Capture d'écran de Youtub
Samedi 4 mai 2013, Cody Wilson, un étudiant en droit de l’université du Texas (nous parlions de lui en août 2012), a réussi à tirer avec le premier pistolet à imprimer en 3 D. Andy Greenberg, de Forbes, était sur place en en a fait le compte rendu de l’exploit ici.
L’arme, que Cody Wilson appelle le «Libérateur», est à la fois louée et dénoncée comme un grand coup contre le contrôle du port d’armes aux Etats-Unis. L’organisation à but non-lucratif de Wilson, Defense Distributed, a déjà mis en ligne le design du pistolet pour que tout le monde puisse le télécharger.
Cela veut dire que les gens vont pouvoir commencer à imprimer des armes à feu dans leur salon à partir d’aujourd’hui. Ce qui devrait inquiéter davantage encore les législateurs, c’est que les criminels pourraient en théorie contourner les mesures de sécurité en transportant des pistolets en plastique dans des immeubles sous surveillance sans déclencher les détecteurs de métaux.
Pourtant, en réalité, on n’en est pas encore là. D’abord, ce pistolet en 3 D à imprimer n’est quand même pas entièrement imprimé en 3D, comme me l’a expliqué Cody Wilson dans une interview téléphonique. Comme la loi fédérale américaine interdit les armes à feu qui ne peuvent pas être détectées par des détecteurs de métaux, Cody Wilson a ajouté un composant en métal à sa version du pistolet.
Bien entendu, quiconque décide d’imprimer l’arme depuis chez lui pourrait décider d’ignorer cette étape. Mais, encore une fois, cela serait contraire à la loi. En plus, il y a un autre élément qui ne peut pas encore être imprimé en 3D: le percuteur, qui déclenche le tir.
«On a essayé beaucoup de percuteurs en plastique, m’a expliqué Wilson, mais ils sont un peu trop mous», ce qui les déformait à l’impression.
Pour Cody Wilson, ce n’est pas un problème. Il m’a confié que son but n’a jamais été de construire une armé indétectable par les appareils de sécurité.
«Le fait qu’il soit en plastique n’est qu’un accident pour moi. S’il y avait un moyen d’extraire des métaux (avec une imprimante en 3D), ce serait tout aussi exaltant pour moi».Par ailleurs, a-t-il remarqué, les points de contrôle de sécurité ne se reposent pas sur les détecteurs de métaux mais sur des scanners à rayons X qui révéleraient la forme de pistolets en plastique tout aussi facilement qu’un pistolet traditionnel.
Autre élément qui pourrait nuire aux criminels utilisant une arme «Libératrice», le pistolet ne marche pas vraiment très bien. Comme le décrypte John Biggs dans TechCruch, «C’est plutôt un zip gun (une ancienne arme artisanale qui ne tire qu’une seule balle) qu’un pistolet», car il s’agit d’une arme qui ne tire qu’une balle et qui est très peu fiable au lieu d’être un engin qui permet de viser avec précision sans vous exploser au visage.
Oh, et puis le genre d’imprimante que Cody Wilson a utilisée coûte quelque 7.000 dollars sur eBay. Vous pourriez essayer quelque chose de moins cher sur Markerbot, mais ce serait à vos risques et périls.
En gros, nous sommes dans un monde où les gens peuvent choisir d’acheter un pistolet ou d’en imprimer un dans leur salon. Mais il reste plusieurs étapes à développer avant qu’il s’agisse d’une solution viable. Jusque-là, il y a de fortes chances pour que la personne qui utilise un pistolet en 3D devienne lui-même une victime non intentionnelle de cette tentative.
Si vous avez les moyens de vous offrir une imprimante en 3D, il est donc préférable pour vous de vous concentrer davantage sur la fabrication d’une cape d’invisibilité en 3D. C’est moins risqué.
Will Orémus
Traduit et adapté par Daphnée Denis
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