mercredi 9 avril 2014

Renault met de la proximité dans sa politique RH

Par Marie-Sophie RAMSPACHER | 31/03/2014

Dans ses établissements franciliens, le constructeur a créé des espaces consacrés à la gestion RH courante. Rencontre avec Philippe Brismontier, DRH des sites d'Ile-de-France.

EDF est récemment venu « benchmarker » ses agences RH. L'innovation de Renault, qui a réussi à décorréler les questions fonctionnelles RH des questions stratégiques, se prête à comparaison et intrigue. D'autant que le constructeur vient d'ouvrir à Guyancourt sa neuvième agence, la troisième du Technocentre, son imposant centre de recherche. Le lieu a tout d'une agence commerciale : un local vitré, des présentoirs, une salle d'attente et des heures d'ouverture. Sauf qu'on n'y vend rien, à part des réponses RH. Questions relatives à la feuille de paie, aux congés, au compte formation, au Perco ou aux dernières annonces de Hollande en matière de retraite, Régine Barroux, trente-trois ans de maison, responsable d'agence, répond. Sur le champ ou sur rendez-vous. Lorsque le sujet prend une tournure personnelle - problème de surendettement ou de stress -, elle réoriente le salarié vers l'assistance sociale ou le service médical. « L'agence correspond à un besoin de proximité et de gestion des petites urgences quotidiennes, définit Philippe Brismontier, DRH des sites d'Ile-de-France, ce qui décharge grandement les RH de proximité saturés. »

Une plus grande écoute

Multiplier les lieux d'écoute des salariés semble être l'antienne du Technocentre, marqué par la vague de suicides de ses cols blancs il y a sept ans. Si les agences RH ne sont pas vouées à repérer les prémices d'un mal-être, elles font partie de la riposte au manque d'attention de Renault pour ses troupes, pointé par la justice, qui a souligné sa responsabilité dans ces drames.
« Lorsque Marie-Françoise Damesin est arrivée à la DRH en 2010, le baromètre interne révélait un certain mécontentement envers la fonction RH, rappelle Philippe Brismontier De fait, les RH de proximité n'avaient plus le temps d'apporter leur soutien au management, ni de se concentrer sur le développement des compétences ou des carrières. » L'audit des services que Marie-Françoise Damesin commandite la conforte dans son idée : alléger la charge de travail des RH de proximité en leur ôtant la gestion des questions administratives. La matrice qui sert alors aux agences RH est empruntée aux… agences informatiques du Technocentre, des « boutiques » au service des salariés cinq jours sur sept. Ses fonctionnalités sont élaborées par un groupe projet constitué de volontaires de la DRH. « Nous n'avons trouvé aucune initiative comparable pour nous aiguiller », se remémore Catherine Faure, chef de service de l'ensemble des agences, qui a juste sollicité la Cegos pour sensibiliser ses futurs responsables à la relation client. « A l'époque, l'idée était aussi d'investir a minima », glisse Philippe Brismontier.

Professionnalisation

Depuis 2012, les huit agences se sont professionnalisées. « Au départ, nous n'avions pas songé à capitaliser les réponses, notamment sur les sujets complexes comme l'horaire variable ou la dispense d'activité. Aujourd'hui notre bibliothèque de données est un formidable gain de temps et d'énergie », relate Catherine Faure. Le délai de réponse a fondu car les questions se font récurrentes et saisonnières : en 2013, 58 % des interrogations ont porté sur l'accord de compétitivité et, par ricochet, sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Ces statistiques fournissent par ailleurs un autre outil de mesure du climat social, en appui du traditionnel baromètre. « Lorsqu'un sujet est mal compris, nous rectifions la pédagogie en interne. Exemple : l'arrivée prochaine de 1.200 collaborateurs de Rueil au Technocentre dans le cadre du rapprochement des ingénieries et ses interprétations fautives », évoque Philippe Brismontier.
De nouvelles agences devraient s'implanter au sein des usines, où l'ambiance est «  difficile » depuis la mise en place de l'accord compétitivité selon les syndicats. Complexe, le texte génère un cortège de questions (mobilité externe, refonte des comptes épargne-temps, etc.) et d'inquiétudes.
À noter
Renault vient de créer la fonction de « facilitateur » afin de dénouer le éventuels conflit entre salariés ou avec le manager. Rattachés au directeur de l'éthique, les deux experts ont vocation à chercher « des solutions amiables concertées et adaptées à chaque situation relationnelle difficile ».

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