Notre cerveau peut avoir des réactions bien étranges ou des ressources insoupçonnées... C'est en tout cas ce que nous révèle en partie "Diagnostics incroyables" de Pierrick Hordé, véritable succès en librairie, qui recense les cas les plus fous de la médecine moderne.
Après notre premier dossier concernant les histoires les plus étranges de la médecine, le docteur Pierrick Hordé, allergologue et directeur du site Santé-Médecine.net, a sélectionné pour vous les diagnostics les plus surprenants concernant les troubles neurologiques. Syndrome d'Alice au pays des merveilles, amnésie coïtale, guérison éclair... Voici autant de mystères qui ont été élucidés par la médecine.
L'histoire
Nadine et Jacques, mariés, traversent une mauvaise passe. Nadine se réveille un matin avec de violents maux de tête. Jacques dort profondément. Elle passe la main dans ses cheveux et découvre avec effroi quelques traces de sang. En se regardant dans la glace de sa salle de bains, elle aperçoit une petite plaie sur son crâne. Nadine pousse un cri. Que s'est-il passé ? Elle n'a pas de souvenir de s'être cogné la tête. Elle en parle à son mari qui ne réagit pas beaucoup. Les maux de tête persistent et commencent à inquiéter Nadine. Peu de temps après, elle fait un malaise qui la conduit aux urgences.
Diagnostic
Les examens radiologiques vont permettre de découvrir qu'elle présente une balle de 22 long rifle dans la tête. Son mari lui avait tiré dessus pendant la nuit. La balle de petit calibre s'était logée dans un bourrelet graisseux situé au niveau de la jonction occipito-cervicale. Cette zone, peu vascularisée, ne comprend aucun centre vital du cerveau. Ce qui explique le peu de saignement et une douleur "modérée".
Nadine dormait la tête tournée vers l'extérieur du lit, et présentait la partie postérieure de son crâne à son mari. Celui-ci ne l'a pas réveillé car il a utilisé un revolver muni d'un silencieux.
D'autre part, un véritable déni s'était installé et Nadine ne pouvait pas accepter que son mari ait tenté de l'assassiner.
Ce n'est pas un fait isolé, il existe quelques cas de personnes vivant avec une balle dans la tête. Il est cependant indispensable de surveiller la personne qui a reçu une balle, d'effectuer une IRM régulièrement afin de vérifier que la balle ne se déplace pas ou provoque un œdème ou une hémorragie.
Julie est une jeune femme handicapée par des maux de tête qui la gênent dans sa vie quotidienne et professionnelle. Elle est parfois clouée au lit de douleur. Puis un jour, Julie va vivre un phénomène très surprenant qui survient juste avant sa crise. Elle voit ses bras s'allonger démesurément jusqu'à atteindre le plafond, ses jambes se déformer, et réalise que tous les objets autour d'elles sont devenus microscopiques. Julie se met à trembler, prise d'une crise de panique devant ce qu'elle vient de vivre.
L'épisode, qui dure quelques jours, se reproduit les semaines suivantes. Il lui arrive même de voir autour d'elle des personnes avec des têtes de chien gigantesques. Serait-elle en train de devenir folle ?
Peu à peu ses maux de tête s'intensifient et ses migraines deviennent insupportables.
Un soir, n'y tenant plus, elle se rend aux urgences. Le diagnostic de migraine est bien sûr confirmé. Mais elle n'ose pas raconter à l'interne ses visions bizarres.
Les crises se répètent et Julie finit par consulter un neurologue. Cette fois, elle s'écroule en larmes en lui avouant ses étranges phénomènes.
Diagnostic
Le médecin évoque alors le syndrome d'Alice au pays des merveilles qui correspond à une aura migraineuse, situation qui annonce la survenue d'une migraine. L'apparition de fourmillements dans les bras ou des taches lumineuses dans les yeux peuvent être d'autres signes d'une aura migraineuse.
Ce syndrome fait référence au conte de Lewis Caroll et au changement d'état de son héroïne. Les épisodes durent de 10 à 15 minutes environ avant l'apparition des manifestations typiques de la migraine. Cela peut également s'observer au cours d'une épilepsie, chez les consommateurs de drogues ou de psychotropes. Ces hallucinations visuelles entraînent une modification brutale de la représentation d'une partie du corps dans l'espace et ceci au niveau de la forme de la taille ou du volume.
