lundi 13 mai 2013

Guerres

Avant 1000 av. J-C.

Mésopotamie

De 1000 à 500 av. J.-C.

Grèce

Méditerranée

  • Conflit entre Etrusques, Carthaginois et Phocéens et Bataille d'Alalia (vers 540-535 av. J-C)

Mésopotamie

De 500 av. J.-C. à l'an -1

Afrique

Asie

Grèce

Rome

Voir également grandes invasions (entraînant plusieurs campagnes militaires de 105 av. J.-C. avec l'invasion des Cimbres et des Teutons) jusqu'à 476 marquant la fin de l'Empire romain d'Occident). (article migrations germaniques).

De l'an 1 à 500

Rome

Voir également grandes invasions (entraînant plusieurs campagnes militaires de 105 av. J.-C. (l'invasion des Cimbres et des Teutons) jusqu'à 476 (fin de l'Empire romain d'Occident). (article migrations germaniques).

Asie

De 500 à 1000

Afrique

Asie

Europe

De 1000 à 1500

Asie

Europe

De 1500 à 1800

Afrique

Amérique

Asie

Europe

Monde

De 1800 à 1900

Afrique

Amérique

Asie

Europe

De 1900 à 2000

Afrique

Amérique

Asie

Europe

MONDE:

À partir de 2000

Afrique

Amérique

Asie

Europe


Articles connexes


Guerres napoléoniennes

Les guerres napoléoniennes sont la série de guerres qui eurent lieu en Europe lorsque Napoléon dirigeait la France.

Guerres napoléoniennes
La bataille d'Austerlitz
La bataille d'Austerlitz
Informations générales
Date 1803 - 1815
Lieu Europe, Océan Atlantique, Océan Indien
Issue Victoire des coalisés (abdication de Napoléon 1er)
Congrès de Vienne
Belligérants
Drapeau de l'Empire français Empire français
Flag of Denmark.svg Royaume du Danemark et de Norvège
Flag of the United Kingdom (3-5).svg Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Drapeau: Empire d'Autriche Empire d’Autriche
Flag of Russia.svg Empire russe
drapeau du Royaume de Prusse en 1803 Royaume de Prusse
Flag Portugal (1707).svg Royaume de Portugal
Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Flag of Sweden.svg Royaume de Suède
Flag of the Netherlands.svg Royaume des Pays-Bas
Tirol Dienstflagge (Variation).png Tyrol (en rébellion contre la Bavière)
Armes de Brunswick-Lunebourg Duché de Brunswick-Lunebourg
Drapeau du Brunswick Duché de Brunswick
Bandiera del Regno di Sicilia 4.svg Royaume de Sicile
Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg Royaume d'Espagne 2
Pavillon LouisXIV.svg Vendéens
Pavillon LouisXIV.svg Chouans
Commandants
Flag of France.svg
Napoléon Ier
Louis-Alexandre Berthier
Louis Nicolas Davout
Jean Lannes
André Masséna
Michel Ney
Nicolas Jean-de-Dieu Soult
Laurent de Gouvion-Saint-Cyr
Jean-Baptiste Bessières
Charles Augereau
Étienne Macdonald
Guillaume Brune
Jean-Baptiste Jourdan
Jean-Baptiste Bernadotte
Bon Adrien Jeannot de Moncey
Emmanuel de Grouchy
Édouard Mortier
François Joseph Lefebvre
Nicolas Charles Oudinot
François Christophe Kellermann
Catherine-Dominique de Pérignon
Louis Gabriel Suchet
Jean Mathieu Philibert Sérurier
Claude-Victor Perrin
Auguste de Marmont
Flag of the Kingdom of Naples (1811).svg
Joachim Murat
Flag of the Napoleonic Kingdom of Italy.svg
Eugène de Beauharnais
Flag of Poland.svg
Frédéric-Auguste Ier de Saxe
Józef Antoni Poniatowski
Flag of Bavaria (striped).svg
Maximilien Ier de Bavière
Flag of Denmark.svg
Christian VII de Danemark
Flag of the United Kingdom (3-5).svg
George III du Royaume-Uni
Arthur Wellesley de Wellington
Horatio Nelson
Flag of the Habsburg Monarchy.svg
François Ier d'Autriche
Charles Louis d'Autriche
Karl Philipp de Schwarzenberg
Jean-Baptiste d'Autriche
Flag of Russia.svg
Alexandre Ier de Russie
Mikhaïl Koutouzov
Michel Barclay de Tolly
Levin August von Bennigsen
Piotr Ivanovitch Bagration
Flag of Prussia (1803).gif
Frédéric-Guillaume III de Prusse
Gebhard Leberecht von Blücher
Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick
Frédéric Louis de Hohenlohe-Ingelfingen
Louis Ferdinand de Prusse
Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg
Francisco Javier Castaños
Miguel de Álava
Flag of Sweden.svg
Gustave IV Adolphe de Suède
Charles XIV Jean de Suède
Flag of the Netherlands.svg
Guillaume II des Pays-Bas
Frédéric d'Orange-Nassau
Forces en présence
Flag of France.svg
3 000 000 hommes

Flag of Poland.svg
100 000 hommes

Flag of the Napoleonic Kingdom of Italy.svg
100 000 hommes
Flag of the Habsburg Monarchy.svg
1 000 000 hommes

Flag of Russia.svg
2 300 000 hommes

Flag of Prussia (1803).gif
700 000 hommes

Flag of the United Kingdom (3-5).svg
747 670 hommes

Flag of Spain.svg
390 000 hommes
Pertes
Flag of France.svg
800 000 morts ou disparus

Flag of the Confederation of the Rhine.svg Flag of the Kingdom of Naples (1811).svg Flag of the Napoleonic Kingdom of Italy.svg Flag of Poland.svg Flag of Bavaria (striped).svg Flag of Denmark.svg:
200 000 morts ou disparus
Flag of the Habsburg Monarchy.svg
300 000 morts ou disparus

Flag of Russia.svg
289 000 morts ou disparus

Flag of Prussia (1803).gif
200 000 morts ou disparus

Flag of the United Kingdom (3-5).svg
311 806 morts ou disparus

Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg
300 000 morts ou disparus
Notes
1 000 000 de civils tués
2 500 000 à 3 500 000 morts au total plus de détails: Pertes humaines lors des guerres napoléoniennes
Guerres napoléoniennes
Batailles
Troisième Coalition

Quatrième Coalition

Cinquième Coalition

Guerre d'Espagne

Sixième Coalition

Septième Coalition


Elles sont en partie le prolongement des guerres engendrées par la Révolution française de 1789, et durèrent tout au long du Premier Empire. Il n’existe pas de consensus sur leur point de départ. Certains considèrent qu’elles commencent quand le général Bonaparte prend le pouvoir, en novembre 1799. D’autres prolongent les guerres de la Révolution française jusqu’en 1802, et estiment que la déclaration de guerre entre la France et le Royaume-Uni en 1803, après la courte période de paix qui suit le traité d'Amiens (1802), est le point de départ des guerres napoléoniennes. Elles s’achèvent le 20 novembre 1815, après la défaite de Napoléon à Waterloo et avec le second traité de Paris.
Ces guerres révolutionnent les armées européennes et notamment l’emploi de l’artillerie, ainsi que toute l’organisation militaire, à une échelle jamais vue auparavant, due principalement à l’introduction moderne de la conscription de masse. La France, sur l’élan des conquêtes révolutionnaires, voit sa puissance croître rapidement et étend sa domination au continent entier. La chute est plus rapide encore, de la désastreuse retraite de Russie à la bataille de Waterloo, jusqu’à ce que la dynastie des Bourbons soit restaurée en France. L’ensemble de tous ces conflits fit un total de morts compris entre 3,5 et 6.5 millions3.

