Internet
a déjà bouleversé les secteurs des médias, de la culture ou de la
distribution. A présent, c'est au tour du monde de l'éducation : du
primaire à l'université, le « tsunami numérique » fait naître de
nouveaux outils (tableaux blancs interactifs, MOOC…), de nouvelles
pratiques (suivi personnalisé des élèves, « design thinking »…) et de
nouveaux modèles économiques. Le livre d'Emmanuel Davidenkoff, directeur
de la rédaction de « L'Etudiant », dresse un panorama complet et lucide
de ces innovations. Mais son grand mérite est de s'interroger sur la
place du système éducatif français dans cette révolution. Le diagnostic
est sans appel : rigide et élitiste, notre modèle doit se remettre en
cause s'il ne veut pas être balayé par des acteurs américains.
Puissance : « La question n'est pas de savoir si le
numérique entrera ou non dans toutes les écoles mais avec quelle
rapidité il le fera, ni de savoir si le secteur public et le privé sous
contrat réagiront avant qu'une offre purement privée se structure en
complément de l'école (...) ou à sa place. Pour se faire une idée de la
puissance exponentielle des innovations portées par le numérique, il
faut bien comprendre que les enseignements diffusés par un seul site,
celui de la Kahn Academy, étaient suivis en 2013 par 6 millions de
personnes par mois, soit (...) dix fois le nombre d'étudiants passés par
Harvard depuis sa création en 1636. »
Compétences : « De toutes parts, ce même
"sauve-qui-peut" : il faut sauver le primaire, et pour ce faire repartir
du "lire-écrire-compter". Dans ce contexte, ceux qui tentaient
d'avancer que les « fondamentaux » du XXIe siècle n'étaient
pas les mêmes que ceux de l'école de Jules Ferry avaient peu de chances
de se faire entendre. Que sait-on des compétences dont nos enfants
auront besoin ? Ils devront se servir d'un clavier pour écrire.
L'apprend-on à l'école ? Non. » (...)
Lucidité : « Croire que le numérique, en soi,
améliorera la qualité de l'enseignement est absurde. Mais il est encore
plus absurde de se priver du fabuleux levier de changement qu'il
offre. »
Résistances : « Comme Kodak en son temps, l'Education
nationale imagine au fond que son modèle résistera éternellement. En
dépit des signaux qui lui sont adressés, elle ne se donne pas les moyens
d'innover en profondeur, de changer de modèle, préférant laisser le
privé ou le monde associatif créer des offres alternatives à tous les étages du système. »
Benoît Georges
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