vendredi 9 mars 2012

Histoire de la pensée économique

L'Histoire de la Pensée économique peut être découpée en plusieurs grandes phases :
Une longue période qui va de la Préhistoire jusqu'aux débuts de l'Antiquité grecque où l'action économique -sauf quelques exemples demeurés épars et localisés- est plus préoccupée de morale et de politique que de rigueur analytique.
De l'Antiquité grecque au XVIIe siècle. Période qui -en Occident- correspond à un âge où la pensée économique demeure en tutelle et caractérise une économie où prédomine la notion de Service.
Une rupture, avec le XVIIIe siècle, où la pensée économique s'affirme comme discipline indépendante. L'économie politique nait sous une forme libérale et se définit comme une économie de Liberté, où le capitalisme naissant trouve le régime propre à son rapide développement.
Puis, au XIXe siècle, l'essor du Capitalisme déclenche une période de réaction politique et de doctrine qui amènent l'économie d'Intervention : Réformisme, Socialisme, Protectionnisme et Dirigisme se font jour, plaidant en faveur d'une action étendue de l'État et pour replacer les études économiques dans le contexte historique ou sociologique.
Enfin, dans la période plus récente, XIXe siècle et XXe siècle, où se déploient les derniers renouvellements théoriques de la pensée économique :

  1. Depuis le XIXe siècle jusque vers les années 1930, avec le renouvellement par l'analyse des mécanismes
  2. La révolution keynésienne, avec le renouvellement par l'analyse fonctionnelle
  3. Après la révolution keynésienne, avec le renouvellement à base d'analyse dynamique.


Avec l'humour que l'on retrouve souvent sous sa plume, le grand économiste Keynes[1] souligne l'importance d'une bonne connaissance de l'Histoire de la pensée en général et de la pensée économique en particulier : « […] les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique ont plus d’importance qu’on ne le pense en général. À vrai dire le monde est presque exclusivement mené par elles. Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé. Les illuminés du pouvoir qui se prétendent inspirés par des voies célestes distillent en fait des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté » (John Maynard Keynes[2] 1936 )


De la Préhistoire jusqu'aux débuts de l'Antiquité Grecque

La pensée économique remonte aux civilisations mésopotamienne, grecque, romaine, indienne, chinoise (voir Qin Shi Huang), perse et arabe.

En Mésopotamie

Les Cités-États de Sumer

Vers 6000 ans av. J.-C. ces cités développent leurs commerces et leurs économies à partir des marchés de matières premières. Les Codes de loi de Sumer peuvent être considérés comme les premiers écrits économiques. Les nombreux attributs qu'ils définissent sont encore aujourd'hui en usage dans des domaines comme:

Les échanges commerciaux avec la valorisation des prix via des montants codifiés d'échange d'argent.
Le taux d'intérêt, les amendes, les règles d'héritage, les lois concernant la propriété privée ( sa transmission, sa division, son imposition...), etc.[3].
Les Babyloniens et les Cités-États voisines développent le premier système économique utilisant une métrique de produits divers, tel que le « shekel », mesure basée sur le poids de l'orge et fixée par un code juridique[4].

De nombreuses tablettes trouvées notamment à Kanish, en Anatolie, ou à Assur fournissent les preuves d'une intense activité commerciale : Correspondance des marchands de Kanish au début du IIe millénaire avant JC[5], Réseaux de comptoirs d'échanges...

Le Code d'Hammurabi

Code d'Hammurabi

Autre preuve de l'ancienneté des réflexions économiques : Les lois et principes économiques exposés dans le code d'Hammurabi (roi de Babylone au XVIIIe siècle av. J.‑C.) font écho de préoccupations déjà fort "modernes" :

Fixation des salaires indicatifs par l'État, en fonction de la qualité de chaque œuvre et du travail qu'elle nécessite (notion de valeur),
Réglementation des emprunts, des locations,
Définition et établissement de la responsabilité professionnelle...

En Asie

En Chine

Selon Michel Cartier[6] : Dans la « Discussion entre Mencius et Xu Hang» est décrite une hiérarchie sociale en fonction de la participation à des activités productives ( gouvernants, paysans, artisans et marchands). Les échanges entre groupes sont des échanges de surplus où les prix sont déterminés en référence à la hiérarchie sociale ( les objets destinés à la classe supérieure sont plus chers que les autres ) Au cours de la dernière période des Royaumes combattants, les Mohistes établissent une distinction entre le profit commun et le profit égoïste: Ils prônent un partage égalitaire des biens et condamnent le gaspillage.
Des pensées plus structurées sont données en 654 av JC dans la Guanzi , ouvrage encyclopédique et composite attribué à Guan Zhong , chancelier du royaume de Qi qui en aurait fondé la prospérité, ainsi que dans divers textes de l'école légiste ( le Shangjun Shu de Shang Yang en 338 av JC ) dont le slogan était « Enrichir le pays et renforcer l'armée » . On trouve dans le Guanzi :

  1. une des premières formulations de la théorie du Marché, assimilé à une pesée
  2. une réflexion sur la monnaie considérée davantage comme une marchandise que comme un étalon
  3. la préconisation que l'État assure lui-même la production et le commerce du sel et du fer, produits indispensables dans la vie des sujets.

En 81 av JC , sous la Dynastie Han , les confucéens dénoncent comme immorales les idées du Guanzi , qui sont dès lors tenues pour hétérodoxes.
Pour autant ces idées ne vont pas cesser d'influencer la pratique des politiciens. On peut citer à titre d'exemple[7] la gestion des émissions monétaires et la réglementation des marchés :
Dans ces deux cas, les usages agressifs de la théorie sont remplacés par le maintien des équilibres. Le premier exemple est celui de la régulation du commerce des céréales par des greniers . les céréales acquises au titre de l'impôt sont stockées dans les greniers. Elles sont mises sur le marché pour combattre la hausse des prix. De la même manière, les autorités régulent la situation monétaire en mettant en circulation des quantités de monnaie plus ou moins importantes.
La mise en pratique des théories du Guanzi supposait une connaissance précise de la conjoncture économique. les autorités surveillaient les fluctuations du prix des denrées et des taux de change interne entre les différents signes monétaires, en particulier à partir de la Dynastie Ming, le change entre les sapèques ( pièces de bronze de la monnaie officielle ) et les métaux précieux ( argent et or ) qui n'avaient que le statut de marchandises
Voir aussi sur le sujet: Les publications du Centre d'Études Chinoises[8].

En Inde

Pièce en argent de l'Empire Maurya, portant les symboles de la roue et de l'éléphant. III°siècle av JC.

Le philosophe indien Chânakya (340-293 avant J.-C), avait bénéficié d'une éducation “d'excellence” dispensée à l'époque dans la ville-monastère très renommée de Nalanda, puis a enseigné dans la ville de Taxila, où les activités d'enseignement existaient déjà depuis plus de 500 ans et attiraient des étudiants de provenances aussi diverses que lointaines . Egalement connu sous les noms de Kautilya ou “VishnuGupta”, Chanakya fut le précepteur du premier Empereur Indien de l'empire Maurya : Chandragupta (c. 340 -293 av JC). Ses travaux, perdus à la fin de la dynastie Gupta, ne sont retrouvés qu'en 1915 .

Dans le monde occidental il est considéré comme le “Machiavel indien” (alors que ses travaux précèdent l'auteur de Le Prince de 1.800 ans), en raison des nombreux aspects abordés que l'on retrouve plus tard dans l'économie moderne[9],[10]. Auteur prolifique, notamment en économie politique, il a produit deux ouvrages majeurs:
Arthashastra (La Science des richesses et du bien-être) est son magnum opus[11]. Dans cet ouvrage sont abordés en détail des thèmes multiples et très modernes comme la politique monétaire, la politique fiscale, la politique sociale, les relations internationales, ainsi que la Stratégie militaire.
Neetishastra est un traité sur la “vie idéale”, où l'auteur indique au peuple les “bonnes conduites”, et au souverain les “bonnes pratiques” pour conduire son Royaume
Un auteur B.S Sihag, le considère comme un précurseur de nombreux concepts modernes et -pour l'époque- comme l'un des penseurs les plus féconds dans les domaines de l'économie et de la Science Politique[12],[13],[14],[15]. Le lecteur qui voudra se faire une idée sur la question pourra se reporter aux deux articles précédents et à son livre[16].

L'Économie de Service : de l'Antiquité grecque jusqu'au XVII°s

L'Économie au service de la Cité : L'Antiquité

Le Monde grec

Le mot économie vient du grec «oiko-nomos» : oikos (οίκος) signifiant la maison (en tant qu’unité sociale et économique), et nomos (νομος) , l’ordre, la loi, la norme.

Dans le monde grec, les penseurs qui s'intéressent à l’économie ne sont pas des économistes mais des philosophes: la science politique, qui se rapporte à la cité, est majoritairement considérée comme la première des sciences. Subordonnée à la politique,l’économie est considérée comme l’art d’administrer ses biens. Essentiellement centrée sur l’individu, l'activité économique est souvent regardée comme une activité servile, sinon suspecte.
La réflexion est cependant loin d'être absente : le terme Économique figure d'ailleurs dans le titre de deux traités : l'un de Xénophon, l'autre d'Aristote.
Leur objet est de connaitre et formuler les lois (« nomos ») propres à optimiser l'utilisation des biens d'une maison . La maison, l'« oikos », est entendue comme unité collective de production d'une famille élargie ou d'un clan. La richesse est considérée du point de vue de l'abondance des biens produits et de leur utilité.

La crise sociale et Intellectuelle du VIe au IVe siècle av JC

Le contexte économique et social tel qu'il va influencer la pensée des philosophes grecs est le suivant : L'État Athénien se forme par l'union de tribus et de clans vivant en Attique. la propriété individuelle du sol,le commerce et l'usage de la monnaie se développent[17]. L'État est organisé en trois classes : Les Nobles (eupatrides), les agriculteurs (géomores) et les artisans (démiurges). Les paysans pauvres se révoltent (Mégare, Samos, Chio ...). Au VIe siècle ils portent au pouvoir Solon qui établit une nouvelle constitution. Une coalition s'établit entre paysans, artisans et marchands pour briser le pouvoir des nobles ( Réformes de Clisthène en 508 av JC).
La plupart des citoyens sont de petits paysans, en situation précaire. Les hommes en surnombre s'exilent et fondent des colonies : Le commerce extérieur progresse et pose la question des alliances militaires, notamment avec Sparte (Guerre du Péloponnèse : 431-404 ) qui finit par l'emporter.
L'équilibre économique et social de la Cité est bousculé : De “nouveaux riches” cumulent réussite commerciale et propriété foncière. Les paysans pauvres quittent la terre et ne trouvent pas de travail en ville car le labeur salarié est réservé aux esclaves : une plèbe de chômeurs se forme et la Cité entre dans une ère de décadence généralisée.

Essor du Grand Siècle Grec : le Ve siècle

Les débats de cette période - considérée comme “le grand siècle grec”- voient s'introduire de nouvelles idées : Le citoyen grec est conscient de posséder une Dignité en tant que membre d'un groupe organisé et gouverné suivants des Lois valables pour tous les hommes libres. Il n'est plus le serviteur d'un chef, mais seulement soumis à la Loi.
L'usage de l'argent et du commerce qui se développe depuis le VIIe siècle av J.C. ébranle cependant les représentations et les pratiques sociales.
L'accumulation de monnaie par l'usure ou le négoce posent question : Aristote -dans l'Éthique à Nicomaque- les considère comme des activités stériles, voire déshonorantes. Ces procédés font l'objet d'une autre discipline qu'Aristote appelle chrématistique (de khréma (la richesse) et -atos (degré superlatif)).
L'Économique est aussi explicitement distingué de la Politique. Laquelle fait l'objet d'un autre traité d'Aristote, dans lequel l'auteur vise à établir l'harmonie et la justice entre les différentes classes de personnes et de familles qui constituent la cité.