Dénomination

On les appelle aussi les guerres de la Révolution et de l'Empire, si l'on considère qu'il s'agit essentiellement de la suite des guerres de défense de la Révolution française, attaquée par les monarchies européennes coalisées. En revanche, certaines prirent un caractère de guerre d'occupation et de conquête indéniable, telle que la Guerre d'Espagne.
Les Européens nomment parfois la période de guerres continuelles comprise entre le 20 avril 1792 (Déclaration de guerre de la France à l'Autriche) et le 20 novembre 1815 la Grande guerre française (avant la Première Guerre mondiale, on l’appelait la Grande guerre tout simplement).
Enfin, on considère parfois qu’elles forment la dernière partie de la Seconde Guerre de Cent Ans franco-britannique.

Guerre de la deuxième coalition

Après une première tentative d’écraser la Révolution française par une coalition (1792-1797) (qui regroupe l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, la Grande-Bretagne et plusieurs petits pays), coalition vaincue par la mobilisation générale française (levée en masse, réforme militaire de Lazare Carnot et guerre totale), la France victorieuse avait annexé la Rhénanie et les Pays-Bas espagnols. La conquête des Provinces-Unies (qui déclarent la guerre à la France en 1793) et leur transformation en République batave (19 janvier 1795, reconnue par le traité de la Haye quatre mois plus tard), avait précédé l’abandon de la Prusse, puis de l’Espagne, la même année. Enfin, la victorieuse campagne de Bonaparte en Italie (1796-97) détache tout d’abord le Piémont de la coalition, puis les États pontificaux, et enfin oblige l’Autriche à signer le traité de Campo-Formio.
La Grande-Bretagne, dernière puissance encore en guerre contre la France, finance une deuxième coalition avec l’Autriche, la Prusse, la Russie, le Portugal, le royaume de Naples, le pape et l’Empire ottoman. Le gouvernement corrompu et instable de la France (voir Directoire) ne peut ni faire face aux coups d’État, ni à la menace extérieure, privé de ministre comme Carnot ou de général comme Bonaparte, parti en Égypte. Les armées françaises sont battues, notamment par le général russe Souvorov.
Napoléon Bonaparte quitte l’Égypte, où il laisse la conduite de l’armée à Kléber, et prend le pouvoir par le coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799). La menace la plus pressante est alors la double offensive autrichienne en Allemagne et en Italie. Le premier Consul organise une armée dite « de réserve », avec laquelle il traverse les Alpes et remporte le 18 juin 1800 la bataille de Marengo, complétée le 3 décembre par la victoire de Moreau sur les Autrichiens à Hohenlinden. La paix est alors signée au traité de Lunéville et seule reste en guerre contre la France la Grande-Bretagne, dont la flotte est reine des mers, après une victoire contre une escadre franco-espagnole au cap Saint-Vincent, puis la destruction de la flotte française à Aboukir (1er août 1798). Elle menace les Antilles françaises, et ses fonds suffisent à unir les puissances continentales contre la France. De même, l’armée autrichienne, malgré les nombreuses défaites, continue d’être une menace.

La Paix d’Amiens

Le traité d'Amiens (1802) établit la paix entre la France et le Royaume-Uni (la Grande-Bretagne est unie en 1801 à l'Irlande pour devenir le Royaume-Uni), et met fin à la deuxième coalition. Cette paix n’est pas considérée comme durable, aucune des deux parties n’étant satisfaite. Le 18 mai 1803, les hostilités reprennent, mais l’objet du conflit passe du rétablissement de la monarchie en France à la lutte contre Bonaparte, qui se proclame empereur le 28 mai 1804 et se couronne le 2 décembre.

Guerre maritime

Celle-ci continue sans interruption : le Danemark et la Norvège, initialement neutres, s’enrichissent dans le commerce grâce à la guerre, et mettent sur pied une flotte. Après une démonstration de force (bombardement de Copenhague en 1801), la flotte britannique capture la plus grande partie de la flotte danoise lors de la seconde bataille de Copenhague (1807). Le Danemark sort alors de sa neutralité, et se livre à une guerre de course, où de petites canonnières n’hésitent pas à attaquer des navires britanniques bien plus grands. La Guerre des canonnières prend fin avec la victoire britannique à Lyngœr, où coule le dernier navire de guerre danois, une frégate.
Lors de la reprise des hostilités, en 1805, le Royaume-Uni s’assure la maîtrise des mers par son écrasante victoire sur la flotte franco-espagnole à Trafalgar (21 octobre 1805). Une expédition française en Irlande est facilement repoussée.
Les combats navals continuent cependant. Un affrontement naval aux Caraïbes a un effet direct et immédiat sur le cours de la guerre, puisqu’il pousse Napoléon à se tourner vers le continent. L’influence d’affrontements très éloignés les uns des autres est une caractéristique de ces guerres : des batailles livrées à des milliers de kilomètres influencent le résultat les unes des autres, au point où l’on peut qualifier les guerres napoléoniennes de guerre mondiale. Seule la guerre de Sept Ans a eu ce caractère de guerre mondiale auparavant.

Guerre de la troisième coalition

Article détaillé : Troisième Coalition.
Le 11 avril 1805, le Royaume-Uni et la Russie concluent un traité visant à expulser la France de Hollande et de Suisse. Après l’annexion de Genève et la proclamation de Napoléon comme roi d’Italie, l’Autriche rejoint la coalition. Le 9 août 1805, le royaume de Naples et la Suède rejoignent la troisième coalition formée contre la France.
Napoléon prépare au camp de Boulogne l’invasion des Îles britanniques, invasion qui demande la maîtrise de la Manche. Il élabore un plan compliqué pour éloigner la flotte britannique vers ses possessions des Indes occidentales. L’Autriche envahit la Bavière avec une armée de 70 000 hommes commandée par Mack. Napoléon repousse le débarquement à plus tard, et se tourne contre ses ennemis du continent. Fin juillet, la Grande Armée se rue en « sept torrents » sur l’Autriche. Au siège puis à la bataille d'Ulm (du 25 septembre au 20 octobre), Napoléon vainc Mack par une brillante manœuvre d’encerclement, le forçant à s’enfermer dans la ville puis à se rendre, sans que l’armée française ne subisse de pertes importantes. Avec l’armée autrichienne au nord des Alpes vaincue et, au sud des Alpes, l’armée sous le commandement de l’archiduc Charles qui affronte Masséna sans résultats concluants, Napoléon occupe Vienne. Mais l’amiral Villeneuve est défait à la bataille du Cap Finisterre et s’enferme à Cadix, avec la flotte franco-espagnole. Cette flotte est à nouveau vaincue à Trafalgar le 21 octobre, bataille décisive qui met fin aux projets d’invasion du Royaume-Uni. Napoléon se retourne alors contre l'Autriche.
Malgré des lignes de ravitaillement très allongées, Napoléon bat encore une armée austro-russe supérieure en nombre commandée par Mikhaïl Koutouzov, et les empereurs François II et Alexandre Ier de Russie à la bataille d'Austerlitz: le 2 décembre, Napoléon détruit l’armée combinée de l’Autriche et de la Russie dans ce qui est considéré comme sa plus grande victoire. Ses adversaires perdent plus de 25 000 hommes, contre moins de 7000 pour l’armée française. L’Autriche signe le traité de Presbourg : elle abandonne la coalition, qui est dissoute, et cède Venise au royaume d'Italie (dont Napoléon porte la couronne) et le Tyrol à la Bavière.
Le retrait de l’Autriche provoque une pause dans la guerre. L’armée napoléonienne compte un nombre de victoires impressionnant, mais l’armée russe est à peine entamée.