Le traitement consiste avant tout à traiter la cause du syndrome, en l'occurrence dans le cas de Julie, à prendre en charge sa migraine.
Jules est un enfant très dynamique mais un peu casse-cou : il tombe souvent de sa chaise haute, glisse dans les escaliers, se cogne. Le plus incroyable, c'est qu'il ne pleure jamais. Sa mère, peut-être un peu intriguée, semble plutôt fière.
Le jour de ses trois ans, chez ses grands-parents, Jules s'amuse avec leur chien, un berger allemand, et se fait mordre au niveau de la joue et sur le crâne sans pleurer du tout. L'interne de garde aux urgences est très étonné de constater que cet enfant ne pleure pas et qu'il ne réagit pas davantage lorsqu'il l'anesthésie localement pour lui faire des points de suture.
Un bilan va révéler qu'il est atteint d'une insensibilité congénitale à la douleur.
Diagnostic
L'insensibilité congénitale à la douleur, encore appelée analgésie congénitale à la douleur, est une maladie génétique rare qui entraîne dès la naissance l'absence de perception de la douleur par le cerveau.
Un enfant, ou un adulte, qui présente une insensibilité congénitale à la douleur peut se faire mal sans s'en rendre compte car il ne ressent pas la douleur. Peuvent ainsi apparaître de nombreuses fractures et des déformations. Le risque de voir survenir une situation urgente n'est pas rare : un enfant présentant des signes d'appendicite sans en ressentir les douleurs caractéristiques risque de voir ses manifestations s'aggraver vers une péritonite aux complications parfois tragiques.
Le même type de situation peut survenir lors d'abcès dentaires ou de brûlures.
Aucun traitement n'est actuellement disponible. Il faut apprendre à vivre sans la douleur, situation difficile sur le plan médical mais également psychologique car nous avons besoin de la douleur pour vivre normalement.
Le pronostic dépend notamment des mutilations, des chutes et de la bonne prise en charge des situations urgentes.
Anna, jeune femme dynamique et très sportive, travaille comme secrétaire dans le service financier d'un grand groupe. Un dimanche d'hiver, au cours d'une randonnée, Anna s'assoit dans l'herbe pour se reposer. Quelques minutes après, elle ressent un sentiment de bien-être l'envahir et son corps se met à trembler. Elle éprouve même quelques difficultés à se retenir de crier. C'est un véritable orgasme qu'elle vient de vivre. Une fois cette sensation très curieuse disparue, Anna se sent ailleurs, un peu perdue dans le vide et les yeux hagards.
Ces curieuses manifestations se reproduisent plusieurs fois tout au long des mois qui vont suivre. A chaque fois, heureusement pour elle, personne n'est témoin de ces scènes proches de l'obscénité.
Au cours d'un dîner dans une brasserie, à l'occasion de l'anniversaire de sa mère, Anna ressent à nouveau cet état proche d'une jouissance. Mais cette fois, elle ne se sent pas bien, fait un malaise et perd connaissance. Elle est immédiatement transférée aux urgences de l'hôpital le plus proche.
Le bilan permet d'évoquer le diagnostic d'aura orgasmique.
Diagnostic
L'aura orgasmique est un cas rare d'aura épileptique. L'aura épileptique correspond à un épisode épileptique au cours duquel le patient reste conscient et garde un souvenir de la gêne qu'il a ressentie.
Cette aura correspond à une crise d'épilepsie partielle simple sans perte de connaissance et peut annoncer dans un second temps une crise plus sévère.
L'épilepsie peut par exemple être provoquée par une tumeur ou un accident vasculaire cérébral. Le traitement consiste avant tout à traiter la cause.
Ces auras orgasmiques seraient liées à l'activation de la région fronto-temporale de l'hémisphère droit, zone participant à l'orgasme physiologique.
Laura et Roberto, proches des 70 ans, tiennent à Turin une papeterie à l'ancienne. Un matin, Laura découvre Roberto complètement inconscient dans la boutique. Il est victime d'un accident vasculaire cérébral. Dans le coma, les lésions qu'il a subies vont le plonger dans un état végétatif permanent.
