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Le plus grand champion français d’athlétisme, Alain Mimoun, a été enterré le 9 juillet. Alors que les championnats nationaux d'athlétisme se déroulent ce week-end à Paris, Hadj Khalal, un de ses amis, revient sur la vie de cette légende.
Par Stéphanie TROUILLARD (texte)
L’émotion est toujours très forte. Quelques jours après l'hommage national et
les obsèques d’Alain Mimoun, inhumé le 9 juillet en Corrèze à l’âge de
92 ans, Hadj Khalal se remémore leur amitié. "Quand on faisait des
footings avec Alain, il me répétait toujours en plaisantant : 'Attention
il va falloir que tu sois fort quand je ne serai plus là. Je serai
lourd ce jour-là'. À son enterrement, j’ai demandé à le porter avec
trois copains. Je voulais que sa demande se réalise", raconte-t-il à
FRANCE24 avec beaucoup d’émotion. "Il savait que je serai secoué. J’ai
pris dix ans d’un coup. C’était mon grand frère. Il était tout pour
moi", poursuit la gorge serrée, cet entraîneur d'athlétisme âgé de 71
ans.
"Un soldat olympique assoiffé de France"
Entre ces deux hommes, tout d’eux d’origine algérienne, c’est une histoire d’amitié et de sport de plus de quarante ans. "On s’est rencontrés au championnat de France à Angers dans les années 70. On a couru ensemble toute la course et on est devenus amis. La première fois que je l’ai vu, c’est comme si j’avais vu quelque chose de grand", insiste Hadj Khalal. Ce dernier sait qu’il a face à lui le plus grand champion de l’histoire de l’athlétisme français. Quadruple médaillé olympique, 32 fois champion de France (sur 5 000m, 1 0000m, marathon et cross-country), Alain Mimoun a tout gagné : "Quand vous parlez de lui, certaines personnes ne comprennent pas, mais c’était un phénomène.
C’était un soldat olympique assoiffé de France !"
Avant de devenir une icône des pistes, l’athlète était en effet un militaire. Né en 1921 dans une modeste famille d’agriculteurs du petit village de Télagh, dans le département d’Oran, en Algérie française, il rejoint en 1942 l’Armée d’Afrique et combat avec bravoure durant la Seconde Guerre mondiale. Deux ans plus tard, il est gravement blessé par un éclat d’obus lors de la célèbre bataille du Monte Cassino en Italie. Déterminé à ne pas perdre sa jambe, il refuse l’amputation pourtant conseillée par les médecins. Une décision qui va changer le cours de sa vie. Après le conflit, il s’installe en France et se lance à corps perdu dans la course.
Aux Jeux olympiques de Londres en 1948, il remporte une première médaille d’argent sur 1 000 m. Quatre ans plus tard, il récidive à Helsinki et termine aussi 2e sur le 5 000 m. Mais la gloire, il l’acquiert définitivement à Melbourne en 1956 où le petit homme franchi triomphalement la ligne d’arrivée de l’épreuve du marathon et décroche l’or. "Il ne parlait que de ça ! Quand il mangeait, quand il voyageait. C’était sa vie "!, explique Hadj Khalal. "À Melbourne, à cinq kilomètres de l’arrivée, il se sentait mal, il avait les jambes en bois. La fatigue arrivait, mais après son entrée dans le stade, c’est comme une bombe qui a explosé, il ne sentait plus ses jambes !".
Un kilo de beurre par victoire
Le secret de cette incroyable réussite ? "C’était son amour pour la France. C’était sacré. Quand il voyait le drapeau tricolore monter au milieu, c’était le rêve pour lui". À cette époque, le champion olympique vit dans un modeste deux pièces du 19e arrondissement de Paris. Pas de sponsors, ni de centre de formation, juste le goût de l’effort et la fierté de représenter son pays. "Quand il gagnait une course internationale ou nationale, on lui donnait un kilo de beurre, maintenant quelqu’un qui remporte une grande épreuve, il a tout de suite comme 30 000 ou 40 000 euros. S’il avait gagné de l’argent comme les champions de maintenant, il serait milliardaire !", souligne avec malice son camarade de jeu.
Jusqu’à sa mort, le 27 juin dernier, l’ancien champion s’est accroché à cette unique passion de la course. "Il y a un mois et demi, je l’ai emmené dans la maison de sa fille. Il commençait à tourner en rond dans la cour. Je lui ai dit 'Tu veux qu’on trottine ?', il m’a répondu 'tu es fou !' et pourtant il a trotté sur 10/15 mètres. Il était heureux comme un pape", se souvient son ami.
Mais diminué par la mort de sa femme, il y a deux mois, Alain Mimoun savait que la fin de la course était toute proche : "Ce jour là, il m’a amené à la cave et il m’a donné une bouteille de champagne. Il m’a dit "Tu vas la boire avec quelqu’un que tu aimes bien, tu auras de la force grâce à elle et tu expliqueras ce qu’est la vie d’Alain Mimoun". Cette dernière mission est désormais remplie. Déjà considéré comme une légende de son vivant, le petit coureur, reconnaissable à son mouchoir noué aux quatre coins de sa tête, trône désormais sur l'une des plus hautes marches du panthéon du sport français.