Guerre de la quatrième coalition

Article détaillé : Quatrième Coalition.
La quatrième coalition se forme quelques mois seulement après la disparition de la précédente. En juillet 1806, l’Empereur des Français crée la Confédération du Rhin, qui rassemble les petits États rhénans et d’Allemagne. Les plus petits sont intégrés aux Électorats, aux duchés ou aux royaumes plus grands, ce qui facilite le gouvernement de l’Allemagne non-prussienne. Les plus grands États sont la Bavière et la Saxe, érigées en royaumes par Napoléon.
La Prusse n'accepte pas que la suprématie française s’étende jusqu’à ses portes et le 9 août, le roi Frédéric-Guillaume III, poussé par le Royaume-Uni, décrète la mobilisation afin de faire la guerre seul à la France. La logique aurait voulu qu’il entre en guerre avec l’Autriche et la Russie l’année précédente, ce qui aurait pu contenir Napoléon et empêcher le désastre d’Austerlitz. Lors de l’entrée en guerre de Frédéric-Guillaume, l’armée russe se trouvait encore loin de la Prusse.
En septembre, Napoléon concentre son armée sur le Rhin, puis avance vers la Prusse avec environ 160 000 hommes (effectif de départ, augmentant au cours de la campagne). L’avance rapide de l’armée française est telle qu’elle permet d’annihiler l’armée prussienne, comptant 250 000 hommes. En effet, Napoléon et son maréchal Davout la mettent en déroute lors des batailles d’Iéna et d’Auerstadt le 14 octobre 1806. On compte 25 000 morts dans les rangs prussiens ; 150 000 soldats prussiens sont fait prisonniers ; 100 000 fusils et 4000 canons sont pris et amassés à Berlin.
Le 27, Napoléon fait son entrée à Berlin à la tête de la Grande Armée. Il visite le tombeau de Frédéric le Grand, et devant ses maréchaux qu’il fait se découvrir, prononce ces mots : « S’il était encore vivant, nous ne serions pas là aujourd’hui. » Au total, Napoléon a mis seulement 19 jours du commencement de son attaque sur la Prusse à son entrée à Berlin. En comparaison, la Prusse a lutté pendant trois ans durant la guerre de la première coalition. Après ces revers, la Prusse signe un armistice à Charlottenbourg.
À Berlin, Napoléon promulgue une série de décrets, entrés en vigueur le 1er novembre 1806, rendant effectif le Blocus continental, qui vise à éliminer la menace britannique par des moyens économiques, en interdisant tout commerce avec les Britanniques dans tous les pays sous influence française. L’armée britannique était trop réduite pour menacer la France (un maximum de 220 000 hommes au plus fort des guerres napoléoniennes), face à la Grande Armée qui dépasse à un moment le million d’hommes, en comptant les armées alliées et les gardes nationaux. La flotte britannique gêne par contre le commerce maritime français, mais ne peut rien contre le commerce français continental, et ne menace pas le territoire français. De même, la population et la production (industrielle, agricole) françaises étaient bien supérieures aux britanniques ; cependant, la domination maritime des Britanniques leur donne une puissance économique considérable, suffisante pour rendre impossible à la France toute paix solide, et pouvoir lever à tout moment une coalition contre elle. C’est également le Royaume-Uni qui équipe les armées coalisées. Les gouvernements français crurent qu’isoler le Royaume-Uni du continent diminuerait son influence économique. C’est la justification du Blocus continental.
La guerre conduit à la recréation d’un État polonais. Napoléon se dirige vers le nord pour affronter l’armée russe et tenter de prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse, Königsberg. Un mouvement tactique lors de la sanglante bataille d'Eylau (7 et 8 février 1807) contraint les Russes à une retraite. Après la prise de Dantzig, Napoléon remporte une victoire décisive à Friedland, le 14 juin. Cette défaite pousse le tsar à signer le traité de Tilsit, le 7 juillet. Fort des nouveaux territoires pris à la Prusse, Napoléon fait renaître la Pologne en créant le Grand-duché de Varsovie.
Au congrès d’Erfurt (1808), Napoléon et Alexandre Ier concluent un accord, selon lequel la Russie obligera la Suède à adhérer au Blocus continental. Cette promesse abouti à la guerre de Finlande, et à la division de la Suède en deux par le golfe de Botnie. La partie orientale est annexée par la Russie, et forme le Grand-duché de Finlande.

Guerre de la cinquième coalition

Articles détaillés : Cinquième Coalition et Guerre d'Espagne (Empire).

Guerre d'Espagne

Article détaillé : Guerre d’Espagne (Empire).
Le soulèvement populaire contre l’occupation française le 2 mai 1808 provoque une guerre en Espagne, qui aboutit en 1814 à l’expulsion d’Espagne du roi Joseph Bonaparte, remplacé par le roi Ferdinand VII, et à l’invasion du sud de la France.
L’armée française est battue à la bataille de Baylen. Napoléon se déplace alors, bat facilement les Hispano-Britanniques, et le corps expéditionnaire britannique quitte la péninsule. Une attaque autrichienne à revers surprend Napoléon à ce moment. Cela l’oblige à abandonner la péninsule ibérique, et explique qu’il n’y soit jamais revenu. En son absence, et comme il n’y envoie pas ses meilleurs officiers (Davout reste en permanence à l’Est), la situation change, notamment lorsque le général britannique Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, est nommé à la tête de l’armée britannique dans la péninsule.

La cinquième coalition

Elle est formée en 1809 par le Royaume-Uni et l’Autriche, alors que le premier luttait déjà contre la France dans la péninsule ibérique. Le Royaume-Uni s’était à nouveau retrouvé seul contre la France, en partie parce qu’il n’avait jamais engagé de forces importantes dans un conflit avec Napoléon, au contraire des puissances continentales. L’activité militaire britannique se réduit alors à de petites victoires dans les colonies françaises, et des victoires navales. À terre, elle tente seulement en 1809 la désastreuse expédition de Walcheren. L’affrontement se déplace sur le terrain économique : blocus continental contre blocus naval, que les deux ennemis respectifs tentent de renforcer : les Britanniques en combattant les États-Unis (Guerre de 1812) et les Français en guerroyant en Espagne. Le conflit dans la péninsule ibérique commence lorsque le Portugal continue de commercer avec le Royaume-Uni malgré les interdictions françaises. Lorsque les Français sont battus à Baylen, bataille qui démontre qu’une partie importante du peuple espagnol ne voulait pas maintenir son alliance avec la France, les troupes françaises doivent occuper progressivement le pays, entrent à nouveau dans Madrid, ce qui provoque l'intervention britannique.
L’Autriche, alors alliée de la France, entrevoit l’opportunité de retrouver son ancien Empire sur l’Allemagne, supprimé après Austerlitz. Elle remporte quelques succès contre les faibles forces de Davout. Napoléon lui avait laissé seulement 170 000 hommes pour défendre la frontière orientale de la France, alors que dans les années 1790, c’est une armée de 800 000 hommes qui défendait les frontières françaises, sur un front plus court. L’Autriche attaque également le Grand-duché de Varsovie, mais est vaincue à la bataille de Raszyn (19 avril 1809). L’armée polonaise conquiert la Galice occidentale.
Napoléon prend le commandement de l’armée et dirige la contre-attaque en Autriche. Une série de petites victoires précèdent l’énorme bataille d'Essling, première défaite tactique de Napoléon. Mais l’archiduc Charles, commandant en chef autrichien, commet l’erreur de ne pas poursuivre les troupes françaises, ce qui aurait consolidé son succès. En conséquence, Napoléon prépare le siège de Vienne, qui commence en juillet. Il vainc ensuite les Autrichiens à Wagram (5 juillet et 6 juillet 1809). C’est durant cette bataille que le maréchal Bernadotte est démis de son titre et ridiculisé par Napoléon devant l’état-major. La couronne de Suède est ensuite offerte à Bernadotte, qui l'accepte en trahissant ainsi Napoléon. Par la suite, l’armée suédoise combat l’ancien Empereur de Bernadotte.
La guerre de cinquième coalition s’achève par le traité de Schönbrunn, le 14 octobre 1809.
En 1810, l’Empire français atteint son extension maximale. Napoléon épouse Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, afin d’établir une alliance durable avec l’Autriche et d’avoir enfin un héritier, que sa première épouse, Joséphine de Beauharnais, n’avait pu lui donner. Outre l’Empire, Napoléon est roi d’Italie, médiateur (et dirigeant) de la Confédération helvétique, de la Confédération du Rhin, son ambassadeur à Varsovie dirige officieusement le Grand-duché. Ses alliés sont l’Espagne (Joseph Bonaparte), la Westphalie (Jérôme Bonaparte), le royaume de Naples (Joachim Murat), la Principauté de Lucques et Piombino (Félix Baciocchi, époux de sa sœur Élise), et ses anciens ennemis, la Prusse et l’Autriche.