Les œuvres satiriques de l'époque traduisent bien l'ampleur de ce débat : Dans le Ploutos d'Aristophane, le Dieu de la Richesse -rendu aveugle par Zeus- distribue ses largesses aux hommes mauvais plutôt qu'aux hommes honnêtes. Ceux-ci le conduisent dans un temple dont le Dieu lui rend la vue et lui donne à voir le spectacle des perturbations:

« Un sycophante ( homme enrichi aux dépens du peuple) vient crier qu'il est ruiné, Hermès ( Dieu du Commerce) ne reçoit plus de dons des fidèles et doit gagner sa vie comme aide-cuisinier, les prêtres sont privés de leur gagne-pain car l'on n'offre plus de sacrifices aux Dieux. »

— Henri Denis, Histoire de la Pensée Economique, Paris Thémis 1966.

L'interrogation est profonde dans l'opinion publique à propos du lien entre « Bien moral » et « Richesse » avec l'apparition du « nouveau riche » Le riche « traditionnel » était vu comme le propriétaire foncier, chef naturel d'un groupe d'agriculteurs, possédant les droits sur la Terre, mais dont la richesse permet de mieux remplir sa fonction sociale. Le « nouveau » riche est vu comme celui qui accumule de l'argent pour satisfaire ses caprices personnels et pour s'affranchir des contraintes sociales.

Sophistes, Cyniques et Utopistes ( fin du V°s.)

La fin du “grand siècle grec” ( V° siècle av JC , dit aussi siècle de Périclès) provoque une époque de troubles et de bouillonnement des idées:

Les Sophistes -“nouveaux philosophes”-[18] tiennent des discours individualistes et cosmopolites qui contestent les cadres sociaux traditionnels ( critique de l'esclavage ) et militent pour la liberté du commerce.
Protagoras[19] proclame que :

  1. « l'Homme est la mesure de toutes choses ». Pour lui, il vaut mieux connaitre les choses humaines que le monde inanimé.
  2. « l'Homme vit en société ». Il faut donc s'interroger sur ce qu'est la Société. Celle-ci est censée répondre au besoin des Hommes de se défendre contre les dangers qui les assaillent.
  3. « La société repose sur un contrat passé entre les hommes afin de s'accorder mutuelle protection ». Ce qui est possible parce que le Dieu suprême Zeus a accordé à l'espèce humaine des dons que nulle autre ne possède : Le respect ou la pudeur (αίδως), le droit ou la justice (δίχη).
  4. « La Loi n'est pas quelque chose de naturel : Elle résulte d'une convention » . Puisqu'il n'y a rien d'absolu, il s'agit de convaincre dans la discussion et les controverses publiques : C'est pourquoi les sophistes enseignent l'art de l'argumentation en vue de “terrasser” l'adversaire dans le débat politique.

Les Cyniques lancent au contraire des idées plus collectivistes ( Antisthène,Diogène)
Des mouvements utopistes plus orientés vers la politique prétendent reconfigurer la propriété et l'organisation de la société ( Phaleas de Chalcédoine, Hippodamos de Milet ). Aristophane s'en moque dans « L'Assemblée des Femmes » (392 av JC).

Socrate (470-399 av JC)[modifier]

Socrate, par le témoignage de sa vie -faite de détachement et de pauvreté- dénonce l'individualisme extrême des Sophistes et l'exaltation de la richesse qui “attache l'homme à quelque chose d'inférieur à lui-même”. Son enseignement oral ( il n'a laissé aucun écrit ) s'attache à restaurer la notion de “nature humaine” en tant qu'ensemble de normes raisonnables et morales de nature supérieure et influencera de manière directe la pensée de Platon et d'Aristote.

Xénophon (circa 426355 av. J.-C.)
Xénophon

Xénophon -comme Platon- est un disciple de Socrate. Il mérite de figurer dans l’histoire de la pensée économique, non seulement parce qu’il est le premier à employer ce terme, mais encore parce qu’il y consacre plusieurs ouvrages.
L’Économique retrace un dialogue entre Socrate et Ischomaque, autour d’un thème unique, celui de l’administration d’un domaine agricole. Soit la confirmation que dans l’Antiquité l'économie est intimement liée à l’administration domestique. L'ouvrage comprend aussi des développements sur les stratégies d’accroissement des richesses: Ainsi le père d’Ischomaque dit acheter des terres à bas prix pour les revendre bien plus cher après les avoir défrichées. L’art – ou la science – de l’économie est de facto celui du bon gestionnaire. Tandis que bon père de famille peut ainsi savoir ce qui est bon pour l’administration d’une cité, alors que le rôle revient à la femme d'entretenir la maison (oikos). Identiquement, la politique est vue comme l’affaire des hommes, tandis que le travail, est réservé aux seuls esclaves. Ainsi parle L’Économique: Ischomaque enseigne cet art à sa femme et ce sera le rôle de celle-ci que d'en faire l'application.
Les Revenus, est un ouvrage où Xénophon propose de multiplier les exploitations agricoles et industrielles dans l’Attique, et d’exploiter à plein rendement les mines d’argent du Laurion. À cette occasion, il aborde (mais de façon peu approfondie) des concepts comme ceux de la demande et de la valeur des biens, ainsi que du rapport qu’ils entretiennent entre eux. L'œuvre est un projet politique et économique pour toute une région, et entend défendre un point de vue cohérent.
Au total, les ouvrages de Xénophon portent sur la manière de bien gérer un domaine agricole ou l'“économie domestique” (l'expression en grec est une parfaite tautologie). Même si Les Revenus -ouvrage rédigé vers la fin de sa vie- montre que ces enseignements sont applicables ailleurs, et situe l'économie comme l'art de satisfaire les besoins d’une société.

Platon ou le socialisme aristocratique
Platon

Platon (428 ou 427347 ou 346 av. J.-C.), qui à travers son dialogue La République expose sa vision de l’utopie, se trouve entraîné à aborder l’économie comme gestion des biens et des personnes de la façon la plus juste possible dans la cité idéale.

Il défend ainsi l’idée d’une société divisée en trois classes (magistrats/philosophes, gardiens et travailleurs/producteurs, en ordre décroissant) où le droit de propriété n’est réservé qu’à la classe inférieure des « producteurs » : les autres classes ne doivent pas être tentées par le lucre et l’accumulation des richesses. Le philosophe sait que la cité est supérieure à l’individu ; pour préserver l’équilibre de la cité et parvenir au plus haut degré de la vertu politique, il est nécessaire de poser une limitation de la fortune et des biens de chacun, d’autant plus que pour Platon et son époque la quantité totale de richesse est imaginée comme à peu près fixe. Il expose de cette façon une forme d’organisation sociale basée sur la communauté des biens et propose même dans Les Lois un partage égalitaire de la terre. L’économie platonicienne cherche ainsi à régir la répartition des ressources, et ce à une fin politique et philosophique. Moins qu’un art, l’économie pour Platon se rapprocherait donc plutôt de ces savoir-faire décrits dans Gorgias ; il n'en demeure pas moins que ses tentatives d'organisation d'une cité parfaite impliquent souvent des préoccupations qui sont purement de l'ordre de la science économique telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Platon, le premier, s'intéresse strictement au problème de la cité et de la manière dont il faut qu'elle soit régie, et ce sur tous les plans. Il tire de son étude un modèle social et économique basé sur le collectivisme à plusieurs niveaux (biens, femmes, terres) tout en ne remettant pas en cause le principe de l'État (la cité de Platon n'est donc pas socialiste). Dans d'autres œuvres, il confirmera la validité du recours à l'esclavage comme moyen technique. Il critique en revanche de façon générale la volonté de possession, l'appât des richesses, l'esprit de lucre.

Aristote Économie de Nature, Économie de Cité
Aristote

Chez Aristote (circa 384322 av. J.-C.), on trouve une place beaucoup plus importante consacrée à l’économie : il s'agit de ce point de vue d'un auteur fondamental dans l'Antiquité, et qui aura une très grande influence durant toute la période médiévale.

Aristote montre avec Les Économiques et l'Éthique à Nicomaque la différence fondamentale entre l'économique et la chrématistique. La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est l'art de s'enrichir, d’acquérir des richesses.
Selon Aristote, l'accumulation de la monnaie pour elle-même est une activité contre nature qui déshumanise ceux qui s'y livrent : A l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l'accumulation de richesses. Pour lui, le commerce substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien. La chrématistique lui apparait comme ensemble de ruses et de stratégies d’acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique. À ce titre elle doit être condamnée d'un point de vue philosophique.
Au contraire, l’agriculture et le « métier » permettent de fonder une économie naturelle où les échanges et la monnaie servent uniquement à satisfaire les besoins de chacun, ce qu’il valorise. Aristote garde toujours le souci d’agir conformément à la nature. Celle-ci fournit « la terre, la mer et le reste » : l’économique est ainsi l’art d’administrer, d’utiliser les ressources naturelles, totalement à l’opposé de l’art d’acquérir et de posséder. Y est incluse l’idée d’un rapport de réciprocité : Aristote ne sépare pas l’économique du social, établissant l’échange comme un « retour sur équivalence » ; on comprend donc qu’il condamne la chrématistique, qui substitue l’objet à la relation sociale puis l’argent à l’objet.
De fait, l'échange, basé sur la monnaie, est toujours envisagé chez Aristote comme permettant de renforcer le lien social : il établit son inexistence dans la tribu (où seul le troc existe) et son apparition avec la cité, c'est-à-dire la société.

Car s'il n'y avait pas d'échanges, il ne saurait y avoir de vie sociale ;
il n'y aurait pas davantage d'échange sans égalité,
ni d'égalité sans commune mesure.

Ainsi, l’apport d’Aristote est double : C'est tout d’abord la distinction fondamentale qu’il établit entre l'économie naturelle (économique) et l'économie d’argent (chrématistique) ; de là une réflexion fine sur le rôle de l'échange dans le lien social. L'autre résultat original et remarquable de sa réflexion est la différenciation opérée entre valeur subjective et valeur commerciale d’un bien, que l’on peut facilement rapprocher des notions de valeur d'usage et de valeur d'échange qui apparaîtront au XVIIIe siècle.
On trouve ainsi dans l'éthique à Nicomaque des concepts comme les quatre causes (cause matérielle, cause formelle, cause efficiente, et cause finale), qui sont, pour certaines de ces causes, des esquisses des notions de valeur d'échange et de valeur d'usage utilisées dans les théories économiques modernes.

Les Utopies finales (IVe-Ier Siècle av JC)

Après Platon et Aristote un courant multiforme se développe dans un monde qui s'élargit :
L'élargissement du Monde connu résulte -entre autres- de l'épopée d'Alexandre qui envahit l'Asie et contribue fortement à élargir le cadre géographique du monde grec.
l'Empire unifié est divisé entre les successeurs d'Alexandre (les Diadoques): Des monarchies apparaissent dont certaines promeuvent des mesures d'économie dirigée, en particulier le Royaume des Ptolémées, en Egypte[20].
Le mysticisme oriental introduit de nouveaux courants de pensée qui entament l'ordre de la raison propre au génie grec de la période précédente.
Les tendances au naturalisme conduisent à idéaliser l'état de nature pour en faire une sorte « d'age d'or » qui aurait été corrompu par la suite. Jean-Jacques Rousseau dans son Discours sur l'inégalité fera référence à l'un de ces auteurs Dicéarque de Messène[21], Marx et Engels n'en sont pas éloignés lorsqu'ils évoquent le Communisme primitif.
Les tendances au rationalisme font rejeter coutumes religieuses et traditions sociales (Epicure). Evhémère -en tant que premier théoricien de l'athéisme systématique- est l'auteur d'un plan rationnel de cité communiste (L'ile de Panchaïe)
Les tendances à l' universalismeinvitent tous les hommes à la communion dans l'humain et sont à ce titre les premiers philosophes de la personne.(stoïciens). L'un d'eux Posidonios -l'un des maitres de Cicéron-, présente une première critique systématique de l'esclavage au IIe et Ier siècle av.J.C., et influence le Droit Romain dans le sens d'un adoucissement.

