu répond à la prière, mais pas dans n’importe quelles conditions.
Oui, Dieu est juste, mais il n’aime toujours pas nos injustices entretenues.
Oui, Dieu est grand et voilà pourquoi
nous ne devrions pas chercher à tromper sa bonté, par des postures
magiques - la prière, les cris, les larmes, le jeûne etc. – qui ne
l’impressionnent absolument pas. Lui, ce qui l’impressionne, c’est un
cœur brisé, contrit et désireux de changer, de réparer, de se
réconcilier.
Samuel Foucart
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