Guerre de la sixième coalition

La sixième coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, auxquelles se joignent au fur et à mesure des difficultés françaises, la Suède, l’Autriche et la plupart des petits États allemands.

Campagne de Russie


Tombeaux de soldats français
Kozlowka zolnierze Napoleona2.jpg
Article détaillé : Campagne de Russie (1812).
En 1812, Napoléon envahit la Russie pour obliger le tsar à maintenir le Blocus continental et éloigner la menace d’une invasion de la Pologne par la Russie. La Grande Armée (650 000 hommes dont 270 000 Français) franchit le Niémen le 23 juin 1812. La Russie proclame la Grande guerre patriotique alors que Napoléon avait proclamé la seconde guerre polonaise. Mais, contrairement aux attentes des Polonais, qui fournissent presque 100 000 hommes, Napoléon évite de faire des concessions à la Pologne, les repoussant aux négociations avec la Russie. Soit volontairement, soit par crainte d’affronter sur le champ de bataille Napoléon, les Russes reculent et pratiquent la politique de la terre brûlée, jusqu’à la bataille de la Moskowa, le 7 septembre. Cette bataille sanglante force les Russes à se retirer, et Moscou est prise et mise à sac le 14 septembre. Alexandre Ier refuse de négocier, et Napoléon, sans espoir de victoire décisive, est forcé de faire retraite et d’abandonner Moscou, lorsque son gouverneur, le prince Rostopchine, l’incendie. Avec la Retraite de Russie, la Grande Armée perd 370 000 hommes (en comptant les pertes lors des batailles) et 200 000 soldats sont faits prisonniers. En novembre, seuls 90 000 hommes franchissent la Bérézina. Napoléon doit de plus abandonner son armée pour retourner à Paris, où le général Malet a tenté un coup d'État, et pour préparer la défense de la Pologne. La situation de l’Empereur n’est alors pas si critique qu’il y paraît. Les Russes avaient perdu 400 000 hommes, et leur armée était aussi épuisée. Mais leurs lignes de ravitaillement étaient plus courtes, et ils pouvaient renouveler leurs effectifs plus rapidement que la France.
Dans le même temps, en Espagne, la victoire des Hispano-Britanniques commandés par Wellesley à la bataille de Vitoria (21 juin 1813) met fin à l’occupation française de la péninsule, et l’armée française et Joseph Bonaparte repassent les Pyrénées.

Campagne d’Allemagne

Article détaillé : Campagne d'Allemagne (1813).
La Prusse voit une occasion dans ces historiques défaites de l’armée française, et rentre en guerre. Napoléon reconstitue une armée en renforçant ses troupes rescapées, qui passent de 30 000 à 130 000 hommes (et atteindront 400 000 hommes). Il cause des pertes élevées (40 000 morts) à ses adversaires à la bataille de Lützen (2 mai) et à celle de Bautzen (20 et 21 mai), sans remporter de victoire décisive. Plus de 250 000 hommes s’affrontent dans ces batailles, ce qui les place parmi les plus grandes batailles de l’histoire militaire.
Un armistice est signé le 4 juin, et la trêve dure jusqu'au 13 août. Chaque camp cherche à se renforcer, et les coalisés parviennent à convaincre l’Autriche d’affronter à nouveau Napoléon. Elle forme deux armées d’environ 800 000 hommes, plus une réserve stratégique de 350 000 hommes pour appuyer les opérations de frontière. De son côté, Napoléon réunit environ 650 000 hommes en Allemagne, dont seulement 250 000 sous ses ordres directs (120 000 commandés par Oudinot, et 30 000 par Davout). La Confédération du Rhin équipe le gros des forces restantes, la Saxe et la Bavière étant les principaux alliés. En Italie, le royaume de Naples de Murat et le Royaume d'Italie d’Eugène de Beauharnais ont une armée combinée d’environ 100 000 hommes. Enfin, entre 150 000 et 200 000 soldats font retraite d’Espagne, poursuivis par les troupes hispano-britanniques (environ 150 000 hommes). Au total, 900 000 soldats français sont opposés sur tous les fronts à environ un million de soldats coalisés (sans compter les réserves stratégiques). De plus, les soldats allemands des forces françaises sont peu fiables, et ont tendance à déserter pour rejoindre les troupes alliées. Il est donc raisonnable d’estimer que Napoléon ne pouvait compter que sur 450 000 hommes en Allemagne, et qu’il était donc soumis à un rapport de forces défavorables de deux contre un.
À la fin de la trêve, Napoléon reprend l’initiative et vainc à Dresde des forces alliées numériquement supérieures, leur infligeant de fortes pertes, et avec de faibles pertes de son côté. Toutefois, de mauvais jugements de ses maréchaux et un manque d’assurance dans le reste de l’offensive coûte à la France l’avantage acquis lors de cette bataille. À la bataille de Leipzig, dite Bataille des Nations (du 16 au 19 octobre 1813), 191 000 Français font face à 450 000 soldats alliés. Napoléon est battu, et contraint à faire retraite.

Campagne de France

Article détaillé : Campagne de France (1814).
C'est l'invasion de la France par une armée coalisée de 500 000 soldats. Les monarques coalisés veulent mettre fin à vingt ans de guerre, à la Révolution et abattre Napoléon, qu'ils appellent l’Usurpateur. Napoléon ne peut leur opposer qu'une petite armée de 70 000 hommes. Au sein de cette armée de la dernière chance, la Garde impériale, composée en partie de conscrits, défend avec héroïsme chaque pouce de terrain. « Triomphe de la volonté sur le nombre » (selon le maréchal Juin), la campagne de France est l’occasion pour Napoléon de montrer son génie, en réussissant avec cette armée réduite à battre successivement ses ennemis divisés, notamment lors des batailles de Champaubert, Montmirail, Mormant et Montereau. Malgré ces victoires, les Alliés signent le traité de Chaumont (9 mars), promettant de rester unis jusqu’à la défaite totale de Napoléon. 6 000 combattants français furent tués, blessés ou faits prisonniers au cours de cette dernière campagne, sans réussir à empêcher les Alliés d’entrer à Paris le 30 mars, livré par son gouverneur Marmont. Sans envisager la défaite, Napoléon avait calculé qu’il pouvait recevoir 900 000 hommes en renfort, entre nouvelles recrues et troupes en garnison en Allemagne, Belgique et Hollande. Ces plans ne purent se réaliser, ces renforts n’ayant pu être mobilisés à temps. Napoléon abdique le 6 avril à Fontainebleau, et le congrès de Vienne débute le 1er octobre.

