Denis Monneuse, sociologue, préconise la création d’un Ordre des managers, une voix complémentaire à celle des représentants du patronat et des organisations syndicales.
Mieux vaut être plombier que cadre moyen !
Etre cadre, c’était mieux avant. En effet, cela signifiait à l’origine être autonome, avoir de fortes responsabilités, être proche des dirigeants, etc. Aujourd’hui, la condition des cadres se rapproche de plus en plus des autres catégories socioprofessionnelles : chômage, nécessité de faire régulièrement du reporting, aspect intellectuel du travail remisé au second plan derrière l’exigence de réactivité, difficulté à trouver du sens, bureaux partagés voire open space, badgeuse pour certains…etc. Du point de vue financier, l’écart salarial entre ouvriers et cadres de 1 à 4 dans les années 1960 n’est plus que 1 à 2,7 aujourd’hui.Perte de sens du statut et malaise des cadres
Tous ces éléments alimentent le « malaise des cadres » à la fois identitaire, sentiment
d’iniquité et, pour certains, mal-être personnel. La distinction entre
cadres et non-cadres a perdu de son sens. Des assistantes de direction
peuvent être cadres tandis que des chefs d’équipe restent agents
de maîtrise. Le statut de cadre est devenu une fausse promesse, voire
un cadeau empoisonné : on demande à d’anciens employés de ne plus
compter leurs heures contre une impression de promotion sociale.
Pour la création d’un statut du manager
D’où la nécessité de supprimer le statut de cadre et
de le remplacer partiellement par un statut du manager. La distinction
entre ceux qui managent une équipe et ceux qui ne managent qu’eux-mêmes
est plus pertinente. Le malaise des managers tient en partie à leur
sentiment de solitude intellectuelle et de manque de solidarité. Le
recours à un coach est malheureusement l’un des rares moyens à leur
disposition de sortir de leur silence (cf. Denis Monneuse, Le silence
des cadres, Vuibert). Certaines entreprises créent des communautés
managériales pour permettre des échanges entre eux sur leurs
difficultés, leurs questionnements, leurs bonnes pratiques, etc.
Un Ordre des managers comme lieu d’échange
Il faut aller plus loin et proposer un
véritable lieu d’échange, d’accompagnement et de formation continue. Ce
lieu doit se situer hors de l’entreprise pour que la parole soit libre.
D’où l’idée de créer un Ordre des Managers qui œuvre en ce sens. Il doit
aussi avoir pour mission de réfléchir aux droits et devoirs des
managers à inscrire dans le Code du travail. Cela aura plus de force que
les chartes du management et autres chartes éthiques qui sont avant
tout des recueils de bonnes intentions. Aujourd’hui, il existe des clubs
de réflexion généralement privés, associés à un métier précis (les
ressources humaines, la finance…), réservés aux dirigeants ou bien
non-indépendants (liés à des organisations syndicales, proches de partis
politiques…). Contrairement à l’Ordre des médecins ou des avocats,
réservés à un type de diplôme, l’Ordre des managers doit être ouvert à
une position, celle de manager. Il fera entendre une voix complémentaire
à celle des représentants du patronat et des organisations syndicales.
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