vendredi 16 août 2013

Marie, la femme aux douze étoiles

Vitrail de Jean Soudain, 1524, représentant "la Vierge selon l'Apocalypse"; Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes; source Wikipedia
«Il apparut un grand prodige dans le ciel: c'était une femme revêtue du soleil, elle avait la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur la tête»
(Apocalypse, 12,1)

Pour tous ceux qui cherchent à approcher la spiritualité mariale, il y a un passage obligé: celui de se familiariser avec le langage des anges. La vie angélique est pratiquée par les moines. En prononçant leurs vœux de chasteté, pauvreté et obéissance, en pratiquant la vie commune, ils aspirent au statut angélique. Le langage des anges n'est pas le latin comme on pourrait le croire mais une langue beaucoup plus ancienne et universelle, celle de la science des astres associée à un art de ce bas monde, celui des géomètres.

Au Moyen Age, cette science était étudiée dans le cadre du quadrivium, la section des arts libéraux qui comprenait l'astronomie, la géométrie, l'arithmétique et la musique. Ce 'pain des anges' peut paraître pour beaucoup de lecteurs surprenant, voire un peu indigeste. Cependant il reste incontournable pour tous ceux qui prétendent approcher Marie et entendre son enfant nous proclamer « Ego sum lux mundi », «Je suis la lumière du monde».

Marie, revêtue du Soleil


Les églises cisterciennes et templières, comme toute architecture sacrée, sont conçues en rapport avec les événements célestes.Les repères principaux pour définir l'orientation d'un bâtiment sont l'équinoxe de printemps (autour du 21 mars), et les solstices d'été et d'hiver (autour du 21 juin et du 21 décembre).
schéma tiré du livre de Philippe Andreoli, Les Origines de la Tradition, site: www.saint-bertrand-symbolique.com

C'est tout l'art du géomètre. A l'aide de sa corde à nœuds, en formant un cercle de chaux, il tisse sa toile pour déterminer l'implantation des murs de la future église par rapport au Soleil, le Christ Sauveur.
Plan de l'église templière de Laon dédiée à Saint-Jean-Baptiste, observation des équinoxes et de levers et couchers de soleils des solstices d'été et d'hiver depuis la clef de voûte de l'Agneau de Dieu

Au Moyen Age, un des symboles puissants de cet art des géomètres était le chrisme, que les compagnons préfèreront porter sous la forme d'une étoile à six branches.

chrisme templier; photo JPSchmit

Le chrisme est le monogramme du Christ fait des lettres grecques 'x' (chi) et 'p' (rhô) entrelacées. Souvent ce monogramme est accompagné des lettres alpha et oméga, première et dernière lettres de l'alphabet grec - référence à l'Apocalypse de saint Jean 1,17:
«Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l'Hadès.»

A partir du XIème siècle, on rajoutera à ce monogramme un 's' pour signifier la Sainte Trinité, le Père au nord, le fils 'x', alpha et oméga, au centre, et le Saint Esprit au sud. L'alpha est placé au coucher du soleil au solstice d'hiver, le Premier commençant avec la fin du jour le plus court de l'année, et l'oméga est placé au lever du soleil au jour du solstice d'été, le Dernier finissant avec le lever du soleil au jour le plus long de l'année.

Dans la tradition chrétienne, les deux solstices sont aussi associés aux deux saint Jean - le solstice d'hiver étant associé à saint Jean l'Evangéliste dont la fête est située le 27 décembre, et le solstice d'été à la saint Jean Baptiste dont la fête est située le 24 juin.