Guerre de la septième coalition

Articles détaillés : Septième coalition et Cent-Jours.
La septième coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas et de nombreux États allemands contre la France.
Cette période connue sous le nom de Cent-Jours commence quand Napoléon s’échappe de l'île d’Elbe et débarque à Golfe Juan, le 1er mars 1815. Durant le Vol de l’Aigle, il emprunte d’abord ce qui est devenu la route Napoléon dans les Alpes, rallie à lui les troupes qu’on envoie pour l’arrêter, et arrive à Paris abandonné par Louis XVIII. Les Alliés le déclarent hors-la-loi, et rassemblent en hâte une armée. Napoléon dispose de 280 000 hommes divisés en plusieurs armées. Avant son retour, la France avait une armée de 90 000 hommes (une légion par département), auxquels il réunit 250 000 vétérans. Il promulgue un décret pour mobiliser 2,5 millions d’hommes.
Les alliés ont immédiatement 700 000 soldats disponibles, et prévoient de se renforcer à hauteur d’un million d’hommes, soutenus par 200 000 hommes de garnison dans les places fortes.
Napoléon conduit une armée de 124 000 hommes dans une attaque préventive en Belgique, afin d’attaquer les armées alliées avant qu’elles ne se rassemblent, en espérant repousser les Britanniques à la mer et forcer les Prussiens à se retirer de la coalition. Sa marche rapide lui donne l’effet de surprise voulu. Il force les Prussiens au combat à la bataille de Ligny (16 juin), où ils sont battus et se retirent en désordre. Le même jour, Ney arrête les troupes britanniques envoyées par Wellington pour soutenir Blücher, à la bataille de Quatre-Bras. Ney ne peut cependant pas dégager les positions françaises, et Wellington n’est forcé à la retraite que par le recul prussien. Il rassemble ses troupes sur une position qu’il avait reconnue préalablement au mont Saint-Jean, à quelques kilomètres de la ville de Waterloo. Napoléon porte alors ses réserves vers le nord, et rejoint Ney pour poursuivre Wellington, tout en demandant à Grouchy de garder sa droite et d’empêcher les Prussiens de se réorganiser. Il ne remplit pas cette mission, et bien qu’il batte von Thielman à la bataille de Wavre (18 et 19 juin), le gros de l’armée prussienne marche au son du canon de Waterloo.
Au début de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, Napoléon attend longtemps avant d’engager le combat, que le terrain soit séché par le soleil. À la fin de la journée, l’armée française n’a pas pu déloger les Britannico-Hanovriens de leurs positions. Quand les Prussiens arrivent et attaquent l’aile droite française, la stratégie de l’Empereur de maintenir divisés les coalisés se trouve mise en échec, et son armée doit faire retraite dans la confusion la plus totale. Après sa victoire à Wavre, Grouchy revient en ordre vers Paris, où Davout tient prête une armée de 117 000 hommes, pour faire face aux 116 000 Prusso-Britanniques. Même si militairement, Napoléon aurait pu envisager de continuer la lutte, sa chute est précipitée par une impossibilité politique de se maintenir au pouvoir.
Arrivé à Paris trois jours après Waterloo, Napoléon abdique une seconde fois le 22 juin 1815, et les Alliés l’exilent sur le rocher isolé de Sainte-Hélène.

Conséquences politiques

Les guerres napoléoniennes ont eu de grandes conséquences dans le monde entier, principalement en Europe :
  • Mort de plusieurs milliers de français ( Pertes humaines lors des guerres napoléoniennes )
  • La France n’est plus la puissance dominante en Europe, comme elle l’était sous Louis XIV ;
  • Dans de nombreux pays européens, l’importation des idéaux et des progrès de la Révolution française (démocratie, procès contradictoires et équitables, abolition des privilèges, de la torture, égalité devant la loi) laisse une empreinte durable. Même si les royaumes napoléoniens étaient autoritaires, ils l’étaient moins que ceux qui les avaient précédé (et même moins dur que le régime de la Terreur). Les monarques européens ont de grandes difficultés à restaurer l’absolutisme pré-révolutionnaire, et sont souvent obligés de maintenir certaines réformes introduites par l’occupation (comme le Code civil français napoléonien, resté en usage dans quelques régions très longtemps, ou ayant influencé de nombreux codes nationaux). De nombreuses institutions supprimées ne furent jamais recréées (Saint-Empire romain germanique), d’autres créées par Napoléon durent encore de nos jours ;
  • Un nouveau et puissant mouvement naît dans le sillage des armées napoléoniennes : le nationalisme. Il va s’imposer et changer le cours de l’histoire de l’Europe. Il est la force qui pousse à la naissance des nations européennes, et à la fin des Empires. La carte de l’Europe est complètement redessinée dans les cent ans qui suivent les guerres napoléoniennes, non plus selon les normes aristocratiques, mais culturelles et idéologiques, de l’indépendance de la Grèce (1830) à la Première Guerre mondiale ;
  • La guerre d’Espagne détruit complètement l’État espagnol, sa flotte et son armée, situation aggravée par la révolte des colonies américaines, influencées par les idéaux de la Révolution française et des États-Unis. En 1825, la quasi-totalité de l’empire colonial espagnol en Amérique est soit devenu indépendant, soit annexé par les États-Unis (Floride, Louisiane), le Royaume-Uni (Trinidad) ou Haïti (Saint-Domingue) ;
  • Le Royaume-Uni devient la puissance hégémonique mondiale au niveau commercial et maritime. L’occupation des Pays-Bas par la France lui permet d’occuper les colonies néerlandaises, et de conserver celles qui ont une valeur stratégique à la fin des guerres napoléoniennes (Ceylan, Malacca, Afrique du Sud, Guyana).
D’un autre côté, un nouveau concept d’Europe comme un ensemble uni émerge. Napoléon mentionne plusieurs fois de son vivant son intention de créer un État unique en Europe, et malgré sa destruction, l'internationalisme resurgit un siècle et demi plus tard, quand renaît une identité européenne après la Seconde Guerre mondiale.

Héritage militaire

Les guerres napoléoniennes bouleversent complètement les conceptions sur l’art de la guerre. Avant Napoléon, les États européens avaient des armées relativement petites, avec une forte proportion d’étrangers et de mercenaires combattant parfois leur pays d’origine pour une puissance étrangère. Les innovations militaires de la deuxième moitié du XVIIIe siècle préparent cependant le concept de nation en guerre.
Napoléon innove dans l’usage de la mobilité pour compenser son infériorité numérique, comme il en fait des démonstrations brillantes lors de la campagne d’Italie ou de la bataille d'Austerlitz. Le rôle de l’artillerie se retrouve considérablement accru lors de la bataille, qui forme désormais des unités mobiles et indépendantes, et plus seulement en appui des autres unités comme auparavant (changement préparé à la fin de l’Ancien Régime par plusieurs réformes). Napoléon standardise les calibres de canons, de façon à faciliter les approvisionnements et à assurer une meilleure compatibilité entre les pièces. Il sait aussi se servir de la science, notamment dans l’amélioration de l’intendance des armées. Surtout, la conduite de la guerre est changée : le but recherché est la destruction des armées adverses (et donc de lui infliger des pertes maximales pendant et après la bataille, par une poursuite de cavalerie légère).
Avec la quatrième plus importante population du monde à la fin du XVIIIe siècle (27 millions d’habitants, contre douze millions de Britanniques et 35 à 40 millions de Russes), la France est bien placée pour pratiquer la levée en masse. La Révolution française et Napoléon ont bien retenu le concept des guerres commerciales et dynastiques du siècle précédent (qu’ils n’ont pas inventé), et les ont appliqués à grande échelle.
Tout le mérite ne revient pas non plus à Napoléon. Ce génie a eu à sa disposition une armée façonnée par Lazare Carnot qui joue un rôle fondamental dans sa réorganisation en 1793-1794, lorsque le sort de la France se jouait, avec des armées devant faire face sur tous les fronts.
L’augmentation de la taille des armées donne également une indication sur le changement dans la façon de faire la guerre. Lors de la guerre de Sept Ans, dernière guerre importante en Europe avant la Révolution française, peu d’armées dépassaient les 200 000 hommes. Dans les années 1790, l’armée française atteint les 1,5 million de conscrits. Au total, durant ces vingt-trois années de guerre, près de 2,8 millions de Français servirent dans l’armée de terre, et près de 150 000 sur mer.
Le Royaume-Uni mobilise 750 000 hommes de 1792 à 1815, dont un tiers dans la Royal Navy. Il est plus difficile de faire le compte des autres armées, mais en 1812 la Russie compte 900 000 hommes dans son armée de terre, donc avait plus d’un million d’hommes mobilisés. Les forces autrichiennes atteignent 576 000 hommes au maximum ; l’Autriche étant l’ennemi le plus persistant de la France, il est raisonnable de penser que plus d’un million d’Autrichiens servirent dans l’armée durant cette période. La Prusse et le Royaume-Uni eurent jusqu’à 320 000 sous les armes, l’Espagne environ 300 000. L’Empire ottoman, le royaume d’Italie, le royaume de Naples et le grand-duché de Varsovie mobilisent eux aussi plus de 100 000 hommes (à l’époque, les États-Unis ont 286 000 hommes sous les drapeaux). Comme on peut le voir, même de petites nations ont eu des armées rivalisant avec celles des grandes puissances des guerres précédentes.
Plusieurs historiens voient dans les guerres de la Révolution française et les guerres napoléoniennes certaines des premières étapes de la Révolution industrielle. Il devient courant de produire des armes en masse et d’équiper des troupes bien plus importantes. Le Royaume-Uni est le principal fabricant d’armes de cette période, car il fournit la plus grande partie des armes utilisées par les puissances coalisées (et lui-même n’utilise qu’une faible partie des armes qu’il fabrique). La France est le deuxième producteur, pour ses propres besoins d’abord, mais aussi pour équiper la Confédération du Rhin et d’autres alliés.
La guerre répand certaines innovations technologiques, comme le télégraphe Chappe, qui permet à Carnot de communiquer avec les armées françaises combattant sur les frontières. Ce système perdure après 1815. C’est durant la bataille de Fleurus que l’on utilise la première fois des ballons pour espionner les positions ennemies.