Le Monde Romain

Rome

Avec l'essor et le développement d'un Empire, les romains font montre d'un intérêt plus orienté vers les questions liées à la gestion et l'organisation pratique. Leur apport inspirera de façon durable l'Occident :
C'est d'abord la question de la gestion des espaces et de l'économie rurale avec des réflexions sur les thèmes de la colonisation avec la gestion des territoires et populations conquis; avec la publication de recueils de gestion de l'économie rurale rédigés par des auteurs comme Caton, Columelle Pline l'ancien ou Varron; avec l'institution de la Villa ou du Latifundium.
C'est ensuite la création du Droit avec l'instauration du Droit de propriété ou des règles propres à l'héritage C'est enfin la réflexion sur les liens qui constituent la Société : D'une part les Historiens et moralistes contribuent à fonder ou à restaurer un idéal de la Cité et de la citoyenneté qui connaitra son apogée sous l'Empereur Auguste. D'autres par le lien de Clientèle s'efforcent de s'attacher un ensemble « d'obligés ».
Puis, au III°-V° s. ap JC , sous le Bas-Empire, des idées dirigistes se font jour pour contrer les difficultés économiques et sociales: Dioclétien met en place une taxation générale des prix . Sont aussi Instaurées des « Collegia » et des Corporations publiques

L'apport de la première chrétienté
Le Partage des biens
Le Statut des personnes

L'économie au service du Bien Commun : L'époque médiévale

Le fonds culturel commun

Les penseurs économiques du Moyen Âge sont avant tout des théologiens. Joseph Schumpeter a d'abord considéré les scolastiques de la fin du XIVe siècle au XVIIe siècle comme les fondateurs les plus proches de la science économique. Raisonnant dans le cadre du droit naturel ils préfigurent l'économie moderne dans le domaine de la politique monétaire, de l'intérêt, et la théorie de la valeur dans le cadre du droit naturel[22].

Apport judéo-chrétien

L'Ancien Testament contient de nombreux jugements et prescriptions économiques. Il ordonne l'absence de propriété perpétuelle sur la Terre et instaure une redistribution périodique. Il interdit les prêts à intérêt, et enfin il hiérarchise selon leur honneur les activités économiques, faisant de l'agriculture la première et du commerce la dernière.

Le Nouveau Testament encourage l'homme à mettre en valeur ses talents, en faisant fructifier des placements (parabole des talents). Si l'homme travaille la terre, c'est un moyen de mettre en valeur ses talents en agriculture, et de même dans tous les domaines de l'activité humaine, dans l'industrie et le commerce par exemple. Mais le Nouveau Testament prévient aussi contre les tentations matérielles liées à l'accumulation et à l'utilisation superflue des richesses. Il insiste sur une répartition équitable des biens (Lazare).

Au IVe siècle se produit une séparation nette entre christianisme et judaïsme sur les questions économiques : le judaïsme commence à élaborer une codification de l'économie (voir Intérêt de l'argent et religions monothéistes), tandis que le christianisme continue d'interdire le prêt à intérêt. Situation qui aura des conséquences très importantes par la suite sur les relations entre les chrétiens et les juifs : ces derniers vont souvent assurer la fonction de banquier, interdite aux chrétiens. Cela fut sans doute une des causes majeures de l'antijudaïsme au Moyen Âge.

Apport oriental

À l'époque médiévale, des penseurs arabes ont réfléchi aux problèmes économiques. Après avoir découvert le Muqaddima, Schumpeter vit en Ibn Khaldoun (1332 - 1406) le plus proche précurseur de l'économie moderne[23], même si la plupart de ses théories économiques ne furent connues en Europe qu'à une époque relativement récente[24]. Cet auteur décrit une théorie économique et politique dans Prolegomena en montrant par exemple, comment la densité de la population est liée à la division du travail qui conduit à la croissance économique. Cette dernière contribue à accroître la population, formant ainsi un cercle vertueux. Il apporte aussi des premières explications quant à la formation des prix.

Les théologiens[modifier]

Saint Thomas d'Aquin

Le Moyen Âge voit un renouveau des échanges commerciaux et une multiplication des opportunités de profit.
Les théologiens de l’époque ne s’attachent pas à décrire des mécanismes économiques mais cherchent plutôt à définir leur moralité, leur caractère licite ou illicite selon la morale chrétienne.
Pour Saint Thomas d'Aquin (1225-1274), les marchands doivent pratiquer un « juste prix » découlant de la coutume et qui est censé les prévenir d’un enrichissement exagéré. L’activité commerciale doit être légitimée par un apport réel de richesse au produit via sa transformation, son transport ou à la limite par son caractère vital pour la survie du marchand et de sa famille. Il condamne par ailleurs le prêt à intérêt, car selon lui la reconnaissance de l’emprunteur ne doit pas se manifester par une récompense financière, mais par l’estime, la gratitude ou l’amitié. À ce sujet, Saint Thomas d’Aquin pressent bien le futur argument selon lequel « time is money », mais pour lui le temps ne peut être une marchandise : il n’appartient qu’à Dieu.

L'économie au service du Prince : Renaissance et Ancien Régime

Auteurs de la Renaissance et de la Réforme

L'époque « moderne » n’apporte pas véritablement une théorie économique. La Renaissance est une période de changement radical des mentalités et de vision du monde, dû à l'apparition de l'imprimerie et aux grandes découvertes. Le nouveau monde offre brusquement des perspectives sur le plan économique.
Les besoins de réforme se font sentir depuis le XIVe siècle, justement sur ces questions. En effet, certains aspects économiques pervers de cette époque, comme le trafic des indulgences, sont de plus en plus mal ressentis par la population, en particulier dans les pays du nord de l'Europe. Les grandes découvertes, le commerce transatlantique et le traité de Tordesillas -qui partage les sphères d'influence dans le nouveau monde- favorisent un enrichissement rapide des pays du sud de l'Europe tandis que les Pays du Nord de l'Europe se sentent injustement exclus .
La Réforme protestante de Luther se construit ainsi autour d'une réaction contre le système des indulgences.
Parmi les réformateurs protestants, Jean Calvin défend le prêt à intérêt, en préconisant un taux modéré de 5%. Le crédit peut ainsi se développer dans les villes protestantes.
La Réforme protestante se développe donc dans ce climat de changement de mentalité, dans lequel le travail prend davantage de valeur par rapport au commerce pur. C’est la célèbre thèse de Max Weber (L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905). Elle explique qu’avec la Réforme, le travail devient une nouvelle vertu : auparavant destiné à la seule survie, il devient l’origine de la richesse et de son accumulation qui, selon la logique protestante de la prédestination, serait un signe d’« élection divine ». Le travail et la richesse qu’il produit concourent à la gloire de Dieu ; le temps est précieux et l’épargne devient une vertu. La pensée protestante transmettrait aussi selon lui l’éthique du métier, mais assurerait surtout une rationalité plus grande que celle permise par la pensée catholique. Ce faisant, elle lève de nombreux obstacles moraux à l’activité économique.
En 1516, Thomas More fait une première critique des conséquences sociales de la naissance de ce nouveau système économique, que marquait le mouvement des enclosures[25] en Angleterre en décrivant dans Utopia une société imaginaire ou règnerait un régime de communautaire, sans aucune monnaie. Les échanges y étaient régis par un système de troc. Toutefois, on ne peut considérer Utopia comme un traité d'économie, et encore moins réduire la pensée de Thomas More à ce seul ouvrage : Thomas More n'était pas un économiste, mais plutôt un juriste, un homme politique, et un théologien (voir l'œuvre complet dans l'article Thomas More). Il est probable que, vu le peu de facilité dans l'impression, la traduction, et la diffusion des ouvrages à l'époque moderne, la postérité ait effectué un biais sur la pensée et l'œuvre de Thomas More, prenant Utopia comme argument pour la satire d'un système de privilèges aux limites, puis pour la construction de pensées uniformisantes, que nos contemporains assimilent vite, sans doute par un effet d'historicisme, au communisme.
Parallèlement, en Espagne, l'École de Salamanque, à partir de la théorie des droits naturels, propose une conception subjective de la valeur et justifie la propriété privée et la liberté des échanges. Ses auteurs principaux sont les jésuites Francisco de Vitoria (14831546), Martín de Azpilcueta (14931586), Domingo de Soto (14941560), et Luis de Molina (15351600). Cette tradition sera reprise par les classiques français et l'Ecole autrichienne.
Les guerres de religion à la suite de la Réforme font émerger l'idée du libre-échange qui sera formulée plus tard par Hugo de Groot (Grotius).

Autres Réformateurs précurseurs de l'économie moderne

Ces précurseurs vont contribuer à émanciper la pensée économique des réflexions scolastiques. Après eux l'économie est désormais une branche distincte de la philosophie et de la théologie. Les penseurs en économie ne sont plus issus de l'Église ni des milieux politiques. Ils ouvrent la voie aux idées d'abord mercantilistes puis physiocratiques qui seront successivement, chacune à leur manière, les principaux contributeurs à l'autonomisation progressive de la discipline «Économie».
La voie sera dégagée pour les fondateurs de la pensée économique moderne et notamment l'École dite Classique.

Boisguilbert et Vauban partisans de la Réforme fiscale

Les excès budgétaires et fiscaux du régime - présentés comme cause de la sous-consommation chronique- sont pointés par des auteurs comme :
Pierre de Boisguilbert[26] qui dénonce la ruine de la consommation : «Pour trouver les causes de la ruine de la France,il ne faut que découvrir celle de la ruine de la consommation : il y en a deux essentielles...la consommation a cessé parce qu'elle est devenue absolument défendue et absolument impossible. Elle est devenue impossible par l'incertitude de la Taille ... enfin la consommation est devenue impossible par les Aides et par les Douanes sur les sorties et passages du royaume »[27]
Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban (1663-1707) qui met en avant son Projet de la Dime Royale (1707) où est proposé de remplacer -comme le feront plus tard les Physiocrates- toutes les taxes existantes par un impôt unique de 1/10° prélevé sur la terre.

Richard Cantillon (1680-1704)

Richard Cantillon économiste irlandais vit à Paris. Il a des intuitions remarquables sur le revenu minimum, le rôle de la monnaie et de l'intérêt. Il définit pour la première fois les circuits économiques globaux, et inspire François Quesnay, les physiocrates, ainsi qu'Adam Smith: Richard Cantillon est en effet l'un des rares auteurs économistes cités par ce dernier dans son célèbre traité [28] , publié en 1776.

Les doctrines mercantilistes (1450-1750)

William Petty

Jusqu'au Moyen Âge, les questions économiques sont traitées sous l'angle de la religion et les théologiens sont les principaux penseurs des questions économiques.
À partir des XVe et XVIe siècles un tournant majeur est amorcé par les marchands et les conseillers des princes. Tournant qui va créer la rupture.
En 1513, celle ci est bien marquée lorsque parait Le Prince de Machiavel où ce dernier ne craint pas d'expliquer que « dans un gouvernement bien organisé, l'État doit être riche et les citoyens pauvres ».
Sur le fond et d'un point de vue plus économique, le premier écrit qui contribue fortement au débat parait en 1615, sous la plume d'Antoine de Montchrestien: Son Traité d'économie politique utilise pour la première fois l'expression d'économie politique.

