Fin du contrat moral entre le salarié et l'employeur, prise de
parole accrue grâce aux réseaux sociaux... Les pratiques traditionnelles
de l’autorité en entreprise sont mises à mal et le leadership est en
train de se partager. Explications du phénomène.
La parole libérée grâce à internet
Tout d’abord chacun apprend à se saisir des possibilités d’internet. En passant de la logique des portails à celle de la connexion entre pairs, internet vitalise les relations horizontales. Il offre une tribune à toutes les idées, et permet d’accéder directement à des personnes et des informations. Il vient tempérer la parole exclusive issue de l’entreprise et parfois même la contredit. Il est possible de disposer de canaux d’informations plus performants sur sa propre entreprise que les journaux internes. Il est possible de mieux évaluer les positions de la ligne managériale, via les bribes d’informations qui circulent sur les canaux sociaux. Internet ouvre à plus de transparence, incite chacun à analyser plus précisément les événements et in fine rend plus critique.Plus de négociations avec l'employeur
Denis
Cristol, directeur de l'ingénierie et des dispositifs de formation du
Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT).
80 % des occidentaux vivent dans des villes. L’urbanisation est un phénomène de maillage physique et de rapprochement des lieux de vie, de travail, de loisir, des centres de décision, des lieux de savoir et de consommation. En concentrant sur des zones ramassées des services, des emplois, des pôles de décisions, l’urbanisation accélère la formation d’idées, de projets, de perspectives et d’opportunités. Les grandes métropoles connaissent de plus grandes mobilités sociales, professionnelles, géographiques. Avec une urbanisation croissante, les asymétries sont moins grandes, les possibilités de négociation sont plus élevées pour un collaborateur vis-à-vis de son employeur.
Participer aux décisions
Avec plus de 60 % d’une classe d’âge accédant à l’enseignement supérieur dans le monde occidental, il est observable que des salariés plus qualifiés apportent plus d’idées à leurs entreprises, mais exigent aussi plus en retour. Ces salariés qualifiés souhaitent exploiter leurs compétences et participer aux décisions qui les concernent. Ils sont d’autant plus enclins à le faire que les valeurs portant sur l’épanouissement au travail se développent. Les managers autocratiques ou maladroits dans l’art de faire collaborer des équipes se trouvent alors devenir un problème.Exigence accrue des salariés
« Pour les entreprises, un des moyens de sortir de l'impasse est de
faire moins de discours sur les grandes causes et les bonnes intentions
et de partager les responsabilités, les risques et les gains. »
- Denis Cristol
Le contrat moral entre l’employeur et le collaborateur est mis à mal. L’offre d’un temps de travail et d’une obéissance contre le maintien de son emploi est rompue. Les crises énergétiques, démographiques, économiques, sociales, morales successives ne sont plus des crises mais un déséquilibre continu. Elles ont affaibli le contrat tacite initial qui s’est transformé en donnant-donnant voire même en prenant-prenant. Si l’on observe la montée du contentieux individuel, le manager se trouve en perte de repère et doit là aussi composer sous peine d’attrition rapide des collectifs de travail au sein desquels se niche une part de la valeur ajoutée. Le management autocratique fait courir des risques à cette source de valeur ajoutée.
La difficile position du manager
Un des phénomènes les plus déstabilisants pour le management réside dans la financiarisation de l’économie. Celle-ci conduit les actionnaires à s’attacher la fidélité d’équipes dirigeantes pour atteindre des objectifs de profit. Ces groupes de cadres restreints et choyés assurent les fonctions managériales d’orientation et laissent à leurs équipes de cadres intermédiaires la tâche de surveiller la réalisation de l’activité selon des procédures précisément établies. Ce faisant, la ligne managériale est doublement coupée en deux. D’une part, il y a une désolidarisation économique entre ceux qui bénéficient des bonus et les autres. D’autre part, la fonction sociale de management diverge dans sa finalité et ses temporalités. Les temps financiers auxquels s’attachent les dirigeants sont plus courts que les temps des hommes qui doivent sans cesse s’adapter.
Développement des solidarités
Pour aller plus loin
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Motivation : le Job Crafting redonne du sens au travail
Le Job Crafting est l'art de laisser le collaborateur libre de « façonner » son travail pour le rendre plus attractif. Cette démarche responsabilisante qui implique l'assentiment du top management, fait baisser le taux d'absentéisme et de turnover.
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