Mots clés :
psychologie, stress, Stress au travail, burn-out
Par
Pascale Senk - le 15/03/2013
Devenue un trouble chronique, elle est au cœur des risques psychosociaux au travail.
Le contexte y est évidemment pour beaucoup. «Des objectifs chiffrés de plus en plus hauts, des comparaisons d'employés entre eux et de services entre eux, la nécessité de faire plus avec moins de moyens… De nombreux salariés me disent se sentir pressés comme des “citrons” et frustrés de ne pouvoir faire le travail aussi bien qu'ils le souhaiteraient, observe le Dr Christophe Massin, qui intervient lors de formations sur les risques psychosociaux dans l'entreprise et a publié avec le Dr Isabelle Sauvegrain Réussir sans se détruire (Éd. Albin Michel). Lorsque les contraintes ne sont pas reliées à des situations temporaires, mais se généralisent, elles installent peu à peu une pression globale à laquelle il devient difficile de résister».
Résultat, la dimension personnelle de la personne, sa spécificité, son savoir-faire s'effacent, pour laisser place au seul stress d'obtenir des résultats rapides et visibles. «Peu à peu, le travailleur se donne beaucoup, tout en se sentant menacé, explique le psychiatre. Il a l'impression qu'il fait tout mal, commence à patiner tout en augmentant ses heures de présence… Lorsqu'il s'épuise ainsi, on se rapproche du burn-out».
Le stress de performance distillé ainsi à outrance épuise le plaisir et la satisfaction du travail juste bien fait. La coach Pascale Henry-Deguirmendjian qui, au sein de son cabinet Crysalead développe le concept mis au point par la psychothérapeute Valérie Colin-Simardpour favoriser l'équilibre dans l'entreprise, a elle-même vécu ce cercle vicieux. «J'étais directrice financière et j'avais la conviction que pour réussir, il me fallait en passer uniquement par l'effort intellectuel, la surcharge de travail, l'abstraction, se souvient-elle. Je reléguais au placard mon intuition, ma créativité, mon plaisir… J'observe cette même tendance chez la plupart de nos coachés qui, pour tendre à outrance la corde, se coupent de leurs émotions.»
«Prendre du recul»
C'est alors le corps seul qui, pour avoir été trop négligé, peut réagir et manifester des failles: tendinites, maladies cardio-vasculaires, insomnies… Tous ces signes du mal-être au travail deviennent alors, paradoxalement, des voies thérapeutiques. «Les salariés que nous accompagnons ont mis de côté, par peur d'échouer, leurs ressentis physiques et émotionnels, ajoute Pascale Henry-Deguirmendjian. Les premiers jours de nos formations, lorsqu'ils s'expriment, nous ne cessons de les interrompre et de leur poser la même question: “Que ressentez-vous?” Et ils nous répondent presque systématiquement “Je pense que… ”Jusqu'au moment où ils parviennent enfin à ressentir leurs émotions. Cette rééducation n'a de sens que si elle s'allie ensuite à la capacité à faire respecter un cadre, établir de vrais contrats… Pour ne pas rester dans une posture de victime.»Apprendre à s'appuyer sur le corps pour s'en sortir semble donc incontournable. «Physiquement, nous pouvons sentir que nous mettons en danger notre équilibre, alors que dans notre esprit nous ne percevons pas la limite, explique le Dr Christophe Massin. C'est donc notre corps qui doit devenir un support pour nous aider à reconnaître la surcharge mais aussi à nous détendre, retrouver du recul et nous recentrer.» Relaxation, sophrologie, yoga sont parmi les techniques les plus prisées en la matière.
Pas question de ne plus souhaiter être performant, donc, mais garder cet objectif tout en prenant soin de soi, tel est l'enjeu. Et le psychiatre de rappeler cette loi du vivant qui avance toujours selon la même tension: «lorsque votre environnement exerce une pression trop forte, il est nécessaire d'exercer de votre côté une contre-pression, en posant vos limites, pour rétablir l'équilibre. Cela demande une capacité à prendre du recul vis-à-vis du système qui vous emporte». On pourrait aussi appeler cela «aménager les contraintes» ou «réguler son activité».
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