mardi 14 mai 2013

Le cœur artificiel de Carmat autorisé à être implanté sur l’homme

Par Chantal Houzelle | 14/05 | 07:00 | mis à jour à 10:53

Le rêve du célèbre chirurgien cardiaque Alain Carpentier, qui a inventé le cœur artificiel totalement implantable, va devenir réalité après vingt ans d’un développement acharné. Aujourd’hui, la société Carmat, créée en 2008 pour industrialiser cette bioprothèse, annonce avoir reçu l’autorisation de procéder à une implantation sur l’homme dans quatre pays : la Belgique, la Pologne, la Slovénie et l’Arabie saoudite. Est-ce à dire que cette première mondiale ne sera pas opérée dans l’Hexagone ? « Il est important que ce projet français reçoive un fort soutien international de centres prestigieux de chirurgie cardiaque. Mais la perspective d’une première humaine française n’est pas écartée, même si nous avons obtenu des autorisations plus vite à l’étranger, car les processus réglementaires diffèrent d’un pays à l’autre », souligne Marcello Conviti, directeur général de Carmat. «  En France, l’approbation d’un essai clinique relève de la responsabilité d’une autorité de santé centralisée, l’ANSM, qui souhaite avoir davantage de données résultant de l’expérimentation vétérinaire, ce qui n’est pas inhabituel vu le caractère très innovant de notre dispositif. Alors que dans d’autres pays, l’accord peut être donné hôpital par hôpital. » C’est le cas des quatre premiers établissements sur les rangs : le CHU Saint-Pierre à Bruxelles, le Silesian Center for Heart Diseases à Zabrze, l’University Medical Center à Ljubl­jana et le Prince Sultan Cardiac Center à Riyad.

Former les équipes

La date de la première intervention est-elle fixée ? Pas encore. «  Nous souhaitons la réaliser le plus tôt possible, mais un certain nombre de règles doivent être respectées dans l’intérêt des patients et du projet. » Au préalable, il est indispensable de finaliser la formation de ces centres, non seulement de l’équipe chirurgicale mais aussi du personnel en charge des malades, de leur sélection au suivi postopératoire. Il faut aussi identifier le premier patient dont le profil doit correspondre au protocole : atteint d’une insuffisance cardiaque terminale biventriculaire réfractaire aux traitements existants, son espérance de vie n’est plus que de quelques jours. Avant l’opération, sa compatibilité anatomique avec la bioprothèse cardiaque sera vérifiée avec l’outil de simulation en 3D élaboré par Carmat. Sans oublier « l’aspect éthique du consentement informé du patient ou de sa famille, qui est absolument fondamental », insiste le directeur général de Carmat.
« Toutes les données relatives aux implantations qui sont réalisées sur des veaux dans le cadre de la formation de ces centres internationaux contribueront à alimenter le dossier de l’ANSM pour obtenir l’approbation en France. » Dès son feu vert, trois équipes françaises sont fin prêtes à intervenir à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, au CHU de Nantes et au Centre chirurgical Marie-Lannelongue, car le Comité de protection des personnes a d’ores et déjà donné son accord. Cet espoir pour les patients voit aussi le jour grâce à l’audace d’un investisseur, Philippe Pouletty, qui a pris le risque de financer la start-up avant de l’introduire en Bourse en 2010 . «  L’intérêt marqué de la communauté médicale internationale récompense la vision et la persévérance des équipes de Carmat et d’Alain Carpentier », estime le directeur général de Truffle Capital. L’éminent chirurgien cardiaque sera en première ligne de cet exploit technicomédical.
Lire aussi  :
Chantal Houzelle, Les Echos

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.