Avec lui, le Français Jean Bodin, l'Espagnol Luis de Ortiz et l'Anglais William Petty vont préparer l'avènement des idées mercantilistes qui vont occuper le devant de la scène durant la période allant de 1450 jusque vers 1750 [29] et et qui continue d'influencer - jusqu'à aujourd'hui- sous des formes diverses le débat des idées. Ce mouvement nait dans une période qui se caractérise par la rencontre de deux tendances particulièrement favorables au changement : d'une part l'essor du « capitalisme commercial », encouragé par la multiplication des transports, les grandes découvertes et les monarchies absolues de France et d'Espagne se développe le courant mercantiliste, qui dominera la pensée économique européenne; d'autre part l'émergence de la notion d'État et de la monarchie absolue en France et en Espagne entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle qui doivent tout faire pour s'imposer sur deux fronts : front extérieur face aux puissances étrangères ( pouvoirpapal et pouvoirs rivaux en Europe), front intérieur pour unifier la population et le territoire [30].
Dans ce contexte, les penseurs mercantilistes prônent le développement économique par l'enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale grâce à l'investissement dans des activités économiques à rendement croissant, comme l'avait identifié l'économiste italien Antonio Serra dès 1613.
L'État tient un rôle primordial dans le développement de la richesse nationale, en adoptant des politiques protectionnistes établissant notamment des barrières tarifaires et encourageant les exportations. Le mercantilisme est protectionniste à l'extérieur mais à l'intérieur, au contraire, il vise à l'unification du marché national. Cette doctrine économique connaît son apogée du XVIe siècle au XVIIIe siècle, propagée par une littérature prolifique de pamphlets de commerçants ou d'États. Elle estime que la richesse d'une nation dépend de l'importance de sa population et de l'accumulation d'or et d'argent. Les nations qui n'ont pas accès aux mines peuvent obtenir l'or et l'argent en favorisant leur outil productif et en stimulant leurs exportations. Pour ce faire ils vont à la fois limiter les importations de produits finis et pousser aux importations de matières premières destinées à être manufacturées et exportées avec profit[31],[32].

Au cours de cette période, le mercantilisme est loin d'être un courant de pensée uniforme. Une littérature éclatée apparaît, pendant laquelle les hypothèses ont évolué, rendant l'idée d'un courant unique assez vague. Il se répandra dans la plupart des nations européennes en s'adaptant aux spécificités nationales. On distingue parmi les écoles mercantilistes:

  1. le bullionisme (ou « mercantilisme portugais ou espagnol ») qui préconise l'accumulation de métaux précieux ;
  2. le colbertisme (ou « mercantilisme industriel français ») qui est tourné pour sa part vers l'industrialisation et dont Jean-Baptiste Colbert est la figure de proue,
    Jean-Baptiste Colbert
    Jean-Baptiste Colbert, la grande figure du mercantilisme en France
  3. le commercialisme (ou « mercantilisme britannique ») qui voit dans le commerce extérieur la source de la richesse d'un pays
  4. le caméralisme allemand qui se considère comme une science des choses de l'État)[33].

En France, les premiers ouvrages notables qui analysent le fonctionnement économique de l'État et proposent des actions au gouvernement pour améliorer son fonctionnement, sont:
En 1615, le Traité d’économie politique, d'Antoine de Montchrestien ;
En 1695, Le Détail de la France, la cause de la diminution de ses biens et la facilité du remède en fournissant en un mois tout l’argent dont le Roi a besoin et enrichissant tout le monde, de Pierre Le Pesant de Boisguilbert;
En 1700, La Dîme royale, de Vauban .

David Hume et Adam Smith vont plus tard critiquer les mercantilistes pour leur intérêt marqué pour la monnaie et la balance commerciale. Mais en réalité les mercantilistes ne s'intéressent pas uniquement à l'amélioration de la trésorerie de l'État. William Petty par exemple développe les premières réflexions sur des thèmes modernes comme celui de la masse monétaire ,de la vitesse de circulation de la monnaie, ou sur l'intérêt du plein emploi pour la richesse de tous [34].
Au XXe siècle, beaucoup d'économistes reviennent sur les critiques faites à l'encontre du mercantilisme et reconnaissent l'exactitude de certaines de leurs théories. Entre autres, John Maynard Keynes reprend dans sa « Théorie Générale » les réflexions liant le niveau du taux de l'intérêt avec les variations de quantité de monnaie[35].
Au total, la théorie élaborée par les mercantilistes n'est pas le fruit d'un chrysohédonisme simpliste (le fait de placer le bonheur au sein de l'or). Il est exact qu'elle préconise d'une part l'enrichissement de la Nation par l'accumulation de métaux précieux (comme l'or et l'argent sont source de la richesse), ce qui implique la constitution active d'un excédent commercial. Mais d'autre part, elle prend pour objectif le renforcement de la puissance de l'État, personnifié par le monarque absolu.
La résultante réside dans la conquête des marchés extérieurs (ventes à l'extérieur des produits manufacturés) ET la préservation (ou une extension) du marché intérieur (restriction aux importations). D'où une sorte de « guerre commerciale », fondée non seulement sur le protectionnisme interne mais aussi sur l'interventionnisme externe.
On doit par ailleurs aux mercantilistes (et notamment à William Petty) le développement et l'utilisation des statistiques et des méthodes empiriques en économie. Celles-ci dérivent de leur souci de surveiller la balance commerciale et les flux de métaux précieux, et parfois d'une sorte d'obsession du numéraire.

L'Économie de Liberté : Le Libéralisme

Ce mouvement marque le tournant dans la pensée économique qui commence avec les travaux des physiocrates et avec la publication du traité d’Adam Smith sur la Richesse des Nations en 1776. Cette pensée est historiquement développée en Grande-Bretagne et en France.
Karl Marx invente le terme classique pour distinguer les économistes « classiques » des économistes « vulgaires », les économistes « classiques » étant -selon lui- ceux qui ont cherché à déterminer l'origine de la valeur. Keynes adopte une vision plus large lorsqu'il fait référence aux « économistes classiques » car il étend cette école jusqu'aux travaux de Pigou (1930). Pour lui, l'ensemble des économistes qui adhèrent à la loi de Say font partie de l'école Classique.

Prémisses philosophiques

Bernard de Mandeville (1670-1733)

Bernard de Mandeville, écrivain anglais publie en 1714, La Fable des abeilles où il tend à opposer la vertu et la prospérité. Selon cet auteur, la richesse économique collective découle des « vices privés », en particulier de la consommation de biens de luxe condamné par les mercantilistes ou les physiocrates comme un gâchis. Cette tentative de séparer la morale de l'efficace montre la nécessité de rompre avec l'influence des valeurs et de refuser les a priori dangereux. En effet, la conclusion provocatrice de cet auteur est que les vices privés se révèlent en fait être profitables à la communauté et sont donc des « vertus collectives ». Son analyse qui tend à faire de la consommation une action tout aussi utile que l'épargne annonce les thèses futures de John Maynard Keynes. Par d'autres aspects, elle préfigure le libéralisme économique et, selon Friedrich Hayek, l'ordre spontané[36].

Influence des philosophes des Lumières

Les philosophes des Lumières développent aussi des analyses économiques.
Montesquieu est salué par Keynes pour avoir compris le premier le rôle des taux d’intérêt comme instrument de la création monétaire dans De l’esprit des lois (1748), même si, avant lui, Jean-François Melon et surtout, Nicolas Dutot, dans ses Réflexions politiques sur les finances et le commerce (1738), avaient en partie déjà fondé leurs analyses sur l'influence monétaire des taux d'intérêt. Dans cette œuvre, Montesquieu voit aussi le commerce comme source d'adoucissement des mœurs et de paix entre les nations au contraire des mercantilistes qui en faisaient le « nerf de la guerre ».
Jean-Jacques Rousseau décrit quant à lui le processus social de l’appropriation des terres, fondement de l’inégalité parmi les hommes et origine du Droit et de la société civile.
L'écossais David Hume apporte la première contribution majeure à la théorie du libre-échange en tentant de démontrer que les déséquilibres commerciaux sont naturellement corrigés par des mécanismes monétaires.

Les Fondateurs du Libéralisme Economique

L'école classique marque vraiment l'avènement de l'économie moderne. La période classique commence avec le traité d’Adam Smith sur la Richesse des Nations en 1776 et se termine avec la publication en 1848 des Principes de John Stuart Mill. Cette pensée est historiquement développée en Grande-Bretagne et en France. C'est Karl Marx qui invente le terme classique en opposant les économistes classiques aux économistes vulgaires. Les classiques étant ceux qui ont cherché à déterminer l'origine de la valeur. Keynes adopte une vision plus large lorsqu'il fait référence aux Classiques car il étend cette école jusqu'aux travaux de Pigou (1930). Pour lui, l'ensemble des économistes qui adhèrent à la loi de Say font partie de l'école Classique.

Le mouvement physiocratique

Le terme « Physiocratie » ou « gouvernement par la nature » ( issu du grec « phusis » la nature et « kratein » commander ) a été forgé par Pierre Samuel du Pont de Nemours. C'est une école de pensée économique et politique née en France vers 1750, qui connait son apogée au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle

Le Tableau Economique de François Quesnay
François Quesnay

Le fondateur de cette école est François Quesnay: il en devient le chef de file incontesté après la publication du Tableau économique en 1758, où il représente la circulation des richesses dans l'économie. ( voir aussi : Anne Robert Jacques Turgot,1727-1781 Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766))

Le « Tableau économique » de Quesnay s'inspire de la théorie des cycles de François Véron Duverger de Forbonnais et du « zig-zag[37] » élaboré sous la direction de Vincent de Gournay et Richard Cantillon. Ces travaux révolutionnaires pour l'époque anticipent ceux d'Adam Smith : Ils s'intéressant à la création de la richesse, mais aussi et surtout à sa répartition via des diagrammes de flux et de stocks représentant de manière très élaborée le fonctionnement de l'économie.

Le but de ce groupe de marchands et de grands commis de l'État est de mettre en place les outils qui permettront au Roi de France de mieux mesurer la création de richesse et ainsi pouvoir faire de meilleures lois afin d'éviter les disettes via une production et une répartition optimisées des richesses. Cependant, en prenant pour hypothèse que le travail est la source de toute création de richesse, cette analyse va heurter de plein front les intérêts de l'aristocratie française, pour laquelle le simple fait de travailler était synonyme de dérogeance; si un Noble travaillait et que cela venait à se savoir, il en perdait sa noblesse, et seule une lettre de réhabilitation du Roi pouvait la lui rendre.

François de Quesnay en habile politique va dans le « Tableau économique » faire reposer la source de la richesse non plus sur le travail, mais sur la capacité « miraculeuse » de la terre à produire de la nourriture à chaque printemps. Il arrivera ainsi à se concilier les bonnes grâces des rentiers terriens tout en proposant un nouveau système prenant en compte autant que se peut les idées nouvelles et permettant de dépasser le mercantilisme (et le colbertisme) sans révolutionner la société.
Turgot, Catherine II la Grande, le roi Stanislas II font aussi partie de cette école de pensée.

La richesse produite par l'Agriculture
Tableau économique de Quesnay

En opposition aux idées mercantilistes, les physiocrates considèrent que la richesse d'un pays consiste en la richesse de tous ses habitants et non pas seulement en celle de l'État. Cette richesse est formée de tous les biens qui satisfont un besoin et non de métaux précieux qu'il faudrait thésauriser. La richesse doit être produite par le travail.

Pour les physiocrates, la seule activité réellement productive est l'agriculture. La terre multiplie les biens : une graine semée produit plusieurs graines. Au final, la terre laisse un produit net ou surplus. L'industrie et le commerce sont considérés comme des activités stériles car elles se contentent de transformer les matières premières produites par l'agriculture.

La Physiocratie distingue trois classes d'agents économiques :

  1. La classe des paysans, qui est la seule productive (producteurs terriens),
  2. la classe dite « stérile » composée des « marchands » et « industriels ».
  3. la classe des propriétaires.

Cette vision de l'économie est naturelle à une époque où l'immense majorité de la population est formée d'agriculteurs qui produisent tout juste de quoi assurer leur propre survie. La thèse selon laquelle la terre est la seule source de richesse, qui distingue les Physiocrates de leurs successeurs classiques, est néanmoins secondaire par rapport aux autres apports par lesquels les Physiocrates se distinguent de leurs prédécesseurs, qui ont été repris par les classiques et qui fondent l'économie moderne.

Vincent de Gournay et Turgot, souvent assimilés à l'école physiocratique, pensent au contraire que les manufactures et le commerce sont générateurs de richesses. Ils ne doivent donc pas être comptés parmi les physiocrates même si ces derniers leur ont fait beaucoup d'emprunts.

Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises
Portrait de Vincent de Gournay

Dans la controverse sur le commerce des grains qui marque le milieu du XVIIIe siècle, les Physiocrates prennent parti contre les restrictions gouvernementales au commerce des blés (qui sont à l'époque la base de l'alimentation). Plus généralement, ils affirment que la meilleure façon de maximiser la richesse de tous est de laisser chacun agir à sa guise selon ses moyens et mettent ainsi au premier plan la liberté du commerce comme principe de politique économique[38].

