dimanche 4 août 2013

Crise de 1930 a Aujourd'hui , L'Histoire de France non censuré



Conférence d'Annie Lacroix-Riz (Professeur émérite d'histoire contemporaine, chercheuse)
"La stratégie du choc en France, de la crise des années 1930 à celle d'aujourd'hui"

Journée militante à l'hôpital Saint Vincent de Paul (75014) le 27 septembre 2011

Leçons des années 1930 pour comprendre la crise actuelle.

http://www.chomage-et-monnaie.org/Doc...

Annie Lacroix-Riz (née en 1947) est une historienne française1, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris VII - Denis Diderot
Ancienne élève de l'école normale supérieure (Sèvres), élève de Pierre Vilar, agrégée d'histoire, docteur ès lettres, elle est spécialiste des relations internationales dans la première moitié du XXe siècle . Ses travaux portent sur l'histoire politique, économique et sociale de la Troisième République et de Vichy, sur la période de la Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis, sur les relations entre le Vatican et le Reich ainsi que la stratégie des élites politiques et économiques françaises avant et après la Seconde Guerre mondiale. Elle est également connue pour son engagement communiste.


Histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme

Ses recherches concernent d'abord l'histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme. Son premier livre publié, issu de sa thèse de doctorat d'État, porte sur l'histoire de la CGT de la Libération à la scission, de 1944 à 1947). Selon François Roth, dans « cette analyse précise, technique, au ras de la conjoncture des luttes revendicatives menées par la CGT », l'auteur exprime une « sympathie agissante pour la centrale ouvrière [qui] a peut-être été un obstacle à une présentation plus explicite des réalités idéologiques et sociales »2. Ce travail est poursuivi par un article consacré à Ambroise Croizat3,

Histoire de la collaboration et de l'épuration

Dans les années 1980, elle oriente ses travaux sur les relations internationales dans la première moitié du XXe siècle, de la guerre de 1914-1918 à la guerre froide. En 1983, dans le cadre d'une recherche sur les nationalisations d'après-guerre, elle commence à travailler sur les archives de la Commission nationale interprofessionnelle d'épuration, un travail dont elle tire, en 1986, un article sur « Les grandes banques françaises : de la collaboration à l'épuration, 1940 - 1950 »4.
Dans les années 1990, ses recherches l'amènent à étudier la collaboration économique : Industriels et banquiers français sous l'Occupation puis Le Choix de la défaite et De Munich à Vichy: l’assassinat de la Troisième République5 qui traitent de la décennie précédant l'Occupation6.
Sur plusieurs de ces sujets, ses travaux ont donné lieu à des controverses.

La controverse sur la production française de Zyklon B

En avril 19947, « Les Élites françaises et la collaboration économique », une contribution d'Annie Lacroix-Riz commandée, selon elle8, par la revue Études et Documents et qui, selon Vivian Curran, met au jour la complicité de banquiers et industriels français avec les nazis au seul motif du profit suivie d'une « falsification » après-guerre9, est refusée par le comité de lecture de cette revue10, ce que l'historienne interprète comme une censure11. La fabrication française de Zyklon B et le refus de publication de l'article de Lacroix-Riz sont révélés par deux articles publiés fin 199610,12. La publication du second de ces articles, dans L'Humanité du 8 octobre 1996, lance la controverse publique, dont la presse internationale se fait l'écho13,7,14. S'appuyant sur des archives allemandes, britanniques et américaines, l'auteur y soutenait que le groupe Ugine avait investi dans sa filiale à 51 % Durferrit-Sofumi, codétenue à 49 % par la société allemande Degesch du groupe IG Farben7,15, pour produire du gaz Zyklon B. L'historienne tire argument de l'intervention de techniciens allemands et d'un « accroissement disproportionné » de la production qui, selon elle, ne pouvait être expliqué par celui de la demande d'insecticide10. Dans un article publié en 199716, Annie Lacroix-Riz soutient que le Zyklon B ainsi produit en France était « entièrement destiné à l'Allemagne et à des fins exclusivement militaires »17. Elle reconnaît cependant que « nous n'avons pas encore de documents prouvant formellement que le Zyklon fabriqué dans l'Oise était destiné aux camps »18. Elle reprend cette thèse dans son livre Industriels et banquiers sous l'Occupation (1999), décrit par Jon Henley, journaliste au quotidien britannique The Guardian, comme « extrêmement bien documenté »19,20 et par l'historien Kenneth Moure de l'université de Santa Barbara (Californie), comme « agressivement marxiste »21.
Robert Paxton reproche à Annie Lacroix-Riz de s'être principalement appuyée sur les archives de la Délégation française auprès de la Commission d'armistice (CA) à Wiesbaden22. En revanche, selon les journalistes Paul Webster et Stella Hughes, elle s'est appuyée sur des sources allemandes, britanniques et américaines23,10. Denis Peschanski, rapproche la production de Zyklon B de l'usine française, qui aurait atteint 37 tonnes en mai 194418, de la consommation du camp d'Auschwitz, qui « n'en avait commandé que 14 tonnes en 1943 et n'avait pas eu de difficultés d'approvisionnement auprès d'usines allemandes »24. Il considère que la réponse à la question de l'éventuelle fourniture par Ugine de Zyklon B à Auschwitz « se trouve sans doute dans les archives de la Degesch (qui a fabriqué le Zyklon B pour les chambres à gaz) difficiles d'accès, mais qu'[Annie Lacroix-Riz] n'a pas essayé d'avoir ­et, surtout, dans les archives d'Auschwitz, qui, elles, sont accessibles »24. Selon Hervé Joly, « le rapprochement fait par Annie Lacroix-Riz entre les augmentations de capital de la Durferrit-Sofumi intervenues en 1943 et les nouveaux débouchés du Zyklon B dans les camps d'extermination n'a donc pas de sens » : « seule la société mère [Degesch] aurait directement vendu 50 tonnes de cyanure de sodium aux Allemands entre 1940 et 1944, ce qui correspondrait à 1,9 % de la production totale »25. Selon cet auteur, « d’après toutes les indications concordantes […] la préoccupation des Allemands est seulement de développer la structure de commercialisation et d'application des antiparasites gazeux en France » pour réaliser « les nombreuses fumigations commandées par les troupes d'occupation », l'activité de la filiale commune avec Ugine étant « expressément limitée à "la France, aux colonies françaises et aux pays de protectorat et sous-mandat" […] À un moment où leurs capacités de production nationales sont encore excédentaires, la motivation des Allemands n’est évidemment pas de faire pénétrer Ugine sur leur propre marché »26. Annie Lacroix-Riz fait observer toutefois que les étiquettes du Zyklon B produit dans l'usine Ugine de Villers-Saint-Sépulcre « étaient en allemand »27.