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Représentation graphique des pertes humaines durant la campagne de Russie (1869).

Les pertes humaines des guerres napoléoniennes (1803-1815), directes et indirectes, s'évaluent comme ci dessous :
Notez que les morts inscrites incluent les morts au combat aussi bien que des morts d'autres causes, telles que maladie, blessures, famine, exposition, noyade, tir ami, suite à des atrocités, etc.

Empire français

  • 371 000 tués au combat1
  • 800 000 morts de maladie ou de froid, principalement lors de la désastreuse campagne de Russie (1812)2
  • 600 000 civils2
  • 65 000 alliés des Français (principalement Polonais)2
Total : 1 800 000 Français et alliés (principalement Allemands et Polonais) tués au combat, morts de maladie ou disparus1
David Gates : au moins 916 000 Français3.
Les estimations varient. François-René de Chateaubriand estime lui que 5 millions de français sont morts, estimation la plus excessive du bilan humain des guerres napoléoniennes. Entre 400 000 et 1 million de soldats, selon l'historien Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon.
Alain Pigeard lui estime les pertes françaises à 700 000 morts4.

Alliés

  • 120 000 Italiens morts ou disparus
  • 289 000 Russes morts ou disparus
  • 134 000 Prussiens morts ou disparus
  • 376 000 Autrichiens morts ou disparus
  • 300 000 Espagnols morts ou disparus
  • 311 806 Britannique morts ou disparus 5[réf. insuffisante]
  • Total : 1 531 000

Royal Navy, 1804–15 
  • tués en combat : 6 663
  • naufrages, noyades, incendies : 13 621
  • maladies : 72 102
  • total : 92 386

Armée britannique, 1804–15 
  • tués au combat : 25 569
  • maladies : 193 851
  • total : 219 420
Total des pertes : 2 000 000

Total des pertes et des disparus

  • 2 500 000 militaires en Europe
  • 1 000 000 civils ont été tués en Europe et dans les colonies françaises6
David Gates estime que 5 000 000 d'hommes ont été tués durant les guerres napoléoniennes. Il n'a pas précisé si ce nombre incluait les pertes civiles ou justes les pertes militaires7.
Charles Esdaile estime au nombre de 4millions à 7millions des pertes totales, incluant les civiles8. Néanmoins, ces chiffres sont très variables. Erik Durschmied, dans son livre The Hinge Factor, donne le nombre de 1,4 million de Français morts de toutes causes (maladies, disparus, famine). Adam Zamoyski estime que 400 000 soldats russes sont morts durant la seule campagne de Russie (1812). Les pertes civiles durant cette campagne était probablement comparable. Alan Schom estime que 3 millions de militaire sont mort durant la guerre napoléonienne. Common estime que 500 000 Français sont mort en Russie en 1812 et 250 000-300 000 Français sont morts entre 1808 et 1814 en Péninsule Ibérique ce qui donne un total d'au moins 750 000 morts, et pour cela il faut ajouter des centaines de milliers de morts français dans d'autres campagnes - probablement autour de 150 000 à 200 000 morts français durant la campagne d'Allemagne (1813), par exemple. Il faut aussi souligner que les estimations ci-dessus sont très prudentes.
Les pertes civiles sont impossibles à estimer avec précision. Alors que les pertes militaires sont toujours estimées entre 2,5 millions et 3,5 millions de morts, les pertes civiles varient de 750 000 à 3 millions. Ainsi, les estimations des pertes au total, à la fois militaire et civile, s'évaluent raisonnablement entre 3 250 000 et 6 500 000.









Conflit le plus sanglant de l’histoire de l’humanité, le Seconde Guerre mondiale a occasionné plus de 50 millions de morts, quatre fois plus que la précédente. Pour la première fois dans l‘histoire, le nombre de victimes civiles a été de loin supérieur à celui des militaires.

Des millions de civils tués, blessés, réfugiés…
La Seconde Guerre mondiale est une « guerre totale » qui a pris les civils au piège, sur le front comme à l’arrière. La mort frappe les combattants mais aussi les habitants des villes et des campagnes. N’importe qui peut être tué dans un bombardement, une rafle, pour quelques paroles imprudentes, pour ses opinions politiques ou religieuses et aussi par hasard… Alors, malgré la joie de la victoire, la peine est grande, la guerre a coûté cher. Aux 50 millions de morts, pour les trois quarts habitants de l’Europe, il faut ajouter les 6 millions de morts dans les camps. Le bilan humain de la guerre ne se limite pas au nombre de décès. Le conflit a aussi provoqué de grands déplacements de populations dont l’ampleur est difficilement imaginable. L’ouverture des camps, le retour des prisonniers, le redécoupage des frontières, la peur des soldats russes lorsqu’ils entrent en Allemagne entraînent de vastes mouvements de populations.
70 millions de soldats ont été mobilisés.
17 millions sont morts, soit :
1 Russe sur 22
1 Allemand sur 25
1 Japonais sur 46
1 Anglais sur 150
1 Italien sur 150
1 Français sur 200
1 Américain sur 500
Une Europe en ruine
Si les destructions n’épargnent pas l’Asie, dans les villes qui ont subi les bombardements intensifs des Américains, les pays européens restent les plus touchés par les destructions. Les pilonnages de l’aviation, qui avaient pour objectif de terroriser les civils et de briser leur moral, de réduire à néant une grande partie du potentiel industriel et de paralyser les communications, ont entraîné la destruction des grandes villes allemandes comme Dresde, détruites à 75%, ou Düsseldorf en ruine à 90%. Les transports ferroviaires sont détruits à 100% en Pologne, à 80% en France ; mais c’est ici encore l’URSS qui a payé le plus lourd tribut, enregistrant à elle seule la moitié des destructions occasionnées par la guerre.

