Selon une nouvelle analyse de 400 articles
scientifiques publiés, l’idée que la musique soigne pourrait être vraie.
Des psychologues canadiens de l’Université McGill (Québec) ont montré
que les avantages neurochimiques de la musique peuvent stimuler le
système immunitaire de l’organisme, réduire l’anxiété et aider à réguler
l’humeur. Le temps est venu, selon les chercheurs, à ce que les
médecins et les thérapeutes commencent à prendre les effets de la
musique un peu plus au sérieux.
La recherche publiée cette semaine (lien plus bas)
fut motivée par le nombre croissant d’études basées sur des preuves
portant sur l’intervention de la musique (par opposition à la
musicothérapie, qui est encore autre chose). Avant ce passage en revue,
personne n’avait vraiment pris le temps d’analyser ce que toutes les
nouvelles preuves suggéraient.
En effet, la musique est fréquemment utilisée à des
fins d’automédication; bon nombre d’entre nous écoutent de la musique
comme un moyen pour nous calmer ou nous donner un coup de pouce. Et nous
le faisons aussi souvent, sinon plus, que par le café ou l’alcool.
Par ailleurs, et comme Mona Lisa Chanda et Daniel
Levitin le font remarquer dans leur étude, la musique est utilisée dans
certains milieux cliniques pour promouvoir la santé et le bien-être, y
compris la gestion de la douleur, la relaxation, la psychothérapie et la
croissance personnelle. Mais ces efforts sont d’abord guidés par un
sentiment intuitif que la musique à un effet bénéfique; de nombreux
praticiens de santé ont simplement pris pour acquis que la musique aide.
Afin de corriger cela, Chanda et Levitin ont montré
qu’il y a beaucoup d’études qui relient la musique à des processus
neurochimiques spécifiques. Dans leur analyse, qui a étudié plus de 400
documents de recherche, ils ont cherché des modèles dont les preuves
scientifiques étayaient l’affirmation selon laquelle la musique pouvait
affecter de manière positive la chimie du cerveau .
Ils ont réussi à isoler quatre domaines dans lesquels la musique peut aider :
La motivation et le plaisir (pour aider dans les troubles alimentaires, par exemple)
Le stress et l’excitation (pour aider à réduire l’anxiété)
L’immunité (pour renforcer le système immunitaire de l’organisme et le ralentissement du déclin liés à l’âge)
L’appartenance sociale (pour aider à bâtir la confiance et la cohésion sociale)
Les chercheurs ont relié ces domaines avec les quatre principaux systèmes neurochimiques :
La dopamine et les opioïdes
Le cortisol (et les hormones apparentées)
La sérotonine (et les hormones apparentées)
L’ocytocine
Par exemple, les chercheurs ont découvert dans 15 études que le cortisol,
une hormone du stress, avait chuté après avoir écouté de la musique
relaxante. Il y a aussi une étude qui décrit comment les personnes âgées
peuvent inverser le déclin lié à l’âge en participant à un groupe de
cercle de tambours (des neurones semblent être activés en
synchronisation avec le tempo). Des études ont montré que le chant en
groupe libère l’ocytocine,
qui peut aider à favoriser le sentiment de connexion sociale. Encore
plus incroyable, une étude a démontré que les patients qui ont écouté de
la musique avant une chirurgie étaient moins anxieux que les personnes
qui ont pris des anxiolytiques comme le Valium, et sans le cout, ni les
effets secondaires. Les scientifiques pensent que la musique pourrait
stimuler la libération de peptides opioïdes endogènes dans le cerveau.
Les auteurs font également remarquer dans leur étude :
Bien que la preuve est souvent faible ou indirecte et que toutes les études souffrent de limitations importantes, les données examinées fournissent un support préliminaire pour affirmer que des changements neurochimiques arbitrent pour l’influence de la musique sur la santé.
La musique fait partie de ces choix de vie qui peuvent réduire le stress, protéger contre la maladie et gérer la douleur.
Pour ce qui est des prochaines étapes, Chanda et
Levitin ont l’espoir de voir la musique utilisée dans un certain nombre
de protocoles médicaux et de santé, y compris son utilisation comme
calmant avant une intervention chirurgicale, ou même pendant les
opérations, comme durant une intervention dentaire.
La promesse des traitements basés sur la musique,
c’est d’être non invasifs, de ne pas avoir d’effets secondaires (ou
minimes), et d’être peu couteux, pratique et tout à fait naturel, selon
les scientifiques. Voilà qui contraste avec les benzodiazépines
destinées à réduire l’anxiété préopératoire, qui sont connues pour
induire un certain nombre d’effets secondaires indésirables, comme
l’amnésie, l’agitation et l’hyperactivité.
Ils espèrent également voir davantage de recherches
reliant les bienfaits thérapeutiques de la musique à des réactions
neurochimiques dans le cerveau.
En outre, les chercheurs ont noté que la musique
lente et les mélodies douces ont tendance à être plus relaxantes que de
la musique plus rapide, et que le contrôle du patient sur le type de
musique est essentiel à la réussite.
L’étude au format PDF publiée dans The Trends in Cognitive Science : The neurochemistry of music.
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