La lettre en date du 26 juillet 2013, a été écrite en collaboration avec Bruce Fein, l’avocat de Lon Snowden.
Dans cette lettre, Snowden compare les programmes de surveillance de l’Agence de sécurité nationale (NSA) à la loi sur les esclaves en fuite [nommée Fugitive Slave Act] et aux lois Jim Crow [lois de ségrégation] dans les Etats du sud des Etats-Unis. Il écrit que les Etats-Unis ont des leçons à tirer de la « dynamique du Troisième Reich ». La lettre compare aussi la situation actuelle au procès de Nuremberg après la Deuxième Guerre mondiale « lors duquel l’argument de ‘l’obéissance aux ordres’ avait été rejeté en tant que moyen de défense. »
La lettre arrive dans le contexte de nouvelles divulgations concernant l’ampleur formidable des programmes. Dans une interview accordée dimanche à l’émission d’information « This Week » de la chaîne américaine ABC News, le journaliste du Guardian, Glenn Greenwald a affirmé : « La NSA dispose de milliers de milliards de communications téléphoniques et de courriers électroniques dans leurs bases de données qu’ils ont collectées au cours de ces dernières années. »
Greenwald a décrit les programmes utilisés par la NSA en disant « Tout ce qu’un analyste doit faire c’est indiquer une adresse email ou une adresse IP et le programme fait deux choses. » Et de poursuivre, « Il recherche cette base de données et le laisse écouter l’appel ou lire les courriers de tout ce que la NSA a stocké, ou il consulte l’historique de navigation où se trouve les termes de recherche Google qui ont été tapés et il alerte également à toute autre activité que les gens reliés à cette adresse email ou cette adresse IP font à l’avenir. »
« Tout ceci se fait sans consultation d’un tribunal et sans que l’analyste ait même besoin d’obtenir l’approbation d’un supérieur, » a-t-il continué. Greenwald a dit qu’il présenterait des preuves de l’accès extensif aux données relatives à la surveillance accordé à des analystes subalternes.
Dans leur lettre ouverte, Lon Snowden et Fein accusent le gouvernement Obama de recourir au secret pour laisser l’opinion publique dans le brouillard et bloquer le débat sur ses « programmes de surveillance orwelliens ». Ils affirment qu’une « grande majorité » de la population américaine « exprime maintenant son inquiétude quant au maillage de surveillance de tous les Américains qu’Edward a démasqué et que vous dissimulez. »
Les auteurs affirment que les actions de Snowden découlent d’une longue tradition de désobéissance civile contre la tyrannie, écrivant que « l’histoire de la liberté est celle de la désobéissance civile face à des lois ou pratiques injustes. » Ils citent Thoreau [Henry David] au sujet du devoir moral de contrevenir à la loi lorsque la loi devient un instrument d’injustice : « Si l’injustice devient telle qu’elle fait de vous l’instrument d’une injustice frappant des tiers, alors j’affirme qu’il faut violer la loi. Vous devez faire de votre vie l’obstacle qui arrêtera la machine. »
Fein et Snowden placent la persécution de Snowden [Edward] dans le contexte des crimes historiques perpétrés par l’élite dirigeante américaine en mentionnant l’emprisonnement durant la Deuxième Guerre mondiale de citoyens américains d’origine japonaise. Ils écrivent : «Une page très sombre de l’histoire américaine de la Deuxième Guerre mondiale n’aurait jamais été écrite si le Ministre de la Justice (Attorney General) de l’époque avait démissionné plutôt que de participer à l’organisation de camps de concentration racistes où furent parqués 120.000 citoyens américains d’origine japonaise ainsi que des étrangers résidents aux USA. »
Ils affirment qu’Edward Snowden était motivé par sa conviction que l’« espionnage secret et aveugle de millions de citoyens innocents » dans lequel il était impliqué violait l’esprit des premier et quatrième amendements. Voyant que les « membres du Congrès concernés sont restés soit silencieux soit se sont bornés à faire des commentaires sibyllins, » Snowden « s’est retrouvé confronté à choisir entre son devoir de citoyen et la passivité. »
Fein et Snowden condamnent la réaction du gouvernement Obama face aux divulgations. « Nous trouvons donc que le zèle avec lequel votre gouvernement chercher à punir M. Snowden pour avoir fait son devoir de citoyen qui est de protéger le processus démocratique et de sauvegarder les libertés, est inadmissible et indéfendable. »
« D’autre part, nous sommes consternés par le mépris dont fait montre votre gouvernement des règles d’un procès équitable, de la primauté du droit, de la justice et de la présomption d’innocence en ce qui concerne Edward, » ont-ils ajouté.
La lettre cloue aussi au pilori le Congrès en accusant les « Démocrates et Républicains en vue, du Congrès et du Sénat » d’avoir violé la présomption d’innocence en dénonçant Edward comme un traitre immédiatement après la divulgation des documents, notamment « John Boehner, Président du Congrès, Nancy Pelosi, Michele Bachmann, membres du Congrès et la Sénatrice Dianne Feinstein. »
La lettre conclut en exhortant Obama à lever les charges qui pèsent sur Snowden et à appuyer les lois « qui viendront mettre fin aux abus de surveillance de la NSA qu’il a révélés. » Toutefois, comme Obama l’a clairement fait comprendre, il n’a nullement l’intention de faire l’une ou l’autre de ces choses.
Thomas Gaist
Article original, WSWS, paru le 29 juillet 2013
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