Un bilan moral très lourd
A la fin du conflit, le monde découvre l’horreur des camps de la mort, des massacres de soldats ou de populations civiles, les tortures et les exécutions sommaires infligées aux prisonniers ainsi que l’anéantissement matériel et humain provoqué par la bombe atomique… Plus de 3 millions de prisonniers de guerre russes ont été éliminés parce qu’ils étaient slaves. Près de 6 millions de juifs ont été assassinés dans les camps de la mort. La négation suprême des droits de l’homme éclate à la face du monde qui, désormais, ne sera plus jamais comme avant. Le tribunal de Nuremberg établit une notion nouvelle qu’il intitule « crime contre l’humanité ». Si la Seconde Guerre mondiale a poussé l’horreur à son paroxysme, elle a donné naissance à une volonté plus forte que jamais de défendre la paix. Un grand espoir renaît avec la charte de San Francisco, texte fondateur de l’ONU, signée par plus de cinquante Etats. L’Organisation des Nations Unies s’engage à travailler au maintien d’une paix durable.

Les Etats-Unis et l’URSS, puissances de l’après-guerre
Sortis très affaiblis du conflit, les pays d’Europe vainqueurs, comme la Grande-Bretagne et la France, voient désormais leur économie dépendre de l’aide américaine. Et ce n’est pas le seul changement. Aux côtés des Etats-Unis, l’URSS apparaît maintenant comme une nouvelle grande puissance qui tire un immense prestige de sa participation à la libération de l’Allemagne nazie et à la prise de Berlin. Appartenant au camp des vainqueurs, l’URSS veut participer aux négociations, mais l’entente avec les Anglo-Saxons se détériore rapidement. Les Etats-Unis, quant à eux, en fabriquant des tonnes de matériel pour la guerre, ont relancé leur économie et vaincu la crise commencée en 1929. A la fin du conflit, l’économie américaine domine le monde et le dollar devient la monnaie de référence du système monétaire instauré en 1944.Sur le plan militaire, les Américains sont aussi en position de force, car ils sont les seuls à posséder la bombe atomique.

De la méfiance à la rupture
Unis dans la guerre pour combattre le nazisme jusqu’à sa disparition, les Alliés ne le sont plus une fois la paix revenue. La méfiance s’installe dès 1945, les divergences de vues s’aggravent. L’Union Soviétique, qui prône l’idéologie communiste, occupe la moitié de l’Europe et bénéficie d’un grand prestige. Les gouvernements favorables à l’URSS, qui s’installent dans les pays libérés par l’Armée rouge, inquiètent les Occidentaux. En mars 1946, dans un discours célèbre, Winston Churchill évoque le « rideau de fer » qui vient de couper l’Europe en deux blocs. La Guerre froide a commencé.

Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006

Apocalypse now ? 

Une lecture critique d’Achever Clausewitz, de René Girard (2007)
René-Eric Dagorn Enseignant  de géographie et géopolitique, lycées Balzac et Molière Paris

Présentation de la conférence
1- Dans Achever Clausewitz (Carnets Nord, 2007), best seller en librairie en ce début d’année 2008, René Girard propose une lecture particulièrement stimulante de Clausewitz. D’après lui, celui-ci aurait entraperçu le principe central des conflits modernes : une « montée aux extrêmes » où le politique est devenu impuissant à orienter les conflits.
« Même les nations les plus civilisées peuvent être entraînées par une haine féroce (…). Nous répétons donc notre déclaration. La guerre est un acte de violence et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence. Chacun des [ennemis] fait la loi de l’autre, d’où résulte une action réciproque qui, en tant que concept, doit monter aux extrêmes » (De la guerre, Ed. de Minuit, p. 53).
Mais effrayé par sa propre découverte, Clausewitz serait revenu en arrière – toujours d’après René Girard – et aurait alors conceptualisé la capacité du politique à rationaliser la guerre (d’où sa célèbre formule « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». C’est cette thèse de la rationalisation de la guerre par le politique que reprendra Raymond Aron dans les deux tomes de Clausewitz. Penser la guerre (1979). Thèse aronienne que bien sûr, René Girard conteste.
2- Car la mondialisation actuelle, celle qui connecte les risques planétaires et « les renvoie en boomerang sur le volcan de la civilisation » (Ulrich Beck, La société du risque, 1986) rend de nouveau évident, d’après Girard, la valeur de l’intuition apocalyptique de Clausewitz.
Le principe mimétique – que Girard a présenté dans d’autres domaines – est valable également pour l’analyse des conflits. La violence actuelle ne produit plus de droit, ne produit plus de vérité, et se révèle à la fois incontrôlable et incapable de structurer l’espace mondial. La violence mimétique ne peut donc que déboucher sur « l’apocalypse », compris ici à la fois comme la double autodestruction environnementale et géopolitique de l’humanité.
« L’histoire ne va donc pas tarder à donner raison à Clausewitz. C’est parce qu’il dit « répondre » aux humiliations du traité de Versailles et à l’occupation de la Rhénanie, que Hitler a pu mobiliser tout un peuple ; à son tour, c’est parce qu’il « répond » à l’invasion allemande que Staline obtient une victoire décisive sur Hitler. C’est parce qu’il « répond » aux Etats-Unis que Ben Laden organise aujourd’hui le 11 septembre [2001] et ses suites. Le primat de la défensive, c’est (…) l’apparition dans le conflit du principe de réciprocité (…). Celui qui croit maîtriser la violence en organisant la défense est en fait maîtrisé par la violence (…). Penser la guerre comme « poursuite de la politique par d’autres moyens » comme semble le faire Clausewitz au terme de son premier chapitre (…) c’est oublier [que] l’action réciproque (…) accélère et diffère à la fois la montée aux extrêmes – qui ne la diffère que pour mieux l’accélérer (…).
L’action réciproque est tellement accélérée par la mondialisation, cette réciprocité planétaire où le plus petit événement peut avoir des retentissements de l’autre côté du globe, que la violence a toujours une longueur d’avance. La politique court derrière la violence, tout comme Heidegger montre que la technique a échappé à notre contrôle. Nous aurons à examiner les modalités de cette montée aux extrêmes, de Napoléon à Ben Laden : l’attaque et la défense promues au rang de seul moteur de l’histoire (…). La victoire ne peut plus être relative ; elle ne peut être que totale (…). Et quand Clausewitz nous parle de l’horizon de la guerre d’extermination, il faut entendre le terme dans le sens que lui a donné le XXe siècle (…). Pour Clausewitz, la polarité signifie le retour à la paix, dans le sens où « la paix perpétuelle » est souvent celle des cimetières » (Girard, p. 51-55).
3-  L’objectif de la conférence est à la fois de présenter en détail la thèse de René Girard et de la critiquer de façon radicale.
Car cette thèse de René Girard est fondée sur un principe : seule la puissance permet d’agir sur le monde. Les conflits sont alors les outils permettant de structurer l’espace mondial, comme dans le cas de l’intervention américaine en Irak, premier acte du « projet Syriana » de remodelage politique du Moyen-Orient (voir par exemple l’ouvrage de Mikail Barah, La politique américaine au Moyen-Orient, Dalloz, 2006).
Or ce principe est désormais dépassé.
Contrairement à ce qu’affirmait Charles Péguy en 1910 (« Le monde kantien a les mains pures, mais il n’a pas de mains »), il existe d’autres mains que celles de la puissance et des conflits. Le concept de société-Monde – dont l’Europe est dans une certaine mesure le laboratoire – permet des entrées beaucoup plus efficaces dans la compréhension des conflits modernes. Si l’on reprend les grands principes que Jürgen Habermas et Robert Cooper propose du fonctionnement de la société-Monde…
« (1) le caractère de plus en plus insignifiant des questions de frontières et (2) la tolérance à l'égard d'un pluralisme intérieur libéré par la loi, (3) l'influence mutuelle sur les affaires traditionnellement considérés comme intérieures dans les rapports entre les États, et, (4) d'une façon générale, la fusion croissante entre politique intérieure et extérieure, (5) la sensibilité à la pression exercée par les espaces publics libéraux, (6) le refus de la force armée en tant que moyen pour résoudre les conflits, (7) la juridicisation des relations internationales, enfin (8) le fait de privilégier, avec ses partenaires, des relations dont la sécurité repose sur la transparence et la fiabilité » (Habermas, 1996, Cooper, 2002).
… les conflits modernes – terrorisme en tête – deviennent intelligibles non comme course mimétique à l’apocalypse, mais comme des conflits civils – une « guerre civile mondiale » pour reprendre l’expression de Carl Schmitt.
Dans ce cadre la société civile mondiale et les conflits modernes ne sont pas entièrement opposables. Ils se situent même en partie sur des lignes de temps et d’espaces différents. Malgré la volonté de passer par les conflits et la puissance pour structurer les espaces (les Etats-Unis au Moyen-Orient, la Russie en Tchétchénie, l’Iran et la tension nucléaire au Moyen-Orient, Israël au Liban sud, l’IRA en Irlande etc…), les temps longs braudéliens font apparaître une baisse structurelle de la violence planétaire – baisse du nombre de conflits, baisse du nombre de réfugiés, baisse du nombre de massacres et génocides – comme l’ont montré depuis 2001 à la fois les travaux du Human Security Center, et du Global Civil Society Yearbook.
Comme l’affirme Bertrand Badie, « la puissance couvrait, dans la théorie classique, l’ensemble des espaces et toutes les temporalités, comme le suggère l’épistémologie hobbesienne fortement dominée par les lois de la mécanique. Dans un monde post-hobbesien, les modes de spatialisation se multiplient et la temporalité se décompose : à un espace de puissance s’opposent des formes nouvelles de construction de l’espace qui la détruisent ou l’affaiblissent ; du temps court de la puissance se distinguent celui, moyen, des mobilisations sociales et celui, beaucoup plus long, de la transformation des sociétés » (L’impuissance de la puissance, Paris, Fayard, 2005, p. 215).
4- Bien sûr comme le dit Norbert Elias dans La société des individus (1987), le processus actuel d’intégration de l’humanité « peut aussi faire place à n'importe quel moment à un processus dominant de désintégration ». C’est ce que René Girard suppose. Mais Norbert Elias ajoute « Toutefois, c'est pour le moment l'orientation vers une intégration plus vaste et plus rigoureuse de l'humanité qui l'emporte » (p. 221).
Nous en sommes toujours là aujourd’hui, malgré l’affirmation de René Girard – rejoint en cela sur la question iranienne par Norman Podhoretz (World War IV, 2007), François Heisbourg (Iran. Le choix des armes, 2007), Thérèse Delpech (Iran. La démission des nations, 2006) ou de Bruno Tertrais (Iran. La prochaine guerre, 2007) – selon laquelle nous serions déjà entrés dans les processus de radicalisation mimétique de la violence mondiale.
« Clausewitz témoigne [finalement] de l’impuissance foncière du politique à contenir la montée aux extrêmes. Les guerres idéologiques, justifications monstrueuses de la violence, ont en effet mené l’humanité à cet au-delà de la guerre où nous sommes aujourd’hui entrés. L’Occident va s’épuiser dans ce conflit contre le terrorisme islamique, que l’arrogance occidentale a incontestablement attisé. Clausewitz voyait encore surgir la violence au sein des conflits interétatiques du XIXe siècle. Les nations étaient là pour contenir la contagion révolutionnaire. La campagne de France s’est encore terminée par le Congrès de Vienne, en 1815. Cette ère est aujourd’hui achevée, à l’heure où la violence ne connaît plus le moindre frein. On peut dire, de ce point de vue, que l’apocalypse a commencé » (Girard, p. 352-353).
Voir également un article de la revue Sciences Humaines, qui présente quelques éléments proches du thème de la conférence proposée : René-Eric Dagorn, « Apocalypse now ? », Sciences Humaines, n° 190, février 2008, p. 20.
René-Eric Dagorn est enseignant (géographie et géopolitique) en classes préparatoires littéraires (lycées Balzac et Molière à Paris). Il est depuis 2000, le coordinateur des enseignements « Enjeux politiques de la géographie » à Sciences-Po Paris. Il a publié de nombreux articles sur la mondialisation et la société-Monde. Il suit pour la revue Sciences Humaines, les questions de géopolitique et de géographie politique.

