Le rapport présenté par les dirigeants d’Atos et d’OVH à Arnaud Montebourg appelle à un stockage des données en Europe.
Thierry Breton (à gauche), PDG d'Atos, et Octave Klaba, patron d'OVH, ont codirigé le rapport « Cloud Computing ». - Photos Kenzo Tribouillard et DR
Créer
100.000 emplois à peu de frais... ou rester à la traîne des géants
américains, comme Google, Amazon ou Microsoft. Telle est l’alternative
proposée par le rapport « Cloud Computing » codirigé par Thierry Breton,
le PDG d’Atos, et Octave Klaba, le patron d’OVH, et qui fait partie des
34 plans de la nouvelle France industrielle lancés à l’automne par
Arnaud Montebourg. Le rapport, qui compte 10 propositions que « Les
Echos » ont pu consulter, doit encore être remis au Premier ministre,
Manuel Valls.
A l’heure où
l’affaire d’espionnage de la NSA, dévoilée par Edward Snowden, a créé un
climat de suspicion à l’égard de l’hébergement des données, les deux
industriels suggèrent comme principale piste la création d’un label
« Secure Cloud », qui serait attribué à tous les services de cloud –
quelle que soit leur nationalité – remplissant un certain nombre de
règles en termes de sécurité, d’accès au service et surtout de
localisation des données. Corollaire du label, le rapport suggère une
évolution de la réglementation française et européenne, qui
sanctuariserait un espace européen aux règles de sécurité identiques.
Une
consultation publique a déjà été ouverte à Bruxelles. Dans la mesure où
il y a peu de chances qu’un consensus émerge entre les 28 Etats, le
rapport conseille donc à la France et à l’Allemagne de prendre
l’initiative réglementaire et de développer un espace que pourraient
ensuite rejoindre progressivement les autres Etats. Cette proposition
fait écho à celle émise l’an passé par Thierry Breton, qui codirige
également au niveau européen un groupe de travail sur le cloud avec Jim
Snabe, le patron de l’éditeur allemand de logiciels SAP, et qui appelle à
la création d’un « Schengen des données ». La localisation des données
ne fait toutefois pas consensus parmi les industriels français, certains
ayant des serveurs installés hors d'Europe.
Réallouer des budgets
Si
le rapport promet que les autres mesures seront indolores pour les
finances publiques, en réalité, il compte surtout sur des réallocations
de budgets vers le cloud. Ainsi, Atos et OVH souhaitent que la France
attire des « data centers », ces centres d’hébergement des données,
notamment en faisant accompagner les porteurs de projet par la Banque
publique d’investissement. Chaque centre pourrait créer « une centaine d’emplois directs et quelques centaines d’emplois indirects »,
assure le rapport. Pour les industriels, la sphère publique doit aussi
montrer l’exemple, en créant un « App Store » pour les collectivités
locales.
Le rapport appelle à
faire évoluer la réglementation des marchés publics pour favoriser
l’adoption du cloud en alignant les niveaux de récupération de la TVA,
qui diffèrent lorsque le client achète une solution cloud – considérée
comme une dépense sans possibilité de récupérer la TVA – et lorsqu’il
achète un logiciel – comptabilisé en investissement ouvrant droit à
récupération. Pour encourager les entreprises à basculer vers le cloud,
le rapport propose de les autoriser à comptabiliser les dépenses
nécessaires en crédit d’impôt recherche (CIR). D’autres mécanismes de
crédit d’impôt « transformation cloud » ou de soutiens financiers via la
BPI doivent être créés.
Le
rapport souhaite aussi convertir au cloud le grand public, attiré comme
un aimant par Google et Apple, en lui proposant un « espace de stockage
en ligne sécurisé » pour y stocker ses données administratives.
Sandrine Cassini
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