vendredi 21 mars 2014

Tribune de Sakozy : la gauche dénonce une dérive « à la Berlusconi »


Le Monde.fr | • Mis à jour le



Le moins que l'on puisse dire, c'est que la tribune de Nicolas Sarkozy publiée jeudi 20 mars, où l'ancien président de la République commente les révélations sur sa mise sur écoute par la justice, n'est pas passée inaperçue. L'exécutif a notamment vivement critiqué le passage où M. Sarkozy compare les écoutes le visant aux méthodes de la Stasi, police politique de l'ex-RDA.


En déplacement à Bruxelles pour un Conseil européen, François Hollande a ainsi affirmé jeudi soir que « toute comparaison avec des dictatures [était] forcément insupportable ».
« Laisser penser que notre pays, notre République, puissent ne pas être fondés sur les libertés, c'est introduire un doute qui n'a pas sa place. Mon devoir, comme tout président de la République, c'est d'assurer l'indépendance de la justice, la séparation des droits de la défense, la présomption d'innocence, le respect des décisions de la chose jugée qui s'imposent à tous.
[C'est] de faire en sorte que les magistrats puissent faire leur travail dans notre pays, non pas comme ils le pensent individuellement, mais comme le droit leur fait obligation d'agir [et] c'est aussi de veiller à ce que les avocats puissent assurer la tâche qui est la leur. (...) Ce devoir, je le ferai, je l'assurerai chaque fois que la justice sera mise en cause, car vouloir atteindre ces principes-là, c'est altérer la confiance que les citoyens doivent avoir à l'égard de la justice. »
« PRIS PAR UNE FORME DE RAGE »
Plusieurs membres du gouvernement ont pris la parole pour dénoncer, à l'image de Manuel Valls, le comportement de M. Sarkozy. « On a l'impression que Nicolas Sarkozy, pris par une forme de rage, veut se protéger. De quoi ? Je ne sais pas », a-t-il dit sur Europe. Le ministre du travail Michel Sapin a qualifié cette tribune de « coup d'Etat verbal contre les institutions », « à la Berlusconi ».
Jeudi, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, s'était insurgé dans un communiqué contre les attaques portées par l'ancien président de la République contre le gouvernement et la justice.
« Mettre en cause l'honneur de la justice et de la police est une grave faute morale. Dans un Etat de droit, les juges sont indépendants, et la police agit dans le cadre des lois. Le gouvernement y veille scrupuleusement. La comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable. Le respect des institutions de la République s'impose à tous, et particulièrement à ceux qui exercent ou ont exercé les plus hautes responsabilités. »
Christiane Taubira, ministre de la justice, a, elle, dénoncé « une injure à l'égard des citoyens français et des juges », tandis que son homologue de l'intérieur, Manuel Valls, s'est insurgé dans Le Parisien contre un propos « infâmant pour les magistrats et les policiers de notre pays ».

« VERS QUEL TYPE DE RÉGIME SE DIRIGE-T-ON ? »
Henri Guaino, le 5 février.
A droite, le président de l'UMP, Jean-François Copé, a qualifié le texte de « réponse courageuse » et « indispensable aux accusations incessantes ».

« Quand on se met à écouter tout le monde à tort et à travers, vers quel type de régime se dirige-t-on ? », s'est interrogé sur Europe 1 Henri Guaino, l'ancienne plume de M. Sarkozy, avant de répondre lui-même :
« Sinon vers une société ou un régime où il n'y a plus de sphère privée, où il n'y a plus d'intimité, de secret des personnes, de secret des correspondances. Ça s'appelle, dans l'histoire, le totalitarisme. »
Interrogée sur i>Télé, l'ancienne ministre Nadine Morano a dénoncé « le comportement d'un gouvernement de la France ». « Trop, c'est trop, on n'a pas le droit de se comporter comme cela. Nicolas Sarkozy est un justiciable comme un autre, ni plus ni moins, mais pas moins non plus. »

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