Apocalypse now ?

René-Eric Dagorn
Mis à jour le 15/06/2011

La prochaine guerre mondiale est-elle pour demain ? Le débat fait rage dans les publications récentes.
La guerre est à la mode… Du moins dans les publications de géopolitique et de relations internationales. Aux États-Unis, Norman Podhoretz, « patriarche » des intellectuels néoconservateurs, vient ainsi de publier Quatrième Guerre mondiale. Le long combat contre l’islamo-fascisme. En France, dans la lignée des ouvrages s’interrogeant sur la politique envers l’Iran, François Heisbourg affirme que «  les conséquences du non-recours à la force, dans certaines hypothèses, risquent d’être aussi dramatiques que l’intervention militaire, voire pires ». F. Heisbourg s’était déjà illustré en cautionnant l’existence d’armes de destruction massive en Irak dans un rapport publié en septembre 2002 par l’IISS (International Institut for Strategic Studies, Londres). Il affirmait dans Le Monde du 10 septembre : « Les armes biologiques et chimiques (…) existent bel et bien et (leur) l’emploi est tout à fait possible en cas de guerre. »
René Girard, l’auteur du célèbre Mensonge romantique et vérité romanesque (Hachette, 1999), vient de publier Achever Clausewitz, une étude serrée – et passionnante – de l’œuvre de Karl von Clausewitz (1780-1831). R. Girard soutient que l’auteur de De la guerre a eu l’intuition que les conflits modernes, par un processus de comportement mimétique, ne peuvent que déboucher sur l’apocalypse. Mais, effrayé par sa propre découverte, Clausewitz a préféré faire marche arrière et rationaliser le contrôle de la guerre par le politique (d’où son affirmation fameuse « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens »). Or, affirme R. Girard, « Clausewitz témoigne (en réalité) de l’impuissance foncière du politique à contenir la montée aux extrêmes. Les guerres idéologiques (…) ont en effet mené l’humanité à cet au-delà de la guerre où nous sommes aujourd’hui entrés. L’Occident va s’épuiser dans ce conflit contre le terrorisme islamique (…). À l’heure où la violence ne connaît plus le moindre frein (…), on peut dire, de ce point de vue, que l’apocalypse a commencé. »

Refuser les politiques de la peur

Plusieurs ouvrages récents récusent pourtant ces politiques de la peur. Comme Frédérique Gros dans son Essai sur la fin de la guerre, Edgar Morin constate dans Vers l’abîme ? que la violence mondiale ne peut plus être analysée en termes de « guerre », et que « le temps de répondre au défi de la complexité planétaire est arrivé ». De la même façon, Youssef Courbage et Emmanuel Todd, étudiant la démographie des pays du Moyen-Orient dans Le Rendez-vous des civilisations, montrent un fort mouvement de sécularisation de leurs sociétés. Loin de valider une quelconque « tectonique des plaques géopolitiques », Jacques Lévy, dans L’Invention du monde, insiste au contraire sur le développement de la société-monde : l’espace mondial est le résultat d’une création politique de la part d’acteurs qui ont une intentionnalité du monde.
Le catastrophisme ambiant ne serait-il qu’une illusion entretenue par des auteurs qui ont intérêt à la soumission fataliste, politique ou religieuse des sociétés ? On peut finalement penser avec R. Girard contre R. Girard, et opposer au mensonge apocalyptique la vérité du politique.




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