La controverse sur l'Holodomor

Reconnaissance internationale du Holodomor en 2008.
Dans une « présentation critique de documents originaux »28 sur l' « extermination par la faim » en Ukraine en 1933 (Holodomor en ukrainien), diffusée à ses étudiants en 200429 mise à jour30 et complétée31 en 2008, Lacroix-Riz conteste la présentation de cette famine comme résultant d'une intention « génocidaire » du pouvoir soviétique, préférant y voir « une sérieuse disette conduisant à un strict renforcement du rationnement »29, qui « résultait de phénomènes naturels et sociopolitiques »31. Elle s'appuie notamment sur les analyses de Wheatcroft et Davies32, qui, selon Mark Tauger, « réfutent décisivement les explications intentionnalistes »33. Elle dénonce une « opération de propagande », « un bobard » et préfère évoquer « une sérieuse disette conduisant à un strict renforcement du rationnement »34. Elle reprend à son compte l'analyse de Douglas Tottle (en) (selon lequel le Holodomor est une création « frauduleuse » de « propagandistes nazis »35), dont elle considère l'ouvrage « essentiel »30,36. Ses articles sur ce sujet furent au cœur d'une importante controverse.
À propos de la famine en Ukraine de 1932-33, elle écrit : « L'URSS a connu en 1932-1933 une sérieuse disette conduisant à un strict renforcement du rationnement, pas une famine et en tout cas pas une famine à "six millions de morts"... » et dénonce une « opération de propagande », un « bobard », une « campagne de presse37 ». Cet article a suscité en 2006 de vives réactions, dans les associations de la diaspora ukrainienne, dont le Congrès mondial ukrainien38. À la suite de ces propos, une association d'Ukrainiens, soutenue par l'historien Stéphane Courtois, a organisé une pétition pour « appeler les plus hautes autorités de l’État à tout mettre en œuvre pour lutter contre le révisionnisme stalinien », que l'on peut interpréter comme une demande de suspension comme professeur d'université. Il s'en est suivi une contre-pétition, dont les premiers signataires sont principalement des communistes dits orthodoxes39.
Dans une interview de septembre 200740, interrogée par Daniel Laurent sur l'éventuelle dimension négationniste de son démenti du génocide stalinien en Ukraine, l'historienne réplique en accusant ses contradicteurs de vouloir surtout dédouaner les « autonomistes » ukrainiens, antisémites auxiliaires des Einsatzgruppen :
« Qu’on cesse de prendre les criailleries des associations "ukrainiennes" ou présumées telles pour des propos scientifiques. Ce que celles-ci me reprochent, et elles l'avouent dans leurs sites, c'est avant tout de montrer, dans divers travaux, publiés, eux, tel Le Vatican, l'Europe et le Reich, que les mouvements "autonomistes" ukrainiens dépendaient financièrement de Berlin bien avant la Deuxième Guerre mondiale, qu'ils ont contribué à l’extermination des juifs et des Russes d’URSS (Raul Hilberg l'a exposé avant moi et plus longuement) et que Szepticky, évêque de Lemberg (autrichienne) puis Lwow (polonaise), a été le soutien de la stratégie autrichienne puis allemande en et contre la Russie, tsariste puis bolchevique, depuis les premières années du XXe siècle, sous l'égide du Vatican. Qu'il ait béni la division nazie "Galicia", et que les « autonomistes » ukrainiens aient participé en masse aux massacres de juifs et de Russes aux côtés de l'occupant allemand sont des affirmations qui rendent les associations "ukrainiennes" hystériques. Elles reposent sur des faits établis. »
Elle a fortement critiqué l'utilisation pédagogique du documentaire M6 Staline, le tyran rouge, consacré à la dictature de Staline, qu'elle qualifie de « vulgate anticommuniste »41. En effet, ce film de M6, dont le conseiller historique est Nicolas Werth, est laissé libre de droit dans l'éducation nationale.
Selon Stéphane Courtois, coordinateur du Livre noir du communisme : « Mme Lacroix-Riz ignore les témoignages de base (...) elle ne tient aucun compte des règles de travail élémentaires de l'historien (...) À aucun moment elle ne s'interroge (...) De surcroît, Mme Lacroix-Riz ignore tout autant les nombreux travaux tirés des archives soviétiques synthétisés par Nicolas Werth (...) elle ignore tout autant les nombreux ouvrages en anglais42,43 ».
René Rémond, coordinateur de L'Histoire de la France religieuse dit « elle en est restée à la problématique politique de la Guerre froide. Elle continue à évoluer dans une perspective manichéenne, où un camp représente le bien, la liberté, la paix, c’est celui de Moscou ; et l'autre, qui est le contraire, l'empire du Mal (...)44 ».
En avril 2011, la société de production audiovisuelle Les Films de l'An 2 a réalisé Annie Lacroix-Riz avec "les amis de l'Huma" de Bagneux (92), sur la défaite de 1940, ses responsables, le Vatican, le IIIe Reich, la collaboration, la situation politique contemporaine…45 puis Réhabilitation de Louis Renault : la riposte s'organise46.