Après plusieurs séjours dans des services hospitaliers, la famille décide de ramener à Roberto à son domicile, alors qu'il est toujours dans le coma. Laura, aidée par ses amis, est tout de même épuisée. Manquant de sommeil, elle consulte un médecin qui lui prescrit des somnifères.
Un jour, Laura trouve Roberto très agité. Elle décide de lui donner un comprimé du médicament qu'elle prend tous les soirs. "Ça ne pourra pas lui faire de mal", pense-t-elle.
Quelques heures plus tard, elle est réveillée par les mouvements que fait Roberto. Surprise, elle allume la lumière et constate qu'il s'est remis à bouger.
Le lendemain, elle lui redonne un comprimé : l'effet est encore plus spectaculaire. Il se redresse. Roberto est en train de sortir des longs mois de torpeur dans lequel son coma l'avait plongé.
Diagnostic
Le somnifère a provoqué un effet très spectaculaire entraînant la sortie du coma de Roberto.
Plusieurs hypothèses sont émises : l'effet paradoxal de ce somnifère, le Zolpidem, serait provoqué par une activation des circuits cérébraux de la motivation rétablissant une exécution motrice et une expression verbale spontanée.
De nombreuses équipes travaillent sur cette question. Ce médicament est désormais de plus en plus proposé chez des personnes présentant un état végétatif permanent. Malheureusement, cette amélioration n'est constatée que chez un très faible nombre d'entre elles.
Janice, 63 ans, termine sa dernière année d'enseignement. Elle traîne une déprime depuis des années et n'en peut plus d'être confrontée chaque jour à des dizaines d'élèves de plus en plus difficiles.
Elle compte désormais les jours et coche chaque matin son calendrier. Il lui reste 4 mois de travail, 129 jours plus précisément.
Un matin, elle se réveille, dans un drôle d'état, épuisée : ses membres semblent engourdis, son visage est déformé. Affolé, son mari appelle un service d'urgence. Elle récupère assez rapidement, mais lorsque le médecin arrive, elle se met à lui parler dans une langue ressemblant à de l'allemand, pays dans lequel elle n'a jamais séjourné et dont elle ne connaît pas la langue. Elle est victime du syndrome de l'accent étranger.
Diagnostic
Aussi appelé "Foreign accent syndrome", il s'agit d'une anomalie rare provoquée par des lésions neurologiques atteignant l'hémisphère gauche dans la région du lobe frontal, zone qui contrôle la parole et les mouvements fins de l'articulation.
Ces lésions sont à l'origine d'un trouble du langage très rare, entraînant une modification de la prosodie, mécanisme qui évalue les variations de l'intonation et de l'accentuation de la durée syllabique. Le ton, l'inflexion, et la modulation sont ainsi perturbés.
La personne qui écoute celle qui est atteinte du syndrome de l'accent étranger a l'impression qu'elle parle une autre langue.
Les lésions peuvent par exemple être provoquées par un traumatisme cérébral ou un accident vasculaire cérébral.
Après 40 ans de vie commune, Karl et Utte ont encore une vie sexuelle très active.
Un après-midi, au cours d'une sieste crapuleuse, Karl s'interrompt brutalement, comme perdu, ne sachant plus ce qu'il est en train de faire. Il est complètement hagard, les yeux dans le vide. Utte n'insiste pas, ayant trop de peur de l'inquiéter davantage.
Mais plusieurs épisodes identiques se reproduisent quelques semaines plus tard et toujours au cours d'une relation sexuelle. Utte décide alors d'en parler à son médecin. Un bilan neurologique révèle que Karl présente un épisode d'amnésie coïtale.
Diagnostic
L'amnésie coïtale survient au cours d'un acte sexuel. Ce type d'amnésie fait partie des amnésies globales transitoires entraînant une amnésie brutale et brève de la mémoire récente, et ceci en l'absence d'autres manifestations neurologiques. Le bilan neurologique comprend notamment IRM et scanner, qui est normal.
Après la crise, la personne ne se souvient de rien et reste angoissée et perturbée pendant de longues heures. Le stress, la fatigue et les efforts pourraient favoriser cette amnésie.
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