détail d'un décor sculpté; photo JP Schmit

Dans la symbolique du chrisme, saint Jean Baptiste ferme le cycle solaire. Il sera considéré au Moyen Age comme la dernière figure de l'Ancien Testament et Marie, mère de Jésus celle qui ouvre le Nouveau Testament.Dans l'ordre cistercien et selon les statuts de la Stricte Observance bénédictine, toutes les églises de leurs monastères devaient être dédiées à la Vierge Marie. Laurent Dailliez écrit dans son Guide de la France Templière:
"Il en est de même de l'orientation des églises. Pourquoi vouloir que les Templiers soient des Johannistes ou d'un rite quelconque d'après l'orientation des églises? On pourrait en dire autant des cisterciens. Les églises templières sont toutes correctement orientées suivant le premier rayon de soleil au jour de la Saint-Jean d'été. L'abside d'une église au Moyen Age, suivant les propres termes de la symbolique de l'époque, est orientée non pas d'après le lever du soleil , mais suivant l'angle d'arrivée de la lumière. Le maître d'œuvre ne se fiait pas uniquement au milieu géographique, mais aussi à l'angle formé par l'est et l'axe du premier rayon de soleil. Lors des constructions, le maître d'œuvre tenait compte de l'astrologie et de ce que nous appelons aujourd'hui la déclinaison."

Si nous ne partageons pas le scepticisme de l'auteur sur le caractère johannique de la religion du Temple, ses remarques sur les intentions des maîtres d'œuvre nous paraissent intéressantes. En général, les églises étaient orientées sur l'équinoxe de printemps autour du 21 mars. Laurent Dailliez fait ressortir une tradition concernant les églises mariales qui étaient, elles, orientées sur les premiers rayons de soleil le jour de la Saint-Jean d'été.

 détail 2 du décor sculpté;photo JP Schmit

L'auteur remarque aussi que les maîtres d'œuvre prenaient en compte l'astrologie dans leurs constructions. Si on met en relation l'orientation des églises mariales avec l'astrologie comme nous le suggère Laurent Dailliez, le solstice d'été mis en rapport avec la fête de la saint Jean Baptiste le 24 juin  correspond au signe zodiacal du Cancer. Dans la cosmologie de l'ancienne religion romaine, le Cancer est le signe le plus bas du cercle zodiacal et figure la porte de l'enfer. A partir du solstice d'été, autour du 21 juin, symboliquement relié à la fête de Saint-Jean-Baptiste, la lumière décroît et la nuit gagne sur le jour. Saint Jean Baptiste est bien le patron de l'Occident, ce 'soleil couchant'.

Saint Benoît (480-547), déclaré père de l'Europe par l'Église catholique, avait bâti sur le mont Cassin son monastère sur les vestiges d'un ancien temple romain dédié à Apollon, divinité solaire. Saint Benoît en remplacement, consacrera un oratoire à Saint Jean Baptiste.En se tournant vers saint Jean Baptiste, Marie, cette femme revêtue du Soleil, nous invite à faire une descente aux Enfers. Marie et saint Jean Baptiste seront au Moyen Age les deux versants d'un parcours initiatique pour accéder à la patrie des anges.

Marie, la Lune à ses pieds


La lecture du chrisme, entre l'alpha et l'oméga  comprend un cycle solaire de six mois, qui commence au coucher du soleil au solstice d'hiver et finit avec le lever du soleil au solstice d'été.  Cette partie supérieure  du chrisme, solaire, est dominée par le Père. La partie inférieure du chrisme est le domaine de l'astre lunaire  dominé par l'Esprit-Saint.

S'il est relativement courant de prendre en compte le quadrilatère solaire pour étudier la symbolique d'une église grâce à son orientation Est-Ouest, il est déjà plus rare de s'intéresser au quadrilatère lunaire sur l'axe Nord-Sud.Philippe Andreoli, dans son ouvrage Les Origines de la Tradition (www.saint-bertrand-symbolique.com),  étudie l'orientation de l'entrée latérale de la cathédrale Sainte-Marie à Saint-Bertrand-de-Comminges servie par des chanoines réguliers.

cathédrale Sainte-Marie; St-Bertrand-de-Comminges; photo D Villafruela;Creative Commons Attribution-Share Alike 1.0 Generic

Dans les églises ou les cathédrales occupées par des religieux vivants de manière communautaire, l'entrée du bâtiment servant aux offices n'est pas l'entrée principale souvent placée à l'ouest et destinée au plus grand nombre, mais l'entrée latérale donnant sur le cloître. Ce passage qui relie le cloître au bâtiment principal était réservé aux membres qui avaient choisi la vie commune à la manière des moines.