Une cérémonie présidée par François Hollande, qui a rendu hommage au champion olympique du marathon à Melbourne en 1956 mais aussi au combattant, engagé volontaire pendant la Seconde guerre mondiale.
Le président a notamment salué la mémoire d'un grand champion "porté par l'amour de la France".
"Un soldat olympique assoiffé de France"
Entre ces deux hommes, tout d’eux d’origine algérienne, c’est une histoire d’amitié et de sport de plus de quarante ans. "On s’est rencontrés au championnat de France à Angers dans les années 70. On a couru ensemble toute la course et on est devenus amis. La première fois que je l’ai vu, c’est comme si j’avais vu quelque chose de grand", insiste Hadj Khalal. Ce dernier sait qu’il a face à lui le plus grand champion de l’histoire de l’athlétisme français. Quadruple médaillé olympique, 32 fois champion de France (sur 5 000m, 1 0000m, marathon et cross-country), Alain Mimoun a tout gagné : "Quand vous parlez de lui, certaines personnes ne comprennent pas, mais c’était un phénomène.
C’était un soldat olympique assoiffé de France !"
Avant de devenir une icône des pistes, l’athlète était en effet un militaire. Né en 1921 dans une modeste famille d’agriculteurs du petit village de Télagh, dans le département d’Oran, en Algérie française, il rejoint en 1942 l’Armée d’Afrique et combat avec bravoure durant la Seconde Guerre mondiale. Deux ans plus tard, il est gravement blessé par un éclat d’obus lors de la célèbre bataille du Monte Cassino en Italie. Déterminé à ne pas perdre sa jambe, il refuse l’amputation pourtant conseillée par les médecins. Une décision qui va changer le cours de sa vie. Après le conflit, il s’installe en France et se lance à corps perdu dans la course.
Aux Jeux olympiques de Londres en 1948, il remporte une première médaille d’argent sur 1 000 m. Quatre ans plus tard, il récidive à Helsinki et termine aussi 2e sur le 5 000 m. Mais la gloire, il l’acquiert définitivement à Melbourne en 1956 où le petit homme franchi triomphalement la ligne d’arrivée de l’épreuve du marathon et décroche l’or. "Il ne parlait que de ça ! Quand il mangeait, quand il voyageait. C’était sa vie "!, explique Hadj Khalal. "À Melbourne, à cinq kilomètres de l’arrivée, il se sentait mal, il avait les jambes en bois. La fatigue arrivait, mais après son entrée dans le stade, c’est comme une bombe qui a explosé, il ne sentait plus ses jambes !".
Un kilo de beurre par victoire
Le secret de cette incroyable réussite ? "C’était son amour pour la France. C’était sacré. Quand il voyait le drapeau tricolore monter au milieu, c’était le rêve pour lui". À cette époque, le champion olympique vit dans un modeste deux pièces du 19e arrondissement de Paris. Pas de sponsors, ni de centre de formation, juste le goût de l’effort et la fierté de représenter son pays. "Quand il gagnait une course internationale ou nationale, on lui donnait un kilo de beurre, maintenant quelqu’un qui remporte une grande épreuve, il a tout de suite comme 30 000 ou 40 000 euros. S’il avait gagné de l’argent comme les champions de maintenant, il serait milliardaire !", souligne avec malice son camarade de jeu.
Jusqu’à sa mort, le 27 juin dernier, l’ancien champion s’est accroché à cette unique passion de la course. "Il y a un mois et demi, je l’ai emmené dans la maison de sa fille. Il commençait à tourner en rond dans la cour. Je lui ai dit 'Tu veux qu’on trottine ?', il m’a répondu 'tu es fou !' et pourtant il a trotté sur 10/15 mètres. Il était heureux comme un pape", se souvient son ami.
Mais diminué par la mort de sa femme, il y a deux mois, Alain Mimoun savait que la fin de la course était toute proche : "Ce jour là, il m’a amené à la cave et il m’a donné une bouteille de champagne. Il m’a dit "Tu vas la boire avec quelqu’un que tu aimes bien, tu auras de la force grâce à elle et tu expliqueras ce qu’est la vie d’Alain Mimoun". Cette dernière mission est désormais remplie. Déjà considéré comme une légende de son vivant, le petit coureur, reconnaissable à son mouchoir noué aux quatre coins de sa tête, trône désormais sur l'une des plus hautes marches du panthéon du sport français.
Hommage national à Alain Mimoun aux Invalides
Les honneurs militaires ont été rendus ce matin dans la cour d'honneur des Invalides à Alain Mimoun, décédé la semaine dernière à l'âge de 92 ans.Une cérémonie présidée par François Hollande, qui a rendu hommage au champion olympique du marathon à Melbourne en 1956 mais aussi au combattant, engagé volontaire pendant la Seconde guerre mondiale.
Le président a notamment salué la mémoire d'un grand champion "porté par l'amour de la France".
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