Monette Vacquin, Fayard, 1999, 276 p., 130 F.
ANNIK BIANCHINI
Mis à jour le 15/06/2011
Moins de vingt ans séparent la naissance du premier bébé par fécondation in vitro des perspectives annoncées de clonage et de transgenèse humaine. Dans l'intervalle, entre 1978 et 1997, on a pu assister à un feu d'artifices d'innovations biologiques : la naissance d'Amandine, les jumeaux bébés-éprouvettes nés à des années d'écart, la congélation d'embryons, l'insémination post mortem, les grands-mères porteuses, etc. Derrière ces progrès scientifiques prétendument mis au service du projet parental, l'auteur voit une inquiétante instrumentalisation de l'être humain. Car, après tout, aucune urgence humaine n'expliquait l'extraordinaire arsenal déployé pour maîtriser la vie. Quelles sont donc les significations profondes de ce rapt accompli par la biologie sur la procréation ? Pourquoi cette fixation de la technique sur ces moments de passage que sont la naissance et la mort ? Comment expliquer cette crise de la transmission de la vie ?
A ces interrogations, M. Vacquin tente de répondre sur un mode personnel, en empruntant à la philosophie, au droit, à l'exégèse religieuse, à l'anthropologie, et surtout à la psychologie des profondeurs. Dénonçant la faiblesse de la bioéthique, ainsi que la stérilité des controverses actuelles sur le sujet, l'auteur juge que notre société souffre d'un déficit symbolique sans précédent. Dans un chapitre consacré aux récits de la Genèse, M. Vacquin développe l'idée selon laquelle l'origine psychique de l'humain ne peut être qu'un objet de mythe, la science étant incapable de décrire comment l'homme devient sujet.
Ce livre de réflexions, souvent très personnelles, mais fourmillant d'exemples concrets (informations juridiques, déclarations, articles de presse), porte une critique radicale contre cette tendance au passage à l'acte sur le vivant.
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