Vincent de Gournay a popularisé la fameuse phrase « Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises », probablement due au Marquis d'Argenson, et qui passera à la postérité. Ce programme résumé en une phrase connaîtra un renouveau particulier avec la mise en avant des idées libérales dans le dernier quart du XXe siècle, les partisans du libre-échange reconnaissant les physiocrates comme des précurseurs du libéralisme économique[39].

Promouvoir et défendre l'Ordre naturel

L'ordre naturel repose sur le droit naturel et se trouve gouverné par des lois qui lui sont propres. Le rôle des économistes est de révéler ces lois de la nature. Et le rôle du pouvoir est de garantir l'application du droit naturel. Ainsi, chaque homme a droit à ce qu'il acquiert librement par le travail et l'échange.

La liberté et la propriété sont des droits naturels que le souverain doit respecter et protéger en les consacrant dans le droit positif. Les physiocrates ne remettent pas en question la monarchie, mais veulent que le souverain, loin de se comporter en monarque absolu ou en despote arbitraire, se soumette au droit naturel et le fasse respecter. Respect qui impose la mise en œuvre de toute son autorité. C'est le sens de l'expression « despotisme légal » utilisée par Lemercier de la Rivière, qui s'apparente plus au concept libéral d'État minimum qu'à l'acception courante du mot despotisme.

Adam Smith

Adam Smith

Adam Smith (1723 - 1790, est considéré par beaucoup comme un des fondateurs de la pensée économique moderne. Son traité «Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations» (1776) connait un immense succès. Marwitz déclare en 1810 : « Il existe un monarque aussi puissant que Napoléon, c'est Adam Smith ». L'ouvrage est traduit et diffusé en France par JB Say au début du XIX° s.

  • L'Homme est l'auteur de la Production et le principe de la Richesse.

Smith contredit la thèse des physiocrates ( selon lesquels seule la terre produit de la richesse ): Dès les premières lignes de son traité il reprend les thèses de Petty et de Condillac pour affirmer que la richesse découle du travail de l'Homme. Il fournit à titre d'exemple la description d'une Fabrique d'épingles, qu'il semble avoir emprunté à l'Encyclopédie.
Le Travail produit dans les sociétés développées le capital, subdivisé en capital fixe et capital circulant, dont le rôle est de rendre le travail plus productif. L'Epargne -définie comme une consommation différée- doit être encouragée : La prodigalité manifestée à certains égards par les mercantilistes lui semble condamnable[40]

  • L'Homme cherche son propre intérêt : « Il ne pense qu'à son propre gain ».

Le Marché est le principe d'Equilibre (La Main Invisible)
En recherchant son propre gain, l'homme est conduit par « une main invisible » à servir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions: il travaille nécessairement au plus grand revenu de la Société.”. Alors qu'avec les physiocrates les échanges sont conduits par des flux, le marché de Smith résulte du libre jeu des prix.

  • L'accumulation du capital est le principe du Progrès

Smith distingue trois états de l'économie (Progressif, stationnaire, rétrograde) et affirme qu'une accumulation de capital supérieure à l'accroissement démographique aura pour effet une hausse des salaires et des profits.

Les Maitres classiques (XIX°s)

Plusieurs générations d'auteurs appartenant à l'École classique vont se succéder :

En Grande Bretagne

Thomas Malthus (1766 - 1836)[modifier]

Dans son ouvrage central -l'« Essai sur le principe de population » (1798))- , il explique que l'humanité est vouée à la misère : Les ressources disponibles augmentent en effet suivant une progression arithmétique ( 2,3,4,...) alors que la population croit selon une progression géométrique (2,4,8...). Après avoir suscité une levée de boucliers, son analyse -qui conduit à prôner la restriction des naissances- se diffuse assez largement :
Elle est en phase avec le courant de dénatalité constaté de manière précoce et significative notamment en France. Elle donne des arguments aux partisans du protectionnisme agraire (voir la question du Tarif de garantie des prix agricoles mis en place en 1892 par le ministre Jules Méline).
Malthus rédige également une critique de la « Loi des débouchés » ou « Loi de Say » en pointant le rôle de l'épargne et -en particulier- de l'excès d'épargne. Thèse qui sera remarquée et reprise plus tard par Keynes dans ses analyses de la détermination de la demande effective.
La teneur générale des idées de Malthus contribue à forger la doctrine dite du Malthusianisme

David Ricardo (1772 - 1823)
David Ricardo

Par rapport à ses prédécesseurs, Ricardo se manifeste sur le plan de la forme par un mode d'énonciation plus abstrait et sur le plan du fond par l'étude des phénomènes de répartition de la richesse. Son apport théorique donne naissance ou formalise des concepts qui feront date notamment dans les domaines suivants:

  1. Valeur-travail qui devient une notion centrale en économie ( et sera reprise notamment par l'analyse marxiste)
  2. L' émission monétaire
  3. Le Commerce International
  4. Le Salaire naturel
  5. La théorie de la rente
Cobden et le Libre-Echange (1838)

Plutôt méconnue est l'influence de Richard Cobden. Elle est pourtant considérable puisqu'il est l'apôtre inlassable du Libre-échange et qu'à ce titre, ll obtient en Angleterre (de 1846 à 1850) l'abolition des lois protectionnistes et douanières. En 1860, à la tête de la délégation anglaise, il négocie avec la France un traité de commerce libéral.

En France

Jean Baptiste Say (1767-1832)

Jean-Baptiste Say est considéré comme le chef de file des économistes classiques français. Son renom est du à la publication en 1803 de son Traité d'économie politique, mais aussi à la « Loi des débouchés », aussi appelée « Loi de Say ».Jean-Baptiste Say a une vision quasi-matérielle de l'économie :
Selon la « Loi des débouchés », les produits s'échangent contre des produits et donc l'offre crée sa propre demande .

« il est bon de remarquer qu'un produit créé offre dès cet instant un débouché à d'autres produits pour tout le montant de sa valeur. En effet lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains . Mais il n'est pas moins empressé de se défaire de l'argent que lui procure sa vente pour que la valeur de l'argent ne chôme pas non plus. Or on ne peut se défaire de son argent qu'en demandant à acheter un produit quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d'un produit ouvre dès l'instant même un débouché à d'autres produits » ( Traité d'économie politique , 1803 , Livre I )

L'ouverture des débouchés étant quasiment automatique, les causes des crises de production lorsqu'elles existent doivent être recherchées ailleurs que dans le fonctionnement du marché
La monnaie n'est qu'un voile neutre qui recouvre les transactions : Elle ne peut donc être recherchée pour elle-même. Cette conception monétaire sera reprise et développée par les tenants de la Théorie quantitative de la monnaie . Elle sera combattue par Keynes qui montre que les agents peuvent thésauriser une partie de leur revenu et ne pas ré-injecter cette somme dans le circuit économique , contrairement à ce que prétend la « Loi des débouchés »

Frédéric Bastiat (1801-1850)
Article détaillé : Frédéric Bastiat.
Paul Leroy-Beaulieu (1843-1916)
Article détaillé : Paul Leroy-Beaulieu.

Aux États-Unis : Henry Charles Carey (1793-1879)

Article détaillé : Henry Charles Carey.

L'effort de synthèse : John Stuart Mill (1806-1873)

Article détaillé : John Stuart Mill.

Auteur de l'ouvrage : Des principes de l'économie politique et de l'impôt en 1848

Les Néo-classiques : des choses aux mécanismes

Article détaillé : École néoclassique.
Vilfredo Pareto

L'École néoclassique naît de la « révolution marginaliste » dans les années 1870.

L'école de Vienne : Calcul différentiel et Utilité marginale

Le terme marginalisme vient du fait que cette école est la première à utiliser l'utilité marginale comme déterminant de la valeur des biens et le calcul différentiel comme instrument principal de raisonnement. Elle se caractérise en particulier par une extrême mathématisation. Cette école se constitue à partir des travaux de Stanley Jevons (1835-1882), Carl Menger (1840-1921) et Léon Walras (1834-1910). D'où les trois écoles issues du marginalisme : l'École de Lausanne, avec Léon Walras et Vilfredo Pareto; l'École de Vienne, avec Carl Menger (voir ci-dessous) et l'École de Cambridge, avec William Jevons. Fin XIX°s, ces auteurs réorientent l'origine de la valeur vers les conceptions avancées autrefois par Condillac ( idées qui avaient été éclipsées par la notion classique de cout de production ) et définissent la valeur par rapport à l'utilité de la dernière portion ou quantité disponible d'un bien, soit son utilité dite marginale. Le procédé est appliqué à bon nombre de mécanismes de détermination économique : répartition des biens, valeur des biens de production, niveau de l'Intérêt, valeur de la monnaie.

L'École de Lausanne : l'Equilibre en économie pure

Léon Walras (1834-1910)

Léon Walras s'attache à bâtir un modèle descriptif de l'activité économique:

  1. il reprend la méthodologie des travaux d'Augustin Cournot et Arsène Jules Dupuit ( ingénieur des Ponts et Chaussées) qui appliquent les mathématiques à l'étude des prix ( concurrence parfaite, duopole, monopole...)
  2. il décrit un modèle idéal, montrant l'interdépendance générale des variables économiques,incluses dans des relations mathématiques.
  3. il fournit une vision globale de l'économie, et le schéma le plus large d'une économie statique: il fait à ce titre l'admiration de J Schumpeter qui le qualifie de plus grand de tous les économistes.

Bien que Walras ne soit pas libéral, son œuvre contribue à renforcer les tenants du Libéralisme : Le modèle, représentatif d'une économie pure, et fonctionnant sous l'hypothèse de la concurrence parfaite (hypothèse à vrai dire idéale) est fréquemment invoqué par les libéraux pour démontrer et défendre la perfection du régime de concurrence (qui ne peut être en vérité un régime de fait).

Vilfredo Pareto ( 1848-1923)
Article détaillé : Vilfredo Pareto.

La synthèse par L'École de Cambridge

Alfred Marshall (1842-1924)

Professeur à Cambridge, il introduit en Grande Bretagne les travaux des Écoles de Lausanne et de Vienne auxquels il apporte nuances et corrections:
Il perfectionne la vision de la dimension temporelle en proposant la distinction entre courte période et longue période, selon que la quantité de capital, la technique, la population, les goûts des consommateurs ont ou n'ont pas le temps de changer.
Il enrichit la démarche abstraite par une référence accrue à la réalité individuelle ou sociale et n'hésite pas à recommander des réformes sociales.

Réaction et contestation du marginalisme

L'École autrichienne

L’École autrichienne d’économie, issue de Carl Menger en 1871, se distingue de l'École néoclassique en ce qu'elle rejette l’application à l’économie des méthodes employées par les sciences naturelles, et qu'elle s’intéresse aux relations causales entre les évènements plutôt qu'aux mécanismes d'équilibres. Outre Carl Menger, ses représentants les plus connus sont Ludwig von Mises et .
La tradition autrichienne se rattache aux scolastiques espagnols du XVIe siècle (École de Salamanque), via les économistes classiques français.

Elle promeut le libéralisme non seulement en matière économique mais aussi et plus généralement dans le cadre politique et social. De ce point de vue Friedrich von Hayek et ses disciples en sont les représentants les plus actifs
L’École autrichienne est très active dans le débat d'idée puisqu'elle s’est successivement opposée à l’École historique allemande (suite à la Methodenstreit); à Léon Walras et aux néoclassiques; aux théories de la conception objective de la valeur et donc à Karl Marx et au socialisme;et enfin à Keynes et aux macroéconomistes.
Ces controverses sont encore vivaces et mettent la tradition autrichienne en conflit avec presque toutes les autres écoles de la pensée économique contemporaine.

