dimanche 18 mars 2012

Quand le stress devient une drogue

Le magazine CLES consacre un intéressant dossier à cette thématique du stress et plus généralement à ce que l'on nomme aujourd'hui le "Slow movement" ou l'Art de Ralentir plutôt que de s'enfoncer encore et toujours plus dans une spirale d'accélération. ( à ce titre lire l'excellent ouvrage de Jean Louis Servant Schreiber Trop vite, pourquoi nous sommes prisonniers du court terme)

Son auteur souligne bien la différence entre l'excitation créative, la motivation créatrice et le "shoot" à l'adrénaline; il rappelle également les travaux de Mihaly Csikszentmihalyi (pas facile à dire, non?) qui ont bien montré que nous ne sommes pas égaux face au stress. Si une petite partie des personnes se révèlent sous la pression, la grande majorité s'épuise quand la pression est utilisée comme outil de "Management".
A ce sujet deux réflexions :
  1. Quand on sait que Management vient de Ménager, vous vous dites certainement aussi qu'il y a là un paradoxe. Comment ne pas voir que pour aller loin, il est nécessaire de bien gérer ses ressources ! A moins de se vivre comme un combattant de la dernière chance en permanence, le rôle du Manager est bien d'anticiper, d'orienter, de cadrer et de supporter ses troupes au service de l'objectif, pas de faire un coup, puis un autre et encore, et encore.
  2. Je fais également le lien avec l'étude ESTIME / TNS Sofres dont j'ai parlé dans un précédent billet. Un important travail de fond sur 52 études publiées entre 1980 et 2006) sur l’impact du stress sur la performance par le Pr. Eric Gosselin met à mal une idée encore répandue :
  • Il existerai un bon stress nécessaire ? La fameuse courbe en cloche décrit qu'en dessous d'un certain seuil, la performance n'est pas optimale, et qu'au dessus d'un autre seuil, la performance décroit. Tout "l'Art" serait de garder la personne dans cette étroite plage. Et bien, ce n'est vrai que dans 10% des études (5/52) ! 10% seulement identifient cette relation entre le stress et la performance.
  • L'écrasante majorité (75% des études (39/52) montrent au contraire, que plus le stress au travail augmente, plus la performance décroit et ce de manière linéaire ) contre productif, donc.
  • Enfin, 15% des études (8/52) n’observent aucune relation entre le stress et la performance
En synthèse, 90% des ces études contredisent cette idée de "Bon" stress, certainement pratique pour se rassurer, éviter de trop remettre en questions les pratiques ou pour alimenter ce diction " La fin justifie les moyens". Anachronique, non quand on sait clairement aujourd'hui que la performance des personnes tient à leur conscience du sens de leur action, au sentiment d'être respecté, à la prise en compte de leur singularité, à la reconnaissance de leurs résultats..

L'homme-machine n'est pas de ce siècle, le 21ème ! En tous cas, c'est ce que je crois utile pour un réel développement durable de l'entreprise, au sens de la durée et de la Responsabilité Sociétale.

Si un dirigeant est naturellement comptable de l'efficience de ses efforts (rapport positif entre le résultat obtenu et l'énergie ressource dépensée), il est aussi légalement responsable de la santé physique et psychique de ses collaborateurs et collaboratrices.

La tension entre ces deux directions qui peuvent sembler opposées, est sûrement une opportunité. Elle ouvre une grande part de créativité à chacun pour construire, mieux co-construire, l'avenir et les modes de management qui correspondront le mieux à son environnement, son style personnel et les talents dont il ou elle aura su s'entourer. Au fond, un bon message d'espoir, motivant , tonifiant et ...sans stress.

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