mercredi 21 mars 2012

Sorcières, mythes et réalités

L'exposition "Sorcières, mythes et réalités" au Musée de la Poste nous plonge dans le monde mystérieux de la sorcellerie.

Plantes médicinales ou poisons, pierres aux vertus magiques, statuettes en bois plantées de clous, l'attirail des sorcières y est au complet. Nous apprenons notamment qu'un marron, qui la même forme qu'un cerveau, est glissé dans la poche pour soigner la folie.

Les sorcières ont des alliés : les animaux, notamment le bouc, la chouette, le chat. Le premier sert de monture pour aller au sabbat, la réunion des sorcières présidée par le diable. La seconde est clouée sur la porte pour se protéger de la sorcière. Le troisième est jeté dans le bûcher car il est l'incarnation du diable, surtout si son pelage est est noir. Le serpent et le crapaud sont utilisés dans la préparation de potions.

Le diable est supposé être l'ami des sorcières. On peut le reconnaître à ses cornes de bouc, sa peau velue et granuleuse et son odeur pestilentielle. Il n'est pas toujours malfaisant : il peut lui arriver d'aider aux tâches ménagères ou au labeur du paysan la nuit durant.

On ne peut évoquer la sorcellerie sans parler de la terrible chasse aux sorcières, qui commence en Europe au XIIIe siècle. La plus ancienne connue est celle de Conrad de Marburg en Rhénanie de 1220 à 1230 : il pourchasse une prétendue secte de sorciers, les Lucifériens, qui n'existe pas. En 1326, le pape Jean XXII assimile la sorcellerie à une hérésie. Dès lors, la traque aux sorcières s'organise. Un manuel, "Le marteau des sorcières", publié par deux Dominicains allemands en 1486, devient la "Bible" des chasseurs de sorcières. On compte 2275 exécutions (par le feu) en France pour la période de 1420 à 1690, contre par exemple, 35000 en Suisse et en Allemagne.

"Pour un sorcier, dix mille sorcières" écrit Jules Michelet. Même si le chiffre est inexact, il traduit une certaine réalité : 80 % des victimes des procès en sorcellerie sont des femmes. Jean Bodin, chasseur de sorcières, dit des femmes qu'elles sont les "sentinelles de l'Enfer".

Les sorcières sont accusées d'avoir signé un pacte avec le diable, de se rendre au sabbat en volant (sur un balais ou un bouc), de se livrer à l'orgie en présence du diable, et d'anthropophagie. Elles blasphèment et écrasent des pieds la croix du Christ. Avec l'aide de Satan, elles jettent des sorts ou préparent des poisons. A cause d'elles, le bétail meurt et les récoltes sont moins généreuses.

Dès la rumeur ou la dénonciation, l'instruction débute. Le prévenu n'a pas d'avocat. Pour obtenir des aveux, on a recours à la torture : brûlure au feu, exposition aux guêpes... On jette l'accusé dans la rivière, pieds et poings liés ; s'il flotte, il est coupable. On cherche la marque du diable sur le corps : une tache de naissance fait l'affaire. On pique sur cette marque, si le sang ne coule pas, l'accusé est coupable.

Les procès en sorcellerie ont eu aussi des victimes dans les villes et parmi les religieux :
- Gaufridy, vicaire à Marseille, exécuté en 1611,
- Urbain Grandier, curé de Loudun, exécuté en 1634,
- Thomas Boulle, vicaire à Louviers, exécuté en 1647.

En 1682, Louis XIV interdit les procès en sorcellerie.

Mais la sorcellerie continue de fasciner, même lorsque les bûchers des sorcières ne brûlent plus. Au XIXe, les colporteurs vendent des manuels de sorcellerie sous le manteau car ces livres sont mis à l'index.

L'exposition n'oublie pas le cinéma, qui s'est beaucoup inspiré du thème de la sorcellerie.

Exposition au Musée de la Poste
15e, M° Montparnasse-Bienvenue
jusqu'au 31 mars 2012

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