En étudiant l'orientation de la cathédrale en se fixant sur l'accès latéral de la cathédrale Sainte-Marie, Philippe Andreoli révèle une autre orientation, secrète, basée sur le lever de lune au solstice d'hiver:
"Nous avons relevé les orientations de la cathédrale (partie romane et partie gothique) grâce aux ombres portées au midi solaire. La cathédrale n'est pas alignée sur un lever de soleil au solstice d'été, ni sur l'équinoxe. Le parvis roman fait un angle de 24°40 avec le Nord géographique, ce qui permet d'orienter d'emblée les racines du quadrilatère lunaire relatif au site de St Bertrand. Rappelons toutefois que les levers/couchers de lune sur cette figure sont inversés par rapport au quadrilatère solaire. L'architecte a voulu orienter la racine symbolisant le lever de lune au solstice d'hiver sur la direction réelle où se lève le soleil à St Bertrand le jour de l'été (solstice d'été)"

Le passage latéral réservé aux chanoines aurait donc une double orientation: ouvertement orienté sur la Saint-Jean d'été , il serait donc aussi secrètement orienté sur le lever de la lune au solstice d'hiver.

A l'entrée du cloître de la cathédrale Sainte-Marie de St-Bertrand-de-Comminges, un gisant templier veille et ce gisant est marqué de deux croix, qui rappellent la double orientation de ce passage : il a au-dessus de sa tête une croix pattée au pied fiché, et à ses pieds, une simple croix grecque qui serait au sein du Temple la 'croix du secret''.

gisant templier; cloître de la cathédrale Ste-Marie; St-Bertrand-de-Comminges; photo JP Schmit

Le relevé d'orientation de Philippe Andreoli sur le passage des chanoines réguliers dans la cathédrale Sainte-Marie met en lumière l'existence d' un mystérieux lever de lune au solstice d'hiver.Dans le 'Sermon des Douze étoiles' saint Bernard associe la lune au "prince de toute folie", "l'antique serpent" que Marie foule à ses pieds. Il écrit:
"Bien plus, cet unique insensé, le prince de toute folie, dont on peut dire avec vérité, qu'il a changé comme la lune, et qu'il a perdu tout son éclat, se voit maintenant foulé, écrasé par Marie, sous les pieds de qui il endure une affreuse servitude. Car c'est elle qui fut jadis promise de Dieu comme devant écraser un jour, du pied de sa vertu, la tête de l'antique serpent."

Ce passage nous mènerait-il tout droit en enfer? Encore faudra-t-il être prudent avec la notion d'enfer. 'Enfer' étymologiquement signifie 'le lieu d'en bas'. Pour ceux qui pratiquent la vie angélique, ce sont plutôt les choses de ce monde qui sont signifiées par ce terme.
« Si pourtant ta considération ne s'applique au terrestre que pour chercher, par son intermédiaire, à s'élever jusqu'au divin, elle ne s'éloigne pas de ce qui est son but. Elle retrouve ainsi le chemin de sa patrie. On ne saurait mieux employer les choses d'ici-bas, ni leur trouver plus noble usage, puisque, c'est la sagesse de saint Paul qui nous le dit, « l'examen du créé permet à notre intelligence de concevoir ce que Dieu a d'invisible »(Rom. I,20) » (Saint Bernard, De la Considération)

Notons que le passage latéral est situé au sud de la cathédrale qui dans les chrismes trinitaires est associé au Saint-Esprit. Dans certains chrismes, le 'S' est placé à l'envers. Il a été suggéré qu'il représentait dans ce cas la figure du serpent.

enfeu templier; monastère de Saint Jean Baptiste du Rocher;  Aragon; c'est au creux de ce rocher sombre comme l'Hadès que fut gardée la coupe du saint Graal jusqu'en 1399; photo JP Schmit

Pour les chanoines réguliers, la plongée dans l'étude des structures symboliques de ce monde est une descente en enfer, mais au bout de la nuit se place le solstice d'hiver – ce moment où le jour va vaincre les ténèbres. Le fond de l'enfer est la porte qui permet à l'esprit humain de remonter vers les cieux. Le solstice d'hiver situé autour du 21 décembre est relié symboliquement à saint Jean l'Evangéliste, l'auteur de l'Apocalypse, le livre de la révélation.