L'institutionnalisme

Thorstein Veblen publie en 1899 « Why is Economics not an Evolutionary Science? », le document fondateur de l'École institutionnaliste.
Il rejette de nombreux postulats de l'école néoclassique, comme l'hédonisme individuel justifiant la notion d'utilité marginale, ou l'existence d'un équilibre stable vers lequel l'économie converge naturellement. L'École institutionnaliste comprend des héritages de l'École historique allemande ; elle se développe principalement aux États-Unis, où ses représentants sont : Arthur R. Burns, Simon Kuznets, Robert Heilbroner, Gunnar Myrdal, John Kenneth Galbraith.
Les idées sont reprises dans les années 1970 par l'école de la Nouvelle économie institutionnelle qui se situent dans la lignée de la pensée introduite par Ronald Coase dans son article de 1937 : « The nature of the firm ».

L'économie d'Intervention

Prémisses du socialisme

Les classiques et leurs analyses ont été rapidement critiqués. En 1818, Jean de Sismondi publie ses Nouveaux principes d’économie politique où il critique les conséquences sociales de l'industrialisation visibles dans l’Angleterre de son époque : chômage, inégalité, paupérisation… dénonçant un libéralisme qui ne se fait qu’à sens unique, procurant des droits aux entrepreneurs et imposant des obligations aux ouvriers. Il cherche aussi à développer une théorie économique montrant la possibilité de déséquilibres globaux dans l’économie, notamment des crises majeures de surproduction. Pour ce faire, il introduit la notion de délai entre la production et la consommation (un an dans le cas de l’agriculture par exemple) pour réfuter la loi de Say selon laquelle « les produits s’échangent contre des produits ». À titre d’exemple l’introduction du progrès technique n’accroît pas simultanément l’offre et la demande, car son premier effet est de permettre le licenciement des ouvriers qui ne seront réembauchés qu’à moyen terme, à condition que d’ici là les déséquilibres de court terme ne provoquent une crise de surproduction.

Cette époque est aussi celle de l’émergence de la pensée socialiste. Certains socialistes utopiques comme Charles Fourier dénoncent l’anarchie industrielle. Ce dernier rêve de mettre en place des phalanstères, communauté de 1620 personnes sélectionnées pour leurs caractères et leurs aptitudes complémentaires afin que la communauté soit au mieux organisée et puisse prospérer. De nombreux phalanstères furent par exemple créés aux États-Unis. Certains industriels philanthropes comme Robert Owen théorisent et mettent en pratique des usines modèles ou se développent les cours du soir, la hausse de la productivité par la réduction du temps de travail, où les familles sont prises en charges et jouissent de nombreux agréments : écoles, jardins d’enfants, etc. À l’image de Fourier, il rêve de mettre en place des « villages de coopération ».

En France, Claude Henri de Saint-Simon développe le progressisme industriel et souhaite mettre en place une intervention technocratique de l’État basée sur la planification industrielle et dont l’objectif serait l’amélioration des conditions de la classe laborieuse. Autour de lui se forme une véritable « secte économique », le saint-simonisme. De son côté, Charles Brook Dupont-White développe une critique radicale du capitalisme qui annonce celle du marxisme, et propose l'intervention de l'État comme régulateur du système.

Enfin, en Grande-Bretagne, le dernier des classiques anglais, John Stuart Mill prône que le libéralisme est la meilleure façon de produire des richesses mais indique qu’il n’est pas pour autant la meilleure façon de les répartir…

Marx et le marxisme

Karl Marx

Au début des années 1840, des universitaires de gauche se revendiquant d'une analyse critique de Hegel, appelés « hégéliens de gauche », critiquent les économistes classiques. Les plus célèbres penseurs issus de ce groupe sont Karl Marx et Friedrich Engels, qui ont écrit ensemble ou séparément de nombreux ouvrages économiques, le plus célèbre étant Le Capital.

Le marxisme repose sur une vision philosophique du monde (matérialisme historique), féconde dans les domaines de la philosophie et de la sociologie.
L'économie occupe une place importante dans cette théorie hétérodoxe: L'économie selon Marx repose sur des termes traditionnels (le travail, la propriété, la consommation, la production, le capital, l'argent...) qui sont redéfinis, complétés et organisés dans un système analytique se voulant logique et cohérent, mais aussi fidèle aux mouvements de la réalité historique.
Sont notamment développées des théories de la valeur et de la valeur-travail, reprises aux classiques anglais (en particulier Ricardo), mais aussi des notions originales comme la mise en évidence de l'importance de l'investisseur -apporteur de capital- dans le cycle « Argent ⇒ Marchandise ⇒ Argent », ainsi que le concept de « Plus-value » (mode de production et répartition).

Ce courant inspire les penseurs du Marxisme économique comme Rosa Luxemburg avec « L'Accumulation du capital »[41] (1913), ou plus récemment Paul Baran ou Paul Sweezy (en).

L'école historique

L'école historique ( aussi qualifiée de courant de l'Historicisme apparaît dans les années 1840 en réaction à l'universalisme des classiques. Elle rejette l'idée de « lois » économiques dissociées de leur contexte historique, social et institutionnel. Wilhelm Roscher déclare que la recherche économique doit être pluridisciplinaire, incorporant des méthodes d'historiens et de sociologues en plus d'économistes.

L'Allemagne est le pays où la pensée historiciste s'est le plus développée et a eu le plus d'influence, allant même jusqu'à rendre ce pays plus ou moins imperméable -pendant la période allant de la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle- aux influences exercées par le courant marginaliste en Europe. L'école historique allemande se forme dans les années 1840 avec les écrits de Bruno Hildenbrand (1812-1878), Karl Knies (1821-1898) et surtout de Wilhem Roscher (en) (1817-1894). Par la suite, Gustav von Schmoller, Friedrich List et Max Weber entre autres contribuent à cette école.
L'école historique anglaise se développe parallèlement et indépendamment de sa consœur germanique. Bien que s'appuyant sur une importante tradition empiriste et inductiviste héritée de Bacon et de Hume, elle n'aura pas la même aura que cette dernière. Il faut néanmoins remarquer que durant la période de transition séparant la domination de l'économie classique ricardienne et l'émergence du marginalisme dans les années 1870, l'école historique anglaise constitue -pour un temps- l'orthodoxie de l'économie politique britannique. Ainsi, W.S. Jevons aura toutes les peines du monde à s'imposer dans le milieu académique.
Très influencée par les auteurs allemands, la version française de l'historicisme n'a qu'une portée limitée et une unité contestable : Le rejet de l'école de Lausanne et de Léon Walras semblent en constituer le principal élément fédérateur. Ses principaux contributeurs sont Charles Gide (1847-1932) et François Simiand (1873-1935). Par contre, la recherche historique en France est profondément rénovée par l'important mouvement de l'École des Annales. L'un de ses héritiers particulièrement fécond dans le domaine de l'histoire économique sera l'historien Fernand Braudel.

Analyse et théories contemporaines

Alors que -selon André Piettre[42]- dans la période précédente, la pensée économique s'était perfectionnée en suivant « une voie d'affinement mais aussi de rétrécissement incessant : Depuis la Nature ( Physiocrates) , vers l'Homme ( Condillac et Smith ) puis vers les mécanismes ( marginalisme, Théorie de l'équilibre ), la démarche des théories contemporaines semble consister dans une remontée inverse, curieusement symétrique. » Ainsi la démarche des penseurs contemporains va-t-elle :

  1. Repartir d'une analyse révisée des mécanismes fondamentaux (Néo-marginalisme, analyse parétienne, nouvelles théories des prix, du bien être, de la monnaie
  2. pour retrouver l'homme et ses données psychologiques (les propensions) qui président aux grandes fonctions économiques ( telles qu'exposées par la révolution keynésienne)
  3. pour finalement replacer toute l'activité économique dans son milieu historique et sociologique ( étude des structures et des systèmes).

La révision des mécanismes (1800-1930)

Mécanismes de la Valeur et des prix

Les auteurs s'attachent à remédier aux défauts de la théorie classique et néo-classique des prix :

  • Les néo-marginalistes : Ils forment la troisième génération de l'École de Vienne : des théoriciens du calcul économique ( Hans Mayer, Rosenstein-Rodan, Léo Schonfeld, R. Strigl), l'auteur de la théorie des Jeux (Oskar Morgenstern) , des Néo-libéraux ( Ludwig von Mises, R.V Hayek ). Leur objectif est de faire évoluer le raisonnement marginaliste d'une forme trop "psychologisante" ( Hédonisme ) vers une forme plus théorique et plus fondamentale de “calcul économique”.
  • Vilfredo Pareto et les courbes d'indifférence : Empruntant la notion à Edgeworth, Pareto fonde l'évaluation de l'utilité non pas dans l'absolu ( un seul bien est envisagé à la fois ) mais de façon relative et plus précisément comparative : l'utilité d'un bien est évaluée par comparaison avec celle d'un autre bien. L'utilité - ainsi retraduite via les courbes d'indifférence- donne une base objective et rigoureuse pour l'établissement d'une “économie pure”
  • John Hicks, le taux marginal de substitution et l'Effet de Revenu : Plutôt que de raisonner sur la notion “d'utilité totale” à la manière de Pareto, John Hicks préfère raisonner sur le rapport entre les utilités marginales de deux biens considérés (X) et (Y), soit ce qu'il dénomme le“Taux marginal de substitution” . Le taux indique de combien la quantité du bien (X)diminue quand celle de (Y) augmente. « La notion est importante[43] car elle permet de définir le prix comme égal au taux marginal de substitution entre le produit et la monnaie. À partir de là, l'emploi que fait le Consommateur de son revenu va faire intrusion dans le raisonnement. La théorie de la Demande va en être transformée. » [44].John Hicks attire également l'attention sur ce qu'il appelle l'effet de revenu en montrant - contrairement à ce que prévoit la théorie classique- qu'une hausse ou une baisse de revenu n'implique pas nécessairement un mouvement de même amplitude et/ou de même sens dans la demande d'un Bien
  • John Morice Clark et le poids des coûts fixes : En 1923, John Morice Clark[45] montre que la structure des coûts d'une entreprise influe fortement sur son mode de calcul des prix : Notamment quand la proportion des couts qu'il appelle “constants” ( cad : fixes ) est plus importante, ce qui peut conduire en période d'expansion ou de dépression économique à une détermination du prix fort différente de celle indiquée par ma théorie classique. Plus tard, cet aspect sera complété par la constatation des pratiques dites de Full cost ou Coût complet en Entreprise.
  • L'incidence de la structure des Marchés : Le point est perçu en 1838 par Antoine-Augustin Cournot dans sa « Recherche sur les principes mathématiques de la Théorie des Richesses ».
Piero Sraffa le reprend en affirmant que « les forces actives, faisant obstacle à la concurrence » doivent être étudiées [46]
Edward Chamberlin en 1927, développe la thèse selon laquelle les imperfections de concurrence pourraient bien être la régle et n'être plus l'exception tant les situations de monopoles sont fréquentes . Chamberlin pense que ces imperfections doivent être repérées et analysées non seulement au niveau de l'entreprise, mais aussi plus finement au niveau des produits.
L'économiste allemand Heinrich von Stackelberg établit en 1940 un premier tableau inventaire des situations de concurrence ( parfaite et imparfaites)[47]
John Kenneth Galbraith souligne combien le « poids » des entreprises peut influencer l'équilibre de la concurrence. Ce qu'il appelle le « pouvoir compensateur » découle du rapport de forces existant entre les structures.
  • Prix administrés et Prix arbitraires : Bien qu'intervenant dans des domaines distincts (public ou privé), l'existence de ces catégories de prix ne manquent pas de jeter le doute sur le réalisme des mécanismes classiques de fixation des prix. John Kenneth Galbraith dans son essai « le Nouvel Etat industriel » paru en 1968 [48] ne craint pas d'affirmer que « le mécanisme de détermination des prix s'est inversé : il ne s'élève plus de la demande vers l'offre, il descend de la production vers la consommation ».

