mardi 15 avril 2014

Un espace de stockage en Europe pour le cloud 

Par Sandrine Cassini | 15/04 | 06:00 | mis à jour à 10:25

Le rapport présenté par les dirigeants d’Atos et d’OVH à Arnaud ­Montebourg appelle à un stockage des données en Europe.

Thierry Breton (à gauche), PDG d\'Atos, et Octave Klaba, patron d\'OVH, ont codirigé le rapport « Cloud Computing ». - Photos Kenzo Tribouillard et DR
Thierry Breton (à gauche), PDG d'Atos, et Octave Klaba, patron d'OVH, ont codirigé le rapport « Cloud Computing ». - Photos Kenzo Tribouillard et DR
Créer 100.000 emplois à peu de frais... ou rester à la traîne des géants américains, comme Google, Amazon ou Microsoft. Telle est l’alternative proposée par le rapport « Cloud Computing » codirigé par Thierry Breton, le PDG d’Atos, et Octave Klaba, le patron d’OVH, et qui fait partie des 34 plans de la nouvelle France industrielle lancés à l’automne par Arnaud Montebourg. Le rapport, qui compte 10 propositions que « Les Echos » ont pu consulter, doit encore être remis au Premier ministre, Manuel Valls.
A l’heure où l’affaire d’espionnage de la NSA, dévoilée par Edward Snowden, a créé un climat de suspicion à l’égard de l’hébergement des données, les deux industriels suggèrent comme principale piste la création d’un label « Secure Cloud », qui serait attribué à tous les services de cloud – quelle que soit leur nationalité – remplissant un certain nombre de règles en termes de sécurité, d’accès au service et surtout de localisation des données. Corollaire du label, le rapport suggère une évolution de la réglementation française et européenne, qui sanctuariserait un espace européen aux règles de sécurité identiques.
Une consultation publique a déjà été ouverte à Bruxelles. Dans la mesure où il y a peu de chances qu’un consensus émerge entre les 28 Etats, le rapport conseille donc à la France et à l’Allemagne de prendre l’initiative réglementaire et de développer un espace que pourraient ensuite rejoindre progressivement les autres Etats. Cette proposition fait écho à celle émise l’an passé par Thierry Breton, qui codirige également au niveau européen un groupe de travail sur le cloud avec Jim Snabe, le patron de l’éditeur allemand de logiciels SAP, et qui appelle à la création d’un « Schengen des données ». La localisation des données ne fait toutefois pas consensus parmi les industriels français, certains ayant des serveurs installés hors d'Europe.

Réallouer des budgets

Si le rapport promet que les autres mesures seront indolores pour les finances publiques, en réalité, il compte surtout sur des réallocations de budgets vers le cloud. Ainsi, Atos et OVH souhaitent que la France attire des « data centers », ces centres d’hébergement des données, notamment en faisant accompagner les porteurs de projet par la Banque publique d’investissement. Chaque centre pourrait créer « une centaine d’emplois directs et quelques centaines d’emplois indirects », assure le rapport. Pour les industriels, la sphère publique doit aussi montrer l’exemple, en créant un « App Store » pour les collectivités locales.
Le rapport appelle à faire évoluer la réglementation des marchés publics pour favoriser l’adoption du cloud en alignant les niveaux de récupération de la TVA, qui diffèrent lorsque le client achète une solution cloud – considérée comme une dépense sans possibilité de récupérer la TVA – et lorsqu’il achète un logiciel – comptabilisé en investissement ouvrant droit à récupération. Pour encourager les entreprises à basculer vers le cloud, le rapport propose de les autoriser à comptabiliser les dépenses nécessaires en crédit d’impôt recherche (CIR). D’autres mécanismes de crédit d’impôt « transformation cloud » ou de soutiens financiers via la BPI doivent être créés.
Le rapport souhaite aussi ­convertir au cloud le grand public, attiré comme un aimant par Google et Apple, en lui proposant un « espace de stockage en ligne sécurisé » pour y stocker ses données administratives.
Sandrine Cassini

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