Quand tout va trop vite… Les 3 étapes d’un engrenage à surmenage.
Les Nouvelles Technologies de
l’Information et de la Communication (NTIC), un progrès empoisonné ?
Elles qui laissaient présager une efficacité source de temps libéré,
semblent au contraire nous plonger dans une accélération incontrôlée. Le
monde de l’entreprise change : un nouveau rythme engendre des valeurs
mutantes, elles-mêmes produisant de nouveaux comportements et des
pathologies propres à notre temps. Nous vous présentons la spirale
infernale de la contraction du temps.
On se dépasse, on s’accélère…
Durant l’Antiquité, on cherchait à
« s’accomplir ». Puis la modernité et les grandes découvertes nous ont
plongés dans la notion du « progrès de soi ». A la fin du XXème
siècle, on a assisté à la transformation du « dépassement de soi » :
d’idéal, il est devenu norme. Il a alors fallu se placer dans une
perspective du toujours mieux, toujours plus vite… Impossible d’y
échapper, sous peine de rester sur le bas-côté d’une vie professionnelle
rondement menée. Le dossier « Tout va trop vite » de Cerveau &
Psycho 1 montre l’envers du décor : l’accélération de soi. L’individu, vivant dans « un rapport compulsif à l’instant présent », ne peut ni ne veut plus « se projeter dans le futur ». « Il se brûle dans l’hyperactivité et développe des conduites extrêmes »
(toxicomanie, sports dangereux, etc.) Une manière de retrouver des
limites ? Pour exister, il doit exagérer. C’est du moins ce que
préconisent sa vie professionnelle et le système sociétal dans lequel il
évolue…
Dans l’entreprise, de nouvelles valeurs prennent le relais.
Textos, tweets, mails et autres messages
en tous genres… Possibilité, aussi, de tout trouver très vite… Nous
sommes piégés par la rapidité qu’exigent désormais nos vies
professionnelles.
Cette accélération du rythme en
entreprise, la nécessité d’être plus rapides que les concurrents,
l’incertitude quant à la pérennité de nos emplois en pleine ère du
zapping, y provoquent une véritable mutation de valeurs… : à l’heure de
l’immédiateté et de l’urgence, ce ne sont plus la loyauté à l’employeur
ni – dans une moindre mesure – les compétences ou l’expérience, qui sont
mises à l’honneur, mais notre capacité à nous adapter et à réagir au
quart de tour. Une source d’angoisse pour ceux qui se pensaient armés
par leurs études et leur parcours à affronter une vie professionnelle
qu’ils imaginaient, certes stressante… par les responsabilités qu’ils
auraient, non par le rythme infernal auquel ils seraient confrontés. Car
qu’est-ce qui prépare à cela ? Ni études, ni formation. Les nerfs, rien
que les nerfs. Va-t-on bientôt recruter sur fond d’analyse
neurologique préalable ?
Autre conséquence : la frustration.
Celle de ceux que l’on oblige à fournir un travail médiocre sans les
laisser aller au bout de leur soif de bien faire. Celle de ceux que l’on
brime dans l’expression de leurs talents… parce qu’on n’a tout
simplement pas de temps à leur laisser.
L’accélération… pathologique !
Le dossier « Tout va trop vite » fait
état du développement de plusieurs types de pathologies directement
liées à cette accélération du temps, ce stress et ces frustrations.
Certains individus, nous l’avons évoqué, prennent sans cesse des risques
inconsidérés, comme pour se prouver qu’ils peuvent, eux aussi, les
surmonter…
D’autres tournent en rond ou, au contraire, explosent littéralement. « Tout
se passe comme si, n’étant plus sollicitée au niveau de sa réflexion,
ne pouvant plus prendre le temps du recul et de l’analyse, […], la
personne finissait par fonctionner sur sa seule dimension
« énergétique » ». Une machine, en quelque sorte… une machine en court-circuit.
Certains individus voient, quant à eux, leur caractère évoluer : ils
deviennent nerveux, irritables, voire changent totalement de
personnalité en fonction des circonstances.
L’épuisement professionnel, ici,
s’installe facilement : nombre de psychiatres relèvent, chez des
personnes soumise à trop de pression, fatigues extrêmes, anxiété,
explosions de larmes, etc. « Tout se passe comme si l’organisme se mettait en panne, seule façon de sortir d’un tourbillon d’accélération mortifère » 1.
Comment lui échapper ? Vous pouvez consulter, pour cela, nos quelques articles sur ce thème :- Gérer son sommeil
- Gérer son temps
- Gérer son stress
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1 « Tout va trop vite », Cerveau & Psycho, n°61, février 2014
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