Mécanismes de la répartition

Mécanismes des relations fondamentales

Mécanismes monétaires

Keynes, l'analyse fonctionnelle

Le Modèle keynésien

L'impact des idées keynésiennes

Article détaillé : keynésianisme.
Harry White saluant John Maynard Keynes (à droite, 1946)

La crise de 1929 met en exergue la portée limitée des enseignements de la théorie néoclassique : ce courant ne peut en effet appréhender et analyser l'existence dans les années 1930 d'un phénomène de chômage massif. Les théoriciens orthodoxes ne peuvent expliquer que la présence d'un chômage volontaire (au taux de salaire fixé par le marché du travail, certains agents économiques ne préfèrent pas travailler). John Maynard Keynes développe au contraire une « théorie générale » car elle rend compte non seulement des situations d'équilibre de sous-emploi, mais aussi de plein emploi de toutes les forces de travail et de capital, alors que l'existence d'au moins un équilibre général est l'unique résultat démontré par la théorie néoclassique (encore aujourd'hui). Son approche théorique est considérée comme la première théorie macroéconomique, qui remet en question plusieurs des principes néoclassiques : la monnaie n'est pas un voile jeté sur les échanges; le montant de l'épargne n'est pas déterminé sur le marché des capitaux; la détermination du taux d'intérêt est monétaire et non réelle.

Keynes montre qu'une économie de marché parvient le plus souvent à un « équilibre de sous-emploi » durable des forces de travail et de capital. Il rompt ainsi avec l’analyse néoclassique qui analysait le chômage comme « frictionnel » ou « volontaire », afin de montrer que l’économie peut durablement souffrir d’un chômage de masse que les mécanismes du marché seuls ne peuvent résoudre. Ainsi Keynes décrit une dynamique qui empêche toute reprise spontanée de l’économie. Une offre excédentaire initiale provoque des licenciements. Keynes nie la thèse néoclassique selon laquelle se produit un ajustement par les salaires , entrainant un réajustement des profits, puis un retour de l’investissement et de la croissance et « in fine » un retour de l’emploi. La montée du chômage crée au contraire une réduction de la demande . Cette baisse de la demande effective provoque dans l'économie une réduction des débouchés. D'où le scepticisme des entrepreneurs qui n’investissent plus ou ralentissent leurs investissements, ce qui provoque un effet négatif second d'aggravation de la crise. Il importe de ne pas oublier une autre partie de l'analyse : les taux d'intérêt monétaire déterminent principalement le niveau de l'activité économique (chapitre 17 de la théorie Générale).

Pour sortir de cette situation non optimale, il est essentiel de stimuler la demande, ce qui vise à redonner confiance aux investisseurs.
Pour ce faire, l’État dispose de plusieurs moyens d'intervention :

  1. tout d’abord redistribuer les revenus des plus riches (qui ont une plus forte propension à épargner) aux plus pauvres (qui eux ont une forte propension à consommer).
  2. L’État peut aussi stimuler la création monétaire via une baisse des taux d’intérêt qui encouragera les gens à emprunter pour consommer et surtout rendra rentable des projets d'investissement dont l'Efficacité Marginale du Capital était inférieure au niveau du taux d'intérêt monétaire.
  3. Enfin l’État peut accroître ses dépenses publiques induisant une augmentation de la demande globale en lançant des programmes de grands travaux par exemple.

Pour ce faire, il peut même recourir au déficit budgétaire dont il peut espérer qu’il sera à moyen terme comblé par la reprise économique. Le financement de cette politique interventionniste s'opère soit par des prélevements obligatoires supplémentaires, soit une émission de titres sur les marchés des capitaux. Les méthodes de Keynes qui s’appuient sur l’étude des agrégats économiques (entreprises, ménages, État…) et se distinguent de l’étude néoclassique des comportements individualistes, fondent la macroéconomie[49].

L'État-providence Beveridgien

Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de succèder à la crise, un économiste et parlementaire britannique, William Beveridge, fait de nombreuses propositions visant à redéfinir le rôle de l’État d’après-guerre et qui vont profondément changer la conception du rôle de l'Etat dans l'économie en militant pour le renforcement de ce que l'on appelle « l'État-providence »
En 1942, il propose la mise en place d’un système totalement généralisé, uniforme et centralisé dont la mission et l'organisation sont détaillées dans son rapport « Social Insurance and Allied Services ». Le régime préconisé de sécurité sociale vise à « libérer l’homme du besoin » en garantissant la sécurité du revenu, face aux aléas de la vie : maternité, maladie, décès, chômage, accident du travail
Quant au problème du chômage Beveridge le considère comme le « risque majeur dans nos sociétés » (Full Employment in a Free Society, 1944), et comme l’aboutissement définitif de tous les autres risques (maladie, maternité…). Pour lui les fonctions régaliennes dévolues à l'Etat lui font le devoir de garantir le plein emploi : « Ce doit être une fonction de l’État que de protéger ses citoyens contre le chômage de masse, aussi définitivement que c’est maintenant la fonction de l’État que de protéger ses citoyens contre les attaques du dehors, contre les vols et les violences du dedans» .

Les disciples de Keynes

Les disciples de Keynes lui restent fidèles mais vont projeter son analyse hors de son contexte original (celui d'une crise économique), pour en faire une méthode de régulation permanente des marchés. Les prolongements sont nombreux qui donnent naissance à plusieurs courants :

le keynésianisme (macroéconomie traditionnelle)
Les Néo-keynésiens et la théorie du déséquilibre

Le mouvement Néo-keynésien ne doit pas être confondu avec celui des nouveaux keynésiens ou celui des post-keynésiens.
Le courant néo-keynésien (appelé aussi « école du déséquilibre » ou des « équilibres à prix fixes ») est une synthèse des théories keynésiennes et néoclassiques. Le courant est initié par John Hicks dans les années 1930 : Son modèle IS/LM est la conversion d'un modèle succinct de la Théorie générale en termes néoclassiques.
Les principaux auteurs néo-keynésiens sont : Franco Modigliani, Paul Samuelson, Robert Mundell, Robert Solow ou encore Edmond Malinvaud en France. Ces économistes s'intéressent aux fondements microéconomiques de la macroéconomie:

Sur certains points, tel celui de la rationalité, les néo-keynésiens sont plus proches des conceptions de Friedman que de celles de Keynes.
Mais ils conservent le caractère non volontaire du chômage en intégrant les systèmes de marché des néoclassiques auxquels ils ajoutent des imperfections du marché du travail comme cause de non-réalisation du plein emploi (asymétrie d'information, aléa moral, Théorie des insiders-outsiders...).
le courant post-keynesien

Le courant dit « post-keynesien » est représenté par Michal Kalecki, Nicholas Kaldor, Joan Robinson, Roy Forbes Harrod, Evsey Domar (en)...

Nouvelle économie keynésienne[modifier]
Article détaillé : Nouvelle économie keynésienne.

École de pensée économique se réclamant de la pensée keynésienne pour quelques idées seulement et s'opposant à l'intervention trop rigoureuse de l'État chaque fois que le marché est incapable d'assurer une situation efficace.

Cette nouvelle école n'est pas un courant de pensée unifié, mais ses principaux participants, - George Akerlof, Joseph Eugene Stiglitz, Gregory Mankiw, Stanley Fischer, Bruce Greenwald, Janet Yellen et Paul Romer, sont d'accord sur deux points fondamentaux: la monnaie n'est pas neutre et les imperfections des marchés expliquent les fluctuations économiques[50].

l'École de la Régulation

L'école de la régulation regroupe des auteurs comme Michel Aglietta, Robert Boyer, Alain Lipietz...

Après Keynes, L'analyse dynamique

La dynamique des flux

Les travaux vont mettre en avant l'analyse des flux pour caractériser des phénomènes d'amplification , d'anticipation ou d'expansion.

La dynamique des forces

  • L'étude du progrès technique et de ses conséquences constitue un thème centrale d'analyse chez des auteurs comme Colin Clark, Jean Fourastié et Cobb-Douglas
  • La pression démographique comme dynamique d'évolution inspire les travaux travaux d'Adolphe Landry, Alfred Sauvy, Albert Hirschman et Walt Whitman Rostow
  • Les mobiles psycho-sociologiques sont convoqués pour compléter l'analyse des comportements des agents économiques : comportement des Entrepreneurs ou des Consommateurs, comportement réputé commun dans le cadre d'une Économie généralisée.
  • L'effet de puissance et de domination est l'objet des travaux de François Perroux: Effet de Domination et de l'économie dominante avec la déclinaison du concept depuis la firme jusqu'aux macro-décisions et à l'espace économique global. La perspective étant d'offrir une théorie générale du Progrès et de «l'Économie progressive».

La dynamique des structures, systèmes et régimes

Sous l'influence de plusieurs auteurs, la définition du concept de structure économique et son rôle dans l'évolution économique se précisent; L'économiste allemand Eugen Wagemann -Directeur de l'Institut für Konjoncturforschung de Berlin- publie « La Stratégie économique » (trad française en 1938) dans lequel est formalisée la distinction entre conjoncture (ce qui se transforme : le fonctionnement) et structure (ce qui est plus permanent: les organes).

Le sociologue allemand Walter Eucken [51] introduit la distinction entre les économies dirigées à partir d'un centre et les économies d'échange dirigées par le marché ou l'usage de la monnaie

Effort de construction
La question de la dynamique des Systèmes

Diversification actuelle de la pensée économique

On note une grande diversification des courants de pensée économiques de nos jours, notamment par l'application de nouvelles approches techniques :

Par ailleurs, l'essor des sciences de gestion (management, marketing, organisation, relations humaines, technologies de l'information) a perfusé en économie, aboutissant en particulier à la reconnaissance du savoir, de la compétence et de l'information comme facteur essentiel (économie de la connaissance) de production et de développement, en plus des trois « classiques » : ressources naturelles, travail et capital.

Le Néo-Libéralisme

Le courant anglo-saxon et français

Avant et après la seconde guerre mondiale, certains libéraux ( en France : Jacques Rueff et Louis Baudin, aux États-Unis : Walter Lippmann, Friedrich Hayek et Ludwig von Mises) se réunissent et mettent en avant des idées qui font éclore l'École du Néo-libéralisme
L'économie de marché est décrite comme la référence unique souhaitable, devant être “garantie et construite” par :

  • un cadre juridique clair ( libre entreprise et propriété privée...)
  • la stabilité financière et monétaire et l'équilibre budgétaire
  • un mécanisme de libre détermination des prix.
  • un État luttant contre les excès et organisateur -s'il le faut- de la concurrence, en promouvant des “marchés institutionnels”

L'école allemande ou école de Fribourg

L'école autrichienne, d'abord assimilée à l'école néoclassique, a toujours soutenu des positions très différentes de celles de Walras et Jevons et est maintenant considére comme hétérodoxe.

Autres courants néo-classiques

Plusieurs courants néoclassiques contemporains se réclament des néoclassiques :

les Néo-walrasiens

(Kenneth Arrow, Gérard Debreu) Ce courant qui entend démontrer comment l'équilibre est non seulement possible mais automatique peut être qualifié de théorique et d'a-historique. En partant d'un modèle représentant le fonctionnement de l'économie en situation de concurrence, la recherche porte dur les mécanismes de l'équilibre. Dans cette ligne de pensée, on peut inclure les modèles de croissance, dont l'un des plus connus est celui de Solow

l'École des Choix publics
Article détaillé : Théorie du choix public.

La théorie des choix publics s'est imposée comme une discipline de l'économie qui décrit le rôle de l'État et le comportement des électeurs, hommes politiques et fonctionnaires. Elle entend ainsi appliquer la théorie économique à la science politique. Le texte fondateur de ce courant est The Calculus of Consent publié en 1962 par James M. Buchanan (« Prix Nobel » d'économie 1986) et Gordon Tullock.

La politique y est expliquée à l'aide des outils développés par la microéconomie. Les hommes politiques et fonctionnaires se conduisent comme le feraient les consommateurs et producteurs de la théorie économique, dans un contexte institutionnel différent : entre autres différences, l'argent en cause n'est généralement pas le leur (Cf. le problème principal-agent). La motivation du personnel politique est de maximiser son propre intérêt, ce qui inclut l'intérêt collectif (du moins, tel qu'ils peuvent le concevoir), mais pas seulement. Ainsi, les hommes politiques souhaitent maximiser leurs chances d'être élus ou réélus, et les fonctionnaires souhaitent maximiser leur utilité (revenu, pouvoir, etc.)

