samedi 5 avril 2014

Pour la création d’un Ordre des Managers !

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Denis Monneuse, sociologue, préconise la création d’un Ordre des managers, une voix complémentaire à celle des représentants du patronat et des organisations syndicales.

Mieux vaut être plombier que cadre moyen !

Etre cadre, c’était mieux avant. En effet, cela signifiait à l’origine être autonome, avoir de fortes responsabilités, être proche des dirigeants, etc. Aujourd’hui, la condition des cadres se rapproche de plus en plus des autres catégories socioprofessionnelles : chômage, nécessité de faire régulièrement du reporting, aspect intellectuel du travail remisé au second plan derrière l’exigence de réactivité, difficulté à trouver du sens, bureaux partagés voire open space, badgeuse pour certains…etc. Du point de vue financier, l’écart salarial entre ouvriers et cadres de 1 à 4 dans les années 1960 n’est plus que 1 à 2,7 aujourd’hui.

Perte de sens du statut et malaise des cadres

Tous ces éléments alimentent le « malaise des cadres » à la fois identitaire, sentiment d’iniquité et, pour certains, mal-être personnel. La distinction entre cadres et non-cadres a perdu de son sens. Des assistantes de direction peuvent être cadres tandis que des chefs d’équipe restent agents de maîtrise. Le statut de cadre est  devenu une fausse promesse, voire un cadeau empoisonné : on demande à d’anciens employés de ne plus compter leurs heures contre une impression de promotion sociale.

Pour la création d’un statut du manager

D’où la nécessité de supprimer le statut de cadre et de le remplacer partiellement par un statut du manager. La distinction entre ceux qui managent une équipe et ceux qui ne managent qu’eux-mêmes est plus pertinente. Le malaise des managers tient en partie à leur sentiment de solitude intellectuelle et de manque de solidarité. Le recours à un coach est malheureusement l’un des rares moyens à leur disposition de sortir de leur silence (cf. Denis Monneuse, Le silence des cadres, Vuibert). Certaines entreprises créent des communautés managériales pour permettre des échanges entre eux sur leurs difficultés, leurs questionnements, leurs bonnes pratiques, etc.

Un Ordre des managers comme lieu d’échange

Il faut aller plus loin et proposer un véritable lieu d’échange, d’accompagnement et de formation continue. Ce lieu doit se situer hors de l’entreprise pour que la parole soit libre. D’où l’idée de créer un Ordre des Managers qui œuvre en ce sens. Il doit aussi avoir pour mission de réfléchir aux droits et devoirs des managers à inscrire dans le Code du travail. Cela aura plus de force que les chartes du management et autres chartes éthiques qui sont avant tout des recueils de bonnes intentions. Aujourd’hui, il existe des clubs de réflexion généralement privés, associés à un métier précis (les ressources humaines, la finance…), réservés aux dirigeants ou bien non-indépendants (liés à des organisations syndicales, proches de partis politiques…). Contrairement à l’Ordre des médecins ou des avocats, réservés à un type de diplôme, l’Ordre des managers doit être ouvert à une position, celle de manager. Il fera entendre une voix complémentaire à celle des représentants du patronat et des organisations syndicales.

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