Le
rêve du célèbre chirurgien cardiaque Alain Carpentier, qui a inventé le
cœur artificiel totalement implantable, va devenir réalité après vingt
ans d’un développement acharné. Aujourd’hui, la société Carmat, créée en
2008 pour industrialiser cette bioprothèse, annonce avoir reçu
l’autorisation de procéder à une implantation sur l’homme dans quatre
pays : la Belgique, la Pologne, la Slovénie et l’Arabie saoudite. Est-ce
à dire que cette première mondiale ne sera pas opérée dans l’Hexagone ?
« Il est important que ce projet français reçoive un fort soutien
international de centres prestigieux de chirurgie cardiaque. Mais la
perspective d’une première humaine française n’est pas écartée, même si
nous avons obtenu des autorisations plus vite à l’étranger, car les
processus réglementaires diffèrent d’un pays à l’autre », souligne Marcello Conviti, directeur général de Carmat. «
En France, l’approbation d’un essai clinique relève de la
responsabilité d’une autorité de santé centralisée, l’ANSM, qui souhaite
avoir davantage de données résultant de l’expérimentation vétérinaire,
ce qui n’est pas inhabituel vu le caractère très innovant de notre
dispositif. Alors que dans d’autres pays, l’accord peut être donné
hôpital par hôpital. » C’est le cas des quatre premiers
établissements sur les rangs : le CHU Saint-Pierre à Bruxelles, le
Silesian Center for Heart Diseases à Zabrze, l’University Medical Center
à Ljubljana et le Prince Sultan Cardiac Center à Riyad.
Former les équipes
La date de la première intervention est-elle fixée ? Pas encore. «
Nous souhaitons la réaliser le plus tôt possible, mais un certain
nombre de règles doivent être respectées dans l’intérêt des patients et
du projet. » Au préalable, il est indispensable de finaliser la
formation de ces centres, non seulement de l’équipe chirurgicale mais
aussi du personnel en charge des malades, de leur sélection au suivi
postopératoire. Il faut aussi identifier le premier patient dont le
profil doit correspondre au protocole : atteint d’une insuffisance
cardiaque terminale biventriculaire réfractaire aux traitements
existants, son espérance de vie n’est plus que de quelques jours. Avant
l’opération, sa compatibilité anatomique avec la bioprothèse cardiaque
sera vérifiée avec l’outil de simulation en 3D élaboré par Carmat. Sans
oublier « l’aspect éthique du consentement informé du patient ou de sa famille, qui est absolument fondamental », insiste le directeur général de Carmat.
« Toutes les données relatives aux implantations qui sont réalisées
sur des veaux dans le cadre de la formation de ces centres
internationaux contribueront à alimenter le dossier de l’ANSM pour
obtenir l’approbation en France. » Dès son feu vert, trois équipes
françaises sont fin prêtes à intervenir à l’Hôpital européen
Georges-Pompidou, au CHU de Nantes et au Centre chirurgical
Marie-Lannelongue, car le Comité de protection des personnes a d’ores et
déjà donné son accord. Cet espoir pour les patients voit aussi le jour
grâce à l’audace d’un investisseur, Philippe Pouletty, qui a pris le
risque de financer la start-up avant de l’introduire en Bourse en 2010 . «
L’intérêt marqué de la communauté médicale internationale récompense la
vision et la persévérance des équipes de Carmat et d’Alain
Carpentier », estime le directeur général de Truffle Capital.
L’éminent chirurgien cardiaque sera en première ligne de cet exploit
technicomédical.
Lire aussi :
Chantal Houzelle, Les Echos
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