Nouvelle économie classique
Article détaillé : Nouvelle économie classique.

La Nouvelle économie classique ou Nouvelle macroéconomie classique est un courant de pensée économique qui s'est développé à partir des années 1970. Elle rejette le keynésianisme et se fonde entièrement sur des principes néoclassiques. Sa particularité est de reposer sur des fondations micro-économiques rigoureuses, et de déduire des modèles macroéconomiques à partir des actions des agents eux-mêmes modélisés par la micro-économie.

Les nouveaux classiques comprennent Robert Lucas Jr, Paul Romer, Finn E. Kydland, Edward C. Prescott, Robert Barro, Neil Wallace (en), Thomas Sargent

l'École de Chicago[modifier]

(Frank Knight, Jacob Viner, George Stigler, Gary Becker)

l'École monétariste
Article détaillé : monétarisme.

Au début des années 1960, plusieurs économistes menés par Milton Friedman (chef de file de l'école de Chicago) tentent de relancer la théorie quantitative de la monnaie mise à mal par les analyses keynésiennes. Étudiant le cas américain (M. Friedman et Anna Schwartz, Une histoire monétaire des États-Unis) il remarque que toute évolution brutale de la masse monétaire (aussi bien son augmentation préconisée par les keynésiens dans le cadre des politiques interventionnistes, que sa diminution dans le cadre de politique de rigueur) est synonyme de déséquilibres économiques. Renouant avec la théorie quantitative de la monnaie, ils recommandent une politique monétaire restrictive où l'émission de monnaie serait limitée à une proportion fixe de la croissance du PIB, assurant une expansion parallèle à celle de l’activité. Les monétaristes pronent également la mise en place d'un change flottant permettant le rééquilibrage automatique de la balance extérieure. Ces conclusions remettent en cause la base des politiques keynésiennes et suscitent de nombreux débats depuis.

La théorie des cycles

Article détaillé : cycle économique.

À l'évidence, l'activité économique ne se déroule pas de manière régulière et continue. Dans le court terme ( on parle de conjoncture) ou à plus longue échéance ( on évoque la croissance économique ), elle connait tantôt des phases d'accroissement plus ou moins rapide, tantôt des périodes de stagnation, voire des temps de décroissance momentanée, sinon d'effondrement.

Il est important tant pour les analystes que pour les décideurs de pouvoir comprendre l'importance et la portée de phénomènes selon qu'ils sont censés caractériser :

  • la conjoncture économique, c'est-à-dire l'évolution de l'activité économique, avec des hauts et bas relativement rapprochés sur des périodes plutôt courtes (typiquement sur quelques années).
  • La Croissance et le développement économique et social, avec des phases d'amplification, de stagnation, ou de déclin remarquables seulement sur des observations faites en longue période ( soit plusieurs générations humaines).

En observant certaines régularités dans les fluctuations de l'activité, des auteurs ont contribué à bâtir la « théorie des cycles » . Celle-ci s'efforce de rendre compte et de comprendre le phénomène de succession de phases et d'en tirer une approche autant que possible préventive des crises et des reprises de en économie.

Théorie de l'Offre

La théorie de l'offre ou supply-side, est un courant développé à partir des années 1970 aux États-Unis qui vise à démontrer que la déréglementation ainsi que la diminution de la fiscalité agissent sur l'offre favorablement et permettent d'agir en profondeur sur l'économie. Ce courant, basé en particulier sur la courbe de Laffer, a eu une influence certaine sur la politique économique de Ronald Reagan, les reaganeconomics ainsi que sur celle de Margaret Thatcher. L'école des choix publics est relativement proche de ce courant, les principaux représentants en sont Arthur Laffer, Robert Mundell, sans en faire partie s'inscrit par certains aspects dans ce mouvement.

Théorie du capital humain

Article détaillé : Capital humain.

La théorie du capital humain est une théorie/concept économique introduit par Theodore W. Schultz, puis précisé par Gary Becker -dans Human Capital, 1964- visant à rendre compte des conséquences économiques de l'accumulation de connaissances et d'aptitudes par un individu ou une société. Il comprend donc non seulement le savoir, l'expérience et les talents (capital-savoir), mais aussi sa santé physique ou sa résistance aux maladies.

Théorie des contrats implicites

La théorie des contrats implicites cherche à expliquer la défaillance du marché suivante : les salaires ne varient pas en fonction de la productivité marginale des travailleurs. Les observations empiriques montrent une progression constante des salaires au cours de la carrière. Cela s'explique par l'aversion au risque des travailleurs et par la peur de manquer de personnel de la part des employeurs. Cela conduit à l'établissement d'un contrat implicite passé entre ces deux agents où le salarié accepte un salaire inférieur au marché en période de plein-emploi/haute conjoncture et un maintien de son salaire en période de sous-emploi/basse conjoncture (Azariadis, Implicit contracts and unemployment equilibria, 1975).

Selon Bernard Salanié, « l'objet de la théorie des contrats est d'appréhender les relations d'échange entre des parties en tenant compte des contraintes institutionnelles et informationnelles dans lesquelles elles évoluent. »


Notes et références

  1. G.Lelarge, Dictionnaire thématique de citations économiques et sociales, Hachette Éducation, Paris, 1993, pp.115
  2. Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, chapitre 24
  3. Horne 1915
  4. Kramer 1988, p. 52–55
  5. Ouvrage de Cécile Michel, éditions du Cerf, 2001
  6. La Chine Plurielle, Centre Sèvres Paris , (janvier 2009)
  7. Michel Cartier, ibidem
  8. Institut Ricci , 14 rue d'Assas 75006 Paris, www. institutricci.org
  9. Jha 1998, p. 267–282
  10. I. W. Mabbett, « The Date of the Arthaśāstra », dans Journal of the American Oriental Society, American Oriental Society, vol. 84, no 2, 1964, p. 162–169 [lien DOI [archive]]
  11. Sihag 2005, p. 723-755
  12. L. K. Jha, K. N. Jha (1998). "Chanakya: the pioneer economist of the world", International Journal of Social Economics 25 (2-4), p. 267–282.
  13. Waldauer, C., Zahka, W.J. and Pal, S. 1996. Kauṭilya's Arthashastra: A neglected precursor to classical economics [archive]. Indian Economic Review, Vol. XXXI, No. 1, pp. 101-108.
  14. Tisdell, C. 2003. A Western perspective of Kauṭilya's Arthasastra: does it provide a basis for economic science? [archive] Economic Theory, Applications and Issues Working Paper No. 18. Brisbane: School of Economics, The University of Queensland.
  15. Sihag, B.S. 2007. Kauṭilya on institutions, governance, knowledge, ethics and prosperity. Humanomics 23 (1): 5-28.
  16. (en) B.S. Sihag, Kautilya on institutions, governance, knowledge, ethics and prosperity., Humanomics 23(1): 5–28, 2007
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  18. voir Gorgias et Protagoras
  19. Henri Denis, op cit
  20. Cl. Préaux, l'économie des Lagides, Bruxelles, 1939
  21. R.V.Pohlmann, Geschichte des sozailen Frage , 2 vol.
  22. Schumpeter 1954, p. 97–115
  23. Oweiss 1988
  24. Boulakia 1971
  25. imposition de la propriété privée des terres
  26. Factum de la France,1707
  27. cité par H.Denis in Histoire de la Pensée Economique, Thémis, Paris 1966
  28. Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations
  29. Villey 1985, p. 37
  30. Heckscher 1955, p. 20
  31. N.A. 2007, p. 26
  32. Blaug 207, p. 343
  33. Villey 1985, p. 53
  34. HULL C.H., The Economic Writings of Sir William PETTY, Cambridge, 1899.
  35. Voir les textes des mercantilistes Malynes et Misselden cités par E.F. Heckscher dans «Mercantilism » (Stockholm 1931) et repris par Keynes dans sa «Théorie Générale » ( Trad française Paris 1939, P.355).
  36. Friedrich Hayek, "Lecture on a Master Mind : Dr Bernard Mandeville", Proceedings of the British Academy, 1966, vol. 52, p. 125-141
  37. Simone Meysonnier, La Balance et l'horloge, La genèse de la pensée libérale en France au XVIII eme siècle, ed. Les éditions de la passion.
  38. Les physiocrates sont les premiers libéraux ; ils considèrent que l'État ne doit pas intervenir dans l'économie et qu'il doit respecter les lois physiques qui la guident. Les intérêts individuels, et surtout ceux des agriculteurs, sont conformes à l'intérêt général. Il faut respecter l'ordre naturel de l'économie et respecter la propriété privée. Marc Montoussé, Théories économiques, Paris, Bréal, 1999, p. 11
  39. Idem
  40. « L'industrie ne peut augmenter que dans la mesure où le capital augmente et le capital ne peut augmenter que dans la mesure où l'épargne s'accroit » ( Richesse des Nations Chap 4 ).
  41. Rosa Luxembourg : R. Luxemburg : L'accumulation du capital [archive]
  42. Histoire de la Pensée économique et des Théories contemporaines, Dalloz Paris 1970
  43. A. Piettre, op cit
  44. Ou plutôt la re-découverte, car Hicks reconnait en toute loyauté que la notion était l'oeuvre d'un économiste russe : Slutsky ( 1915)
  45. “The economics of overhead costs” , Chicago Press, 1923
  46. The laws of returns under competitive conditions, Economic Journal 1926, p 535 et suiv.
  47. H.v.Stackelberg, Die grundlagen der Nationalökonomie, Veltw. Archiv. 1940, P; 267
  48. JK Galbraith , « Le nouvel Etat Industrie » , Paris Gallimard, 1968
  49. on peut toutefois noter que Ricardo avait déjà fait des études sur l’influence de la répartition des revenus entre classes sociales
  50. Marc Montoussé (1999), Théories économiques, Paris, Bréal, p.242
  51. Grundlagen der Nationalokônomie, Iéna 1941


Annexes

Bibliographie

  • Henri Denis, Histoire de la pensée économique, PUF, "Quadrige Manuels", 725 pages, 2008. ISBN 978-2130563174
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  • Jacques Valier, Brève histoire de la pensée économique d'Aristote à nos jours, Editions Flammarion, "Champs Essais", 240 pages, 2009. ISBN 978-2081229006
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  • Jean-Marc Daniel, Histoire vivante de la pensée économique : Des crises et des hommes , Pearson Education, "Référence", 470 pages, 2010. ISBN 978-2744074509
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  • Maurice Baslé, Histoire des pensées économiques, Sirey, Paris, 1997.
  • Ghislain Deleplace, Histoire de la pensée économique, Sirey, Paris, Dunod, 1999, ISBN 978-2100533046
  • Ghislain Deleplace et Christophe Lavialle, Histoire de la pensée économique, Dunod, "Maxi fiches", 192 pages, 2008. ISBN 978-2100499076
  • Gérard-Marie Henry, Histoire de la pensée économique, Armand Colin, "U Histoire", 365 pages, 2009. ISBN 978-2200345051
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  • Françoise Dubœuf, Introduction aux théories économiques, Repères, La Découverte, 1999, ISBN 2707129577
  • Philippe Steiner, Sociologie de la connaissance économique. Essai sur les rationalisations de la connaissance économique (1750-1850), PUF, 1998.
  • Karl Pribram, Les fondements de la pensée économique, Economica, 1986
  • Nicolas Brejon de Lavergnée, Traité d'économie politique: Histoire, doctrines, théories, Ellipses, "Universités", 288 pages, 1998. ISBN 978-2729895105
  • Jean-Claude Drouin, Les grands économistes, PUF, "Major", 128 pages, 2009. ISBN 978-2130577478
  • Alain Samuelson, Les grands courants de la pensée économique, Presses Universitaires de Grenoble (PUG), 535 pages, 1990. ISBN 978-2706104893
  • Jacques Wolff, Les Pensées économiques : les courants, les hommes, les oeuvres (deux tomes), Montchrestien, 700 pages au total, 1988-1989. ISBN 9782707603593 et ISBN 978-2707604125

Articles connexes

Liens externes

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