Ce sont les chanoines réguliers qui vont introduire la figure dite du Baphomet dans la liturgie des templiers. Cette figure est la représentation zodiacale du solstice d'hiver.Cette figure aura un caractère monstrueux. Dans sa déposition pendant le procès, le templier Raoul de Guy, receveur de finances royales pour la province de Champagne dira à propos de cette figure:
«Terrible! Il me semble que c'était la figure d'un démon, d'un maufé (esprit du mal). Chaque fois que je la regardais, une si grande terreur m'envahissait que je pouvais à peine la regarder, en tremblant de tous mes membres. »

décor sculpté; basilique St-Sernin de Toulouse; photo JP Schmit

L'apparence terrifiante du monstre baphométique est le fruit de l'association zodiacale de la Chèvre Capricorne et du Centaure Sagittaire, les deux signes zodiacaux qui encadrent le solstice d'hiver. Elle est aussi une mise en garde, un rappel, sur les limites de la connaissance symbolique comme l'exprimera le chanoine régulier Hugues de Saint-Victor dans son Commentaire de la Hiérarchie Céleste.
« Le laid plus que le beau prouve que les formes visibles ne sont qu'un symbole de la beauté parfaite et non point le Beau véritable. » « Le beau physique nous trompe puisqu'il nous donne l'illusion de posséder le parfait, le laid est plus véridique puisqu'il nous contraint à désirer la beauté infinie que rien n'arrive à concrétiser. »

Marie, la femme couronnée de douze étoiles


Les deux analyses de Laurent Dailliez et de Philippe Andreoli permettent de noter le lien entre des églises dédiées à Marie et la Saint-Jean-Baptiste, fête du solstice d'été, et celui qui les relie à la Lune au solstice d'hiver.Nous voyons maintenant Marie sous un jour nouveau, elle est 'la femme revêtue de Soleil et la Lune à ses pieds' de l'Apocalypse (12,1) sur qui saint Bernard écrit dans son Sermon des douze étoiles:
" ' Sur sa tête, lisons-nous, était posée une couronne de douze étoiles.' Assurément, ce front, plus éclatant que les étoiles mêmes qu'il orne plus qu'il n'en est orné, était bien digne de recevoir une semblable couronne. Après tout, pourquoi les astres ne seraient-ils point la couronne de celle dont le soleil même est le manteau?"

Ces douze étoiles sont à rapprocher des douze signes du zodiaque qui, avec le soleil et la lune, complètent le schéma de lecture de l'église mariale.Pour interpréter le zodiaque, nous pensons que les moines bénédictins inscrivaient une croix à branches égales, la croix des anges, au centre du cercle zodiacal.

détail 3 décor sculpté; photo JP Schmit

Les initiales de la croix du Saint Père Benoît sur l'axe vertical : CSSML (= «Crux Sacra Sit Mihi Lux», «Que la Croix Sacrée soit ma Lumière») sont là pour nous rappeler le chemin à parcourir. A partir du Cancer, signe de la fête de saint Jean Baptiste, le signe qui lui fait face est le Capricorne. Ce signe est le plus haut du cercle zodiacal. Il commence au solstice d'hiver, où se situait pour les Romains la 'porte des dieux'. A cette époque de l'année les jours finissent par gagner sur les ténèbres, l'âme une fois descendue dans la matière, remonte à partir de ce jour vers le Ciel en esprit. Sur l'axe horizontal de la croix de saint Benoît, sont inscrites les initiales NDSMD (=  « Non Draco Sit Mihi Dux», «Que le Dragon ne soit pas mon Chef») .