Histoire des relations internationales

Depuis les années 2000, Annie Lacroix-Riz analyse les relations entre le Vatican, l'Allemagne hitlérienne et l'Italie fasciste pendant les années 1930 et la Seconde Guerre mondiale, puis à l'avenir de dignitaires nazis et oustachis dans les démocraties occidentales47.

Le plan Marshall

Elle publie un livre consacré à la genèse et à l'adoption du plan Marshall48, dont Fritz Stern considère qu'il s'agit d'une « analyse tendancieuse des relations franco-américaines de la Libération au plan Marshall », « réduisant les nations européennes à l'équivalent de républiques bananières »49.

Le rôle du Vatican dans les relations internationales

En 1994, dans son livre, «Le Vatican, l'Europe et le Reich De la Première Guerre mondiale à la guerre froide», selon Jean-Marie Donégani, elle soutient que l'antibolchevisme de la Curie ne rend pas compte d'une stratégie vaticane dictée par des considérations avant tout territoriales et qui s'est largement confondue avec celle du Reich : promotion du germanisme contre le slavisme à l'Est et contre divers adversaires à l'Ouest50. Précisant que « toute histoire religieuse à vision cléricale » est exclue de son livre51, Annie Lacroix-Riz y affirme que Pie XII « partageait avec ses intimes allemands une haine viscérale contre les juifs toujours assimilés au judéo-bolchévisme »50. Elle ajoute, dans une tribune du Monde du 26 février 2002 intitulée « Le pape de Hitler », Annie Lacroix-Riz qu'avec l'appui de Pie XII, « l'Église s'engagea activement à l'est de l'Europe dans l'extermination ».

Thèse sur le complot synarchiste

Dans « Le choix de la Défaite », Armand Colin, 2010, Annie Lacroix-Riz alimente le complot synarchiste en s'appuyant sur le «rapport Chavin», écrit par Henri Chavin, un fonctionnaire vichyste, en juin 1941, pour démasquer un soi-disant complot synarchiste 52. Elle s'appuie également sur un article d'un certain Jean Mamy, collaborateur notoire, paru dans L'appel du 21 août 1941, hebdomadaire de la Ligue Française de Pierre Constantini, autre ultra-collaborateur notoire, fondateur de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme ou LVF qui s'intitulait : Complot dans l'Etat ? Une association mystérieuse de polytechniciens, d'inspecteurs des finances et de financiers s'est constituée depuis dix ans en France pour prendre le pouvoir53.
L'historien Robert Paxton reconnaît des qualités au travail d'Annie Lacroix-Riz sur la collaboration industrielle entre la France et le Reich, mais il déplore la faible diversité des sources utilisées et des secteurs économiques étudiés, et regrette qu'elle soit « attirée par la thèse du complot », en l'occurrence celui de la Synarchie54.

Militantisme politique

Annie Lacroix-Riz milite au Pôle de renaissance communiste en France (PRCF).
Dans L'histoire contemporaine sous influence, 55 elle critique certaines pratiques de l'histoire contemporaine et dénonce notamment le financement des travaux de certains historiens par des entreprises. Situation qui, selon elle, n'est pas sans incidence sur leur indépendance.
En 2005, elle participe à la conférence Axis for Peace organisée par le Réseau Voltaire.


Journalisme

Elle collabore ponctuellement au Monde diplomatique.

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