A partir de l'axe vertical Cancer-Capricorne, les deux signes perpendiculaires à cet axe sont le Bélier et la Balance. Ces quatre signes sont les signes cardinaux du zodiaque étant en rapport avec les solstices et les équinoxes. Grâce à la croix des anges, saint Jean Baptiste nous dévoile l'Agneau de Dieu, le Bélier associé à la Balance. Saint Jean Baptiste est le précurseur, celui qui montre du doigt l'Agneau de Dieu qui doit enlever les péchés du monde.

Marie, étoile du salut


La descente de l'esprit et sa remontée est au cœur de la vie contemplative bénédictine. Saint Benoît dans la Règle revient plusieurs fois sur l'échelle de Jacob , écrivant notamment (Règle 7,6):
"Oui, pendant qu'il dormait, Jacob a vu des anges descendre et monter le long de cette échelle (Gn 28,12)." 
"A notre avis, les deux côtés de cette échelle représentent notre corps et notre âme..." (Règle 7,9)

détail 4 décor sculpté: photo JP Schmit

Chez les cisterciens, c'est Marie qui est "l'échelle des pécheurs" et "toute l'espérance" de saint Bernard, comme il l'écrit dans son 'Sermon de l'Aqueduc'. C'est elle qui ouvre la porte du ciel.
"Certes, ce ne sont pas les habitants du ciel, mais nous, pauvres exilés, qui avons besoin de cette échelle." (Saint Bernard, De la Considération)

Grâce à Marie, concitoyenne des saints, et médiatrice entre le Ciel et la Terre, il est possible de retrouver la patrie des anges.
"Après tout, pourquoi ne verrais-tu pas un ange, puisque déjà tu vis à la manière des anges. Pourquoi un ange ne visiterait-il pas sa compagne de vie? Et ne saluerait-il pas la concitoyenne des saints, l'habituée de la maison de Dieu? "(Saint Bernard extrait du 'Sermon de l'Aqueduc')

C'est Marie, concitoyenne des saints qui permet au moine de la Stricte Observance bénédictine d' accéder au statut de 'citoyen du ciel' qui, par la maîtrise des structures symboliques, inscrit ses actes temporels en harmonie avec le cosmos.

Marie fait face à Saint-Jean Baptiste. Ils forment du point de vue symbolique dans la tradition de la Stricte Observance un couple indissociable, et Filippo Brunelleschi, architecte et inventeur de la géométrie descriptive, qui est allé puiser sa connaissance dans l'Enfer de la Divine Comédie de son compatriote Dante, utilisera le face à face entre le baptistère de Saint-Jean et la cathédrale de Sainte-Marie-de-la-Fleur pour présenter au public florentin sa première expérience publique sur la perspective unifiée.

la première expérience de Brunelleschi; dasn L'origine de la perspective de Hubert Damisch

la première expérience de Brunelleschi: vue cavalière de la cathédrale Sainte-Marie-de-la-Fleur et du Baptistère de Saint Jean indiquant la position de l'observateur à l'intérieur du portail central; dessin in: l'origine de la Perspective de Hubert Damisch; éd. Flammarion

La lecture des Actes des Apôtres le jour de l'Ascension du Christ, qui est souvenons-nous le temps fort de l'église grégorienne dont sont issus les Templiers, rappelle ses paroles sur le mont des Oliviers:
«car Jean a baptisé dans l'eau, mais dans peu de jours vous serez baptisés dans l'Esprit Saint.»

décor sculpté d'une église templière;ce chrisme est "parlant", c'est-à-dire qu'on peut y lire le mot "PAX"; photo JP Schmit

Nourrie de la connaissance secrète des Anciens, éclairée par la lumière du Salut, l'église grégorienne cherchait à mettre en œuvre un projet de société , et la figure de Marie contenait l'essence de ce projet. Elle est, pour reprendre le Sermon de l'Aqueduc de saint Bernard:
«un jardin clos, une source scellée, le temple du Seigneur, le sanctuaire même de l'Esprit Saint. Marie n'est pas une vierge folle. Non seulement elle a de l'huile, mais elle en a plein sa lampe. (Mt 25, 1-12)».

par Jean-